La présidente du Conseil des ministres italien, Georgia Melonie, entame, depuis hier, une visite de travail et d’amitié de deux jours en Algérie à la tête d’une importante délégation gouvernementale. La cheffe de l’Exécutif italien a été accueillie, à son arrivée à l'aéroport international Houari Boumediène, par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, et des membres du gouvernement.. Cette visite intervient après le séjour effectué en Algérie par son prédécesseur, Mario Draghi, en juillet dernier, à l’occasion de la tenue du 4e sommet intergouvernemental algéro-italien, couronné par la signature de 15 mémorandums d’entente et accords de coopération dans divers domaines : l'artisanat, industries pharmaceutiques, entrepreneuriat, développement des investissements, prévention et lutte contre la corruption, travaux publics, start-up, coopération industrielle et énergétique, énergies renouvelables, développement social et solidarité... Un accord de coopération dans le domaine de la protection du patrimoine historique et culturel, un protocole de coopération dans le secteur de la justice et une déclaration d'intention dans les domaines de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de la coopération diplomatique ont également été signés. La tenue du 4e sommet intergouvernemental algéro-italien a été précédé par la visite d’Etat de trois jours, du 25 au 27 mai dernier, effectuée par le président Abdelmadjid Tebboune en Italie. Au cours de cette visite, une déclaration d’entente a été cosignée par le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, et son homologue italien, par laquelle «les deux gouvernements confirment leur volonté partagée de consolider le partenariat stratégique entre l’Italie et l’Algérie et renforcer les relations algéro-italiennes dans les secteurs prioritaires». Lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue italien, à l’occasion de son séjour en Italie, le président Tebboune avait fait part de la signature avec la partie italienne d'un accord concernant la fourniture d’électricité à l’Italie et à une partie de l’Europe par voie maritime. Tout comme il avait exprimé la volonté de l’Algérie de se lancer dans la production de l'hydrogène vert et de répondre aux besoins de l’Italie dans ce domaine. La diversification du tissu économique italien à travers son réseau dense de PME-PMI offre de riches opportunités d’échanges et de coopération avec les entreprises algériennes, publiques et privées. Les start-up algériennes, qui connaissent un véritable boom, pourraient également y trouver leur place. Le président Tebboune avait souligné que les deux pays comptent renforcer les relations bilatérales dans tous les domaines, pas seulement dans le secteur de l’énergie. L’Algérie ambitionne de jouer dans la cour des grands. «Nous sommes prêts à nous associer à l’Italie dans le domaine de la construction navale civile et militaire», avait observé le chef de l’Etat. Le soutien de l’Italie à la Révolution algérienne a grandement contribué au raffermissement des liens de coopération et d’amitié unissant les deux pays et les deux peuples. Il s’agira de les consolider davantage. Cette convergence de vues entre les deux pays dans tous les domaines et la volonté de hisser les relations bilatérales à un niveau qualitativement supérieur avait été également fortement exprimée par le président italien, Sergio Mattarella, lors de sa visite d’Etat en Algérie en novembre 2021.
L’esprit du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération
La visite de Georgia Melonie s’inscrit dans la continuité de la dynamique des relations bilatérales ouvertes par le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération liant l’Algérie à l’Italie. Le choix de l’Algérie pour son premier voyage dans la région, après son arrivée fraîchement aux affaires, en octobre dernier, témoigne de la solidité et de la profondeur des liens unissant les deux pays. Lesquels vont au-delà des préoccupations de l’heure en rapport avec la crise énergétique mondiale qui frappe l’Italie, à l'instar du reste de l’Europe, et dans lesquelles des esprits malintentionnés veulent enfermer les relations algéro-italiennes. Des relations qui dérangent, à l’évidence, bien des intérêts. La diabolisation de la présidente du Conseil des ministres italien, au regard de sa sensibilité politique, fait partie de la stratégie d’éloignement de l’Algérie du partenaire italien par des parties qui voient d’un mauvais œil la lune de miel entre les deux pays, des pertes de marchés et d’un partenaire clé pour leur approvisionnement en gaz, en ces temps difficiles. Les pressions exercées, à ce titre, sur l’Italie par certains de ses partenaires européens, qui lui reprochent son volontarisme et sa démarche souverainiste, faisant peu cas de la solidarité communautaire, sa politique d’immigration jugée inhumaine, voire raciste, n’ont eu aucun effet sur la détermination du nouveau gouvernement italien conduit par Georgia Melonie à œuvrer au maintien et à l’approfondissement des relations avec les pays amis traditionnels de l’Italie, à l’instar de l’Algérie. C’est cette même conviction, nourrie par l’histoire et l’amitié entre les deux pays qui ne s’est jamais démentie, même lorsque notre pays était confronté au terrorisme de la décennie noire, qui anime l’Algérie en recevant, avec tous les honneurs de la République, la présidente du Conseil des ministres d’Italie. Les jalons du renouveau de la coopération bilatérale sont déjà posés. Un accord de 4 milliards de dollars pour l’approvisionnement de l’Italie en gaz naturel algérien a été signé entre Sonatrach et l’entreprise Eni Occidental et Total. Pour répondre aux besoins d’approvisionnement en gaz de l’Italie et de l’ambition affichée de devenir un hub pour la distribution du gaz algérien en Europe, en mettant à contribution son potentiel d’infrastructures de stockage, la relance du projet de gazoduc Galsi est sur les tablettes. La coopération dans le secteur industriel a pris également une sérieuse option dans le segment de l’automobile, à la faveur de l’accord signé avec l’entreprise italienne Fiat qui s’est engagée à faire sortir de la chaîne de fabrication de l’usine algérienne le premier véhicule de la marque fin 2023. Au plan des échanges commerciaux, l’Italie se positionne comme le premier client de l’Algérie et le 2e fournisseur européen du marché national. La présidente du Conseil des ministres italien plaide pour «un partenariat coopératif et non prédateur» avec l’Afrique. Un pied de nez aux anciens pays colonisateurs qui ont pillé les richesses du continent et qui continuent de le faire, et en même temps, un message fort à l’Afrique pour souligner que l’Italie est un pays qui cultive le principe de la prospérité partagée.