La bonne gouvernance pour sauver le football

16/02/2023 mis à jour: 12:17
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Le football algérien est-il frappé par la malédiction ? Est-il condamné à subir les événements éternellement ? Chaque saison sportive qui passe est pire que les précédentes. C’est une spirale infernale, qu’a priori, nul n’est capable d’inverser. Les personnes en charge du football, à tous les niveaux, subissent les événements et situations sans arrêt. Plus le temps passe, plus la donne se complique.

Il existe une forme de démission collective qui confine à la fatalité que cela ne changera jamais et qu’il ne sert à rien de s’alarmer. C’est une posture suicidaire. Les voyants sont au rouge depuis longtemps, les lanceurs d’alerte sont découragés par l’absence de réaction de ceux qui détiennent les clés du pouvoir dans le football. Rien ne semble perturber la quiétude des acteurs du football, toutes catégories confondues.

Le paraître, l’agitation, la course aux privilèges, tout cela a pris le dessus sur toutes les considérations liées à l’éthique, l’intégrité et la bonne gouvernance. Ces trois axes ne font, malheureusement, pas partie du socle des valeurs qui régentent le football aujourd’hui. Sur ce plan, la fédération et ses démembrements, les ligues, ont lamentablement failli à leurs devoirs. Elles portent une lourde responsabilité dans ce qu’est devenu le football algérien.

A force d’aller à contresens de ce qu’énonce la bonne gouvernance, ils ont fini par faire de cette dernière le dernier de leur souci. Leur mauvais mode de fonctionnement a été favorisé par l’impunité qui s’est installée à tous les niveaux de la pyramide. Le mensonge s’est érigé en mode de fonctionnement. La mauvaise gouvernance est devenue la norme. Le seuil d’alerte a été atteint depuis longtemps et le système n’a pas bougé d’un iota. Une succincte analyse de la situation qui prévaut dans le football algérien laisse peu de place à l’optimisme.

Il y a danger en la demeure. Mis à part ceux qui refusent de voir la réalité en face, le football algérien pique droit dans le mur. D’aucun diront le contraire et avancent que nos équipes représentatives sur le plan continental (sélections et clubs) tiennent la route. C’est faux si leurs parcours sont comparés aux formations qu’elles croisent sur leur route en matière de moyens financiers consentis par l’Etat algérien. Le plus inquiétant encore c’est cette absence totale de projection sur l’avenir et par ricochet le travail en profondeur en direction des jeunes.

Le professionnalisme est un échec renouvelé, de l’argent est englouti sans compter dans cette activité qui génère du déficit permanent. Le football amateur est abandonné à son triste sort, les équipes de jeunes sont délaissées et sans perspectives d’avenir, les structures et instances sont gérées comme des propriétés privées sans droit de regard pour quiconque, le travail des commissions et, surtout, les organes juridictionnels laisse à désirer. Ce qui a aggravé la situation ces dernières années c’est la tendance à recourir systématiquement à l’apport de joueurs et d’entraîneurs purs produits de la formation d’ailleurs. L’objet ici n’est pas de remettre en cause la venue ou la présence d’Algériens dans les clubs. Pas du tout. Chaque sportif algérien vivant ici ou ailleurs a le droit de jouer, travailler en Algérie. La compétence et le niveau sont les seuls éléments sportifs à prendre en considération au moment du choix. Il serait logique et tout à fait normal d’étendre cet apport technique et sportif aux autres catégories et segments du football.

Par exemple, pourquoi ne pas ouvrir les postes et sièges de responsabilités au sein des instances, structures du football et du sport à des Algériens résidents à l’étranger et qui voudraient venir assumer des responsabilités sportives en Algérie. Il pourrait y avoir un ministre de la Jeunesse et des Sports, des présidents de fédérations, de ligues et clubs, membres du bureau fédéral et du comité directeur de club qui viendraient de l’extérieur pour apporter leur expérience au sport et au football algériens. Il est sûr qu’ils apporteront un plus à la faveur de leur vécu ailleurs. Leurs codes ne seront pas ceux de ceux qui se sont ankylosés dans des standards de gestion et de gouvernance d’un autre siècle. L’expérience mérite d’être tentée. C’est peut être le meilleur moyen de bousculer les mauvaises certitudes enracinées dans le sport algérien. La bonne gouvernance ne s’improvise pas et ne s’accommode jamais avec l’incompétence. 

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