La militante Aminatou Haïdar espionnée par le Maroc via Pegasus

10/03/2022 mis à jour: 18:30
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Connue pour son militantisme pacifique en faveur de la cause sahraouie, Aminatou Haïdar a reçu le Prix Robert F. Kennedy des droits de l’homme en 2008, le Prix du courage civil en 2009 et le Right Livelihood Award en 2019.

La militante sahraouie des droits de l’homme, Aminatou Haïdar, a été espionnée par le Maroc via le logiciel Pegasus de l’entreprise israélienne NSO Group, a affirmé, hier, Amnesty International (AI), qui a dénoncé ces violations et plaidé pour la mise en place d’un «moratoire» sur la vente des logiciels d’espionnage.

La militante sahraouie Aminatou Haïdar «a été la cible» du logiciel espion Pegasus, indique AI dans un communiqué. «L’analyse réalisée par le Security Lab de l’ONG a conclu que deux téléphones appartenant à Aminatou Haïdar ont été ciblés et infectés tout récemment, en novembre 2021, quelques mois seulement après les révélations du projet Pegasus qui ont choqué le monde entier», écrit l’ONG des droits de l’homme. En effet, après avoir reçu des alertes de sécurité par courriel émanant d’Apple, l’avertissant que ses téléphones étaient peut-être ciblés par des «attaquants parrainés par l’Etat», Aminatou Haïdar a pris contact avec la fondation Right Livelihood, qui l’a dirigée vers le Security Lab d’Amnesty International pour une analyse technique, explique AI.

En juillet 2021, une enquête publiée par un consortium de 17 médias internationaux avait conclu que 12 pays, dont le Maroc, clients de NSO Group, ont recouru au logiciel espion. Malgré ces révélations, «NSO Group n’a pris aucune mesure afin de prévenir les violations des droits humains causées par ses outils au Maroc», rappelle Amnesty International, ajoutant que la société israélienne «doit rendre des comptes pour son rôle dans le fait qu’Aminatou Haïdar ait été prise pour cible par son logiciel, tout comme d’autres militants courageux au Maroc et au Sahara occidental».

Pour l’ONG, «il ne fait aucun doute que la société civile au Maroc et au Sahara occidental continue d’être illégalement prise pour cible par le logiciel espion Pegasus». Des attaques qui «s’inscrivent dans le cadre d’un durcissement de la répression contre la dissidence pacifique au Maroc», accuse-t-elle encore. Et de pointer du doigt l’«incapacité des autorités marocaines à respecter et protéger les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique».

Devant ces violations, Amnesty International plaide pour un «moratoire» sur la vente des logiciels d’espionnage. «On ne peut pas faire confiance à des entreprises qui fabriquent des logiciels espions, comme NSO Group, pour s’autoréguler. Aussi, nous demandons qu’un moratoire sur la vente, le transfert et l’utilisation des logiciels d’espionnage soit instauré sans délai, jusqu’à ce qu’un cadre réglementaire de protection des droits humains soit mis en place», a déclaré Danna Ingleton, directrice adjointe d’Amnesty Tech.

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