Indissociable des fêtes de Noël, le cinnamomum, avec son parfum irrésistible et ses chaudes saveurs, a conquis le monde depuis bien longtemps.
De Ceylan ou de Chine, le cinnamomum appartient à la famille des Lauraceae, tout comme la noix de muscade ou l’avocat. Son nom vient de canna, qui signifie roseau en latin, et évoque sa forme arrondie obtenue à partir de l’écorce du cannelier qui en séchant s’enroule sur elle-même.
Connue depuis plus de 4500 ans, la cannelle fait partie des épices renommées les plus anciennes. Dès le 3e millénaire avant notre ère, elle est utilisée en Chine pour ses propriétés médicinales. Le cannelier de Ceylan est le plus prisé, car il produit la meilleure épice : en poudre ou en rouleau, son goût est inégalable. Connue dans l’Antiquité sans que l’on connaisse vraiment son origine, on la retrouve dans les écrits chinois, sanskrits et égyptiens, ainsi que dans l’Ancien Testament et la Torah. Aussi précieuse que l’or, elle emprunte la route de la soie depuis l’Inde et la Chine jusqu’en Mésopotamie, puis vers les villes grecques et Rome. On l’utilise alors pour ses vertus médicinales, en digestif, en fortifiant, mais aussi pour aromatiser le vin. En Egypte, on l’emploie pour embaumer des corps et pour concocter des parfums et des huiles. On raconte même que Cléopâtre en usait pour envoûter ses prétendants. D’abord utilisée au Moyen-âge pour masquer les mauvaises odeurs et réservée à la noblesse, la cannelle se démocratise en Europe au XIXe siècle pour se faire une place de choix dans la gastronomie. A cette époque, la bourgeoisie parisienne s’encanaille pour des bonbons à base de cannelle en provenance de Turquie chargés de récits fabuleux autour du sérail de Topkapi et de son harem. Un succès dû à la virilité que ceux-ci étaient réputés apporter à ceux qui en mangeaient. Aujourd’hui, on retrouve la cannelle dans de nombreuses recettes traditionnelles, comme les kanelbullar suédois ; les bredele et le pain d’épices en Alsace ; ou les spéculoos, devenus la star des biscuits belges !