La Banque d’Algérie relève une détérioration du solde budgétaire : La hausse des dépenses creuse le déficit

10/08/2024 mis à jour: 02:49
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Siège de la Banque d'Algérie

Le déficit budgétaire s’est creusé en passant de 1003,48 milliards de dinars en 2022 à 411,51 mds de dinars en 2023. 

Dans son rapport sur les indicateurs économiques de l’exercice 2023, la Banque d’Algérie souligne que le ratio du solde budgétaire rapporté au PIB, s’est «détérioré de manière significative, passant de 1,28% en 2022 à 3,08% en 2023» en expliquant que cette dégradation est due à une augmentation des dépenses budgétaires de 17,97%, contre une croissance de 12,54% des recettes budgétaires. «Les dépenses de transferts ont particulièrement contribué à l’augmentation des dépenses totales, avec une hausse de 27,90%», indique le rapport. 

Ce dernier relève également un creusement important du déficit du solde global du Trésor, s’établissant à 1686 milliards de dinars en 2023, contre 949,56 mds de dinars en 2022, soit une détérioration de l’ordre de 77,56%. «Les recettes budgétaires ont été soutenues par les recettes hors hydrocarbures, qui se sont accrues de 28% entre 2022 et 2023», indique la BA en précisant également que les prêts nets du Trésor ont enregistré une hausse de 2,49%, alors que le solde des comptes spéciaux est passé d’un excédent de 100,4 mds de dinars en 2022 à 25,29 mds de dinars en 2023. 

Dans le chapitre recettes budgétaires, le rapport de la Banque d’Algérie relève un volume de 10718,05 mds de dinars de recettes en 2023 contre 9525,14 mds de dinars en 2022 (+3,15 de points de pourcentage du PIB). «L’analyse de la composition des recettes révèle une évolution remarquable de leur structure. En effet, la part des recettes hors hydrocarbures dans les recettes totales a connu une progression sensible atteignant 47,97% en 2023, contre 42,17% en 2022. En parallèle et en dépit de la baisse de la part des recettes des hydrocarbures dans les recettes budgétaires, elles continuent à représenter l’essentiel des recettes budgétaires avec une part de 52,03% en 2023 contre 57,83% en 2022», rapporte la BA en relevant une quasi-stagnation des recettes des hydrocarbures entre 2022 et 2023 en ne contribuant qu’à hauteur de 5,8% à la hausse des recettes totales. 


Une part appréciable des recettes hors hydrocarbures 

Les recettes hors hydrocarbures ont par contre marqué une croissance appréciable de 28% jouant un rôle crucial dans l’augmentation des recettes budgétaires à hauteur de 94,2% et un taux de couverture des dépenses budgétaires à hauteur de 43,86% (40,42% en 2022). «Cette évolution témoigne de la capacité des recettes hors hydrocarbures à soutenir les dépenses publiques en contexte de forte croissance économique hors hydrocarbures, même face à la volatilité des recettes des hydrocarbures», analyse la BA. 


Dans le segment recettes fiscales, le même rapport relève une hausse de 507,61 mds de dinars, soit de 16,99% par rapport à l’exercice précédent pour s’établir à 3495,58 mds de dinars. Ce montant a contribué à son tour à alimenter les recettes budgétaires totales à hauteur de 42,52%. Deux catégories d’impôts continuent de dominer la structure des recettes fiscales. 


Il s’agit des impôts sur le revenu (+29,97% de croissance en 2023) et les impôts sur la consommation (+11,4% de croissance). Les impôts sur le revenu représentent la principale source des recettes avec une part de 44,69% du total des recettes. La part de l’impôt sur le revenu global (IRG) domine ce segment avec pas moins de 892,43 mds de dinars collectés. Cette hausse résulte essentiellement des augmentations des salaires, et de l’impôt sur les bénéfices des sociétés (IBS) affichant 529,39 mds de dinars. Les impôts sur la consommation ont représenté 40,03% du total des recettes fiscales avec 588,08 mds de dinars pour la TVA sur les importations, et 444,35 mds de dinars pour la TVA intérieure, et 189,89 mds de dinars pour la taxe sur les produits pétroliers TPP. «En 2023, l’ensemble des catégories composant les recettes fiscales ont enregistré une hausse, contribuant ainsi à la dynamique globale des recettes fiscales», note la même source. 


Augmentation des salaires des fonctionnaires 

L’année 2023 a enregistré, contrairement aux trois années précédentes, une nette augmentation du niveau des dépenses budgétaires s’élevant de 17,97% par rapport à 2022. Les dépenses sont ainsi passées de 9935,65 mds de dinars à 11721,53 mds de dinars. «Cette hausse significative des dépenses budgétaires a eu un impact direct sur le ratio dépenses budgétaires/PIB qui s’élève désormais à 35,97% en 2023, contre 31,02% en 2022», relève la BA en notant que les dépenses en capital ont contribué à hauteur de 57,4% (passant de 2080,61 mds de dinars à 3105,85 mds de dinars en 2023) dans l’augmentation des dépenses totales. 


Les dépenses courantes (salaires et autres paiements) ont, quant à elles, marqué une hausse de 9,68% pour s’établir à 8615,69 mds de dinars contre 7855,04 mds de dinars en 2022. Elles représentent 73,5M des dépenses budgétaires totales en 2023 contre 79,06% en 2022. Le rapport de la BA relève dans cette catégorie, une hausse de 27,5% des transferts courants qui se sont établis à 5263,26 mds de dinars, soit 44,9% des dépenses budgétaires totales, tirés par l’augmentation de différentes aides sociales. L’augmentation des salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat a impliqué une hausse de 14,7% des dépenses du personnel pour atteindre 3208,91 mds de dinars, soit 27,38% des dépenses totales. 

Les charges de la dette publique n’ont quant à elles pas trop influencé le volume global des dépenses publiques, même si elles ont connu une hausse relative de plus de 14% pour s’établir à 419,44 mds de dinars. A noter que les dépenses budgétaires n’ont été couvertes, relève le rapport, par les recettes budgétaires qu’à hauteur de 91,44% contre un taux de couverture de 95,86% en 2022. 

Les recettes des hydrocarbures continuent de dominer la source de financement des dépenses budgétaires de l’Etat en le couvrant à hauteur de 47,58% des dépenses totales, suivies par les recettes fiscales couvrant quant à elles 29,82% du total des dépenses et enfin suivent d’autres ressources contribuant plus faiblement à alimenter les dépenses budgétaires tels que les dividendes de la Banque d’Algérie couvrant 3,41% du total des dépenses en 2023. 

L’exercice 2023 révèle par ailleurs une détérioration du solde budgétaire en passant d’un déficit de 411,51 mds de dinars, soit 1,28% du PIB à fin 2022 à un déficit de 1003,48 mds de dinars à la fin 2023 soit 3,08% du PIB. La BA relève un creusement de 143,85% du déficit qui s’explique par «la forte augmentation des dépenses budgétaires qui n’a été que partiellement compensée par la hausse des recettes budgétaires». 
 

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