Consommée depuis 10.000 ans en Amérique du Sud, il a fallu attendre le XVIe siècle pour que la patate débarque en Europe... et devienne le tubercule le plus consommé au monde.
La pomme de terre est cultivée pour la première fois il y a 8.000 ans, sur les hauts plateaux de la Cordillère des Andes, entre le Chili, le Pérou et la Bolivie. Mets essentiel pour les Incas, qui l’appellent «papa», elle est également un objet de culte : Axomama est la déesse de la pomme de terre, fille de Pachamama déesse de la terre. Introduite en Espagne au XVIe siècle par les conquistadors, elle prend alors le nom de «patata».
Sur le Vieux Continent, on la regarde avec méfiance et dégoût : considérée comme de la nourriture pour animaux, la pauvre tubercule est même accusée de propager la lèpre et la peste ! Un arrêt pris en 1748 au Parlement de Besançon interdit donc sa culture. À l’origine de ce rejet, sa classification dans la famille des solanacées. Riche de 2.500 parents, celle-ci compte aussi le tabac, la tomate, le piment… mais également des cousins à la réputation plus que sulfureuse : comme la belladone, la mandragore et la jusquiame, utilisées comme psychotropes !
C’est Antoine Parmentier qui la rend populaire. Prisonnier de guerre en Prusse, il est nourri avec les pommes de terre destinées aux cochons. De retour à Paris en 1763, où il est nommé pharmacien des Invalides, il tente de valoriser l’image de cet aliment salvateur ! Louis XVI et Marie-Antoinette ordonnent d’en planter un champ à Neuilly. Mais ce n’est qu’après la Révolution que la «parmentière» est une parade à la famine, faute de pain et de châtaignes. Facile à cultiver, disposant d’une teneur énergétique élevée et permettant de réaliser d’innombrables recettes, la pomme de terre est aujourd’hui un produit du quotidien, populaire dans le monde entier. Nous en produisons plus de 370 millions de tonnes par an !
Le débat fait rage d’un côté et de l’autre de la frontière franco-belge. Selon les dernières avancées, il semble que la pomme de terre découpée et plongée dans un bain d’huile soit… parisienne. La recette, nourrissante et abordable, s’impose au début du XIXe siècle dans les foyers modestes. Baudelaire et Victor Hugo en raffolaient !