La cocaïne fait des ravages sur le long terme. Sa consommation prolongée peut entraîner des crises d’angoisse intenses, des idées paranoïaques, tout en mettant un sacré coup au cerveau. Un sacré coup de vieux même, comme le montre une nouvelle étude publiée dans la revue Frontiers in Psychiatry.
L’équipe de recherche a essayé de comprendre comment une drogue et son addiction pouvaient interférer avec les jonctions entre les cellules cérébrales, entraînant une cascade de conséquences néfastes. Contrairement à d’autres études, les scientifiques n’ont pas effectué leur analyse sur des souris mais sur 42 tissus cérébraux humains différents récupérés post-mortem, dont 21 étaient issus de consommateurs de cocaïne.
Les scientifiques se sont particulièrement intéressés, dans ces tissus, à une région du cerveau appelée «zone Broadman 9», ou BA9. Cette zone, située dans le cortex préfrontal, est considérée comme chef-lieu de la conscience de soi et du contrôle inhibiteur: deux éléments particulièrement perturbés lors de la prise de substances telles que la cocaïne, note Science Alert.
Les scientifiques cherchaient notamment à observer dans cette région les niveaux de méthylation de l’ADN –des modifications chimiques qui s’accumulent avec l’âge, sortes de caractéristiques moléculaires du vieillissement. Le résultat est sans appel: les consommateurs de cocaïne avaient bien plus de sections d’ADN ornées de groupes méthyles. Autrement dit, leurs tissus ont vieilli plus rapidement que leur âge réel, comparé à des personnes qui ne consommaient pas cette drogue.
«Nous avons détecté une tendance à un vieillissement biologique plus fort du cerveau chez les personnes atteintes de troubles liés à la consommation de cocaïne par rapport aux personnes sans trouble lié à la consommation de cocaïne», déclare Stephanie Witt, autrice principal de l’étude et biologiste moléculaire à l’Institut central de la santé mentale en Allemagne.
Si l’échantillon reste relativement petit et que l’étude mérite des recherches complémentaires, elle apporte tout de même un énième éclairage sur les dangers d’une consommation régulière de cocaïne, notamment sur le fonctionnement du cerveau.