La rencontre intervient alors que les tensions s’intensifient entre Manille et Pékin : Tapis rouge pour les dirigeants japonais et philippin à Washington

09/04/2024 mis à jour: 13:52
AFP
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Le président américain avait déjà accueilli en août dernier M. Kishida dans sa résidence de Camp David

Le président américain, Joe Biden, s’apprête à accueillir en grande pompe cette semaine à Washington les dirigeants du Japon et des Philippines, deux pays avec lesquels les Etats-Unis renforcent leurs liens militaires pour contrer l’appétit de la Chine en Asie-Pacifique. 

Les trois alliés ont organisé dimanche des exercices navals conjoints, avec également l’Australie, en mer de Chine méridionale, auxquels Pékin a répliqué en effectuant des «patrouilles de combat» dans la zone. Les tensions s’intensifient entre Manille et Pékin au sujet de zones maritimes revendiquées par les deux capitales. Pékin a aussi un contentieux territorial avec Tokyo en mer de Chine orientale, et a multiplié ces dernières années des actes d’intimidation envers Taïwan, qu’elle considère comme une province chinoise rebelle destinée à revenir dans son giron, de gré ou de force. 

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, sera d’abord reçu demain par M. Biden. Ce sera la première visite d’Etat accordée par la Maison-Blanche à un chef du gouvernement nippon depuis celle de Shinzo Abe en 2015. Jeudi, M. Kishida s’exprimera devant le Congrès américain puis participera à un sommet tripartite avec M. Biden et le président philippin, Ferdinand Marcos. Ce format inédit permettra de «faire progresser un partenariat trilatéral fondé sur des liens d’amitié historiques profonds, des relations économiques solides et croissantes» et la défense d’une «vision commune pour un Indo-Pacifique libre et ouvert», avait annoncé l’Exécutif américain en mars. MM. Biden et Marcos s’entretiendront également lors d’une réunion bilatérale.


Nouvelle ère pour la défense japonaise

Plusieurs hauts responsables américains ont déjà affirmé l’engagement «à toute épreuve» des Etats-Unis pour défendre les Philippines en mer de Chine méridionale en cas d’attaque armée. Le président américain avait déjà accueilli en août dernier M. Kishida et son homologue sud-coréen Yoon Suk Yeol dans sa résidence de Camp David, près de Washington, pour un sommet censé envoyer, là aussi, un message ferme d’unité face à la Chine.

 En même temps, M. Biden maintient le dialogue avec Pékin : il s’est longuement entretenu au téléphone avec le président chinois, Xi Jinping, début avril, après l’avoir rencontré en personne en novembre dernier en Californie. Le Japon a profondément révisé fin 2022 sa doctrine de sécurité nationale, notamment pour se doter d’une capacité de «contre-attaque», malgré sa Constitution pacifiste. Son récent achat de 400 missiles américains Tomahawk s’inscrit dans cette optique. L’archipel a aussi assoupli ses restrictions en matière d’exportations d’armes à ses alliés et prévoit de porter ses dépenses militaires à 2% de son PIB d’ici à 2027, alors qu’il avait l’habitude de les plafonner à 1%. Tokyo veut aussi établir un commandement unifié des Forces japonaises d’autodéfense (FJA), pour fluidifier leurs opérations en cas d’urgence. 

Pour rendre plus efficace également la coopération entre les FJA et les quelque 50 000 militaires américains basés au Japon, MM. Biden et Kishida pourraient annoncer une plus grande intégration de leurs structures de commandement et de contrôle, selon plusieurs médias. Actuellement, «les forces américaines au Japon et les FJA opèrent sous des commandements distincts», rappelle à l’AFP Yee Kuang Heng, un spécialiste en sécurité internationale de la Graduate School of Public Policy de l’Université de Tokyo. Aussi quand il s’agit de se coordonner avec les forces nippones, les troupes américaines au Japon dépendent du commandement indo-pacifique des Etats-Unis, basé à Hawaï, à plus de 6000 km de Tokyo.

 Ce fonctionnement «n’est pas adapté aux besoins du XXIe siècle», estime M. Heng. Dans la même logique, des annonces de coproduction d’équipements militaires entre le Japon et les Etats-Unis, ainsi que de maintenance et de réparation d’équipements américains sur le sol japonais sont attendues. Au niveau économique cependant, l’hostilité affichée par M. Biden envers le projet de rachat du sidérurgiste américain U. S. Steel par Nippon Steel risque d’affaiblir l’image d’une relation harmonieuse entre Washington et Tokyo. 

M. Kishida devrait aussi se rendre vendredi en Caroline du Nord (sud-est des Etats-Unis), où Toyota construit une gigantesque usine de batteries pour véhicules électriques et hybrides. Une manière sans doute de rappeler diplomatiquement au locataire de la Maison-Blanche que les entreprises japonaises aux Etats-Unis créent de la valeur et des emplois.
 

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