La tenue des Jeux olympiques d’été Paris 2024 divise le mouvement olympique au sujet de la question de la participation, ou pas, des athlètes russes et biélorusses. La fracture entre les différents acteurs est visible. Sous l’impulsion de l’Ukraine, beaucoup de pays exigent le bannissement du sport russe et biélorusse du concert des nations (sur le plan sportif). Cette mesure a été prise et immédiatement suivie d’effet en février 2022 dès les premières heures du conflit russo-ukrainien. La fièvre est montée d’un cran au cours des derniers jours. Mardi, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a demandé à son homologue français, Emmanuel Macron, lors d’un entretien téléphonique, de refuser la présence et la participation des Russes et des Biélorusses aux Jeux olympiques de Paris. L’appel du président ukrainien n’a pas tardé à produire ses effets. Sous l’impulsion du Comité olympique d’Ukraine, beaucoup d’organisations sportives et de personnalités ont averti qu’elles boycotteraient les Jeux de Paris si les sportifs des deux pays indiqués étaient présents. Mettant sa menace à exécution, le Comité olympique d’Ukraine a annoncé la tenue d’une assemblée générale extraordinaire le 3 février prochain pour «discuter du boycott des Jeux olympiques Paris 2024». La menace est prise très au sérieux par le Comité olympique international (CIO) et des organisations sportives continentales, à l’instar de l’Association des comités nationaux olympiques africains (Acnoa), qui a appelé à plus de retenue et au respect des valeurs de l’olympisme.
L’Ukraine et des pays européens semblent s’être concertés sur la question de la participation des athlètes de Russie et de Biélorussie au plus grand événement sportif de l’année 2024. La menace d’une implosion au sein du mouvement sportif olympique est réelle. Le président du CIO, l’Allemand Thomas Bach, se démène pour sauver l’unité du mouvement olympique. Il a précisé sa position à l’égard de celle brandie par l’Ukraine et les pays qui épousent ses vues. Pour lui, il n’est pas question d’interdire aux athlètes russes et biélorusses de participer aux Jeux olympiques de 2024. Des Jeux interdits aux athlètes sont inimaginables. Il lui faudra beaucoup de patience pour éviter le boycott qui se profile à l’horizon. Le président ukrainien, dans une tentative d’influer sur sa décision, l’a invité à visiter une ville d’Ukraine bombardée par l’armée russe dans l’espoir qu’il (Thomas Bach) bascule du côté des boycotteurs. Les temps sont durs pour le dirigeant allemand. Le CIO a fait savoir qu’il a exploré plusieurs voies afin de solutionner le problème posé. Il a préconisé et obtenu que les athlètes russes participent aux Jeux asiatiques, qui auront lieu cette année, et arrachent ainsi leur qualification aux Jeux de Paris 2024. Il paraît que le président russe, Vladimir Poutine, aurait donné son accord pour ce deal. Les athlètes russes qualifiés aux Jeux de 2024 concourent sous l’étiquette «d’athlètes neutres». A priori, un dialogue de sourds s’est installé entre les différentes parties. Dans ce contexte marqué par un manque de visibilité sur la suite de ce feuilleton, l’Acnoa, que préside l’Algérien Mustapha Berraf, s’est fendue d’un communiqué à travers lequel elle affiche clairement sa position sur ce sujet sensible. D’emblée elle souligne que «le CIO, sur la base des principes de neutralité, ne cédera jamais aux menaces politiques et prendra toujours soin de préserver les athlètes en toutes circonstances et sans aucune discrimination». Ce passage exprime l’attachement de l’Acnoa aux principes qui guident l’action du CIO avec qui elle est en phase. Sur le refus d’autoriser les athlètes russes et biélorusses de participer aux Jeux de Paris, l’Association des comités nationaux olympiques africains est ferme sans concession, «les athlètes russes et biélorusses pouvant participer aux grandes manifestations sportives sous couvert de neutralité, et ce, dans le respect de la charte olympique». Les Russes eux-mêmes ne seraient pas contre cette option. L’Acnoa qualifie sa démarche de «mesures pour sauvegarder les intérêts des athlètes ainsi que l’autonomie du sport» et rappelle que «l’olympisme est le ciment de l’unité du mouvement olympique et sportif international, protecteur des valeurs olympiques». L’Acnoa précise dans le communiqué : «L’Afrique sportive s’est positionnée dans ces circonstances conformément à ses principes et convictions qui convergent vers l’indépendance du mouvement olympique et sportif et condamne la guerre en Ukraine.» Les semaines et mois à venir s’annoncent difficiles pour le mouvement olympique. Les prémices d’une fracture sont là. 2024 sera une année charnière pour l’olympisme. Quelle que soit son issue, elle laissera des séquelles.