L’Iran a lancé hier «avec succès» un nouveau satellite de recherche construit par son ministère de la Défense, une nouvelle étape dans le développement des activités aérospatiales du pays malgré les sanctions occidentales. «Le satellite de recherche Chamran-1 a été lancé et mis en orbite avec succès par le lanceur Ghaem-100», a indiqué la télévision d’Etat, relayée par l’AFP.
L’Iran développe depuis des années ses activités aérospatiales et affirme qu’elles sont pacifiques et conformes à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU. Le pays a procédé à une dizaine de lancements de satellites ces deux dernières années. Mais les pays occidentaux craignent que ces systèmes de lancement de satellites intègrent des technologies interchangeables avec celles des missiles balistiques capables de livrer une ogive nucléaire. Téhéran réfute ces accusations et nie chercher à se doter de l’arme nucléaire.
L’appareil pèse «environ 60 kg» et a été «conçu et construit par les Industries iraniennes de l’électronique», affiliées au ministère de la Défense, a précisé la télévision d’Etat. Le lanceur de l’appareil, la fusée Ghaem-100, est développé par les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique. Chamran-1 a pour mission de «tester des systèmes matériels et logiciels utilisés pour les manœuvres orbitales à haute altitude», selon la même source. Fin février, l’Iran a lancé un satellite d’imagerie et de télédétection baptisé Pars-I depuis la base de lancement russe de Vostotchny. Les Etats-Unis ont alors pointé une «nouvelle indication du renforcement du partenariat militaire entre l’Iran et la Russie».
En janvier, l’Iran annonçait le lancement pour la première fois simultanément de trois satellites mis en orbite, une semaine après celui du satellite de recherche Soraya, transporté par la même fusée Ghaem-100.
La République islamique est soumise à des sanctions américaines paralysantes depuis le retrait de Washington en 2018 d’un accord international qui devait limiter les activités nucléaires de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales.
Mardi, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont annoncé de nouvelles sanctions contre l’Iran, visant notamment la compagnie aérienne Iran Air, accusant Téhéran d’avoir livré des missiles balistiques à la Russie pour frapper l’Ukraine.
«La Russie a reçu des livraisons de ces missiles balistiques et les utilisera probablement dans les semaines à venir en Ukraine contre les Ukrainiens», a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, lors d’une conférence de presse à Londres avec son homologue britannique David Lammy. Les deux hommes doivent se rendre cette semaine à Kiev. En représailles à ces livraisons, Washington a indiqué avoir pris, avec des pays alliés, des sanctions à l’encontre de six entreprises iraniennes de drones et missiles balistiques, fournisseurs de la Russie dans le cadre d’un contrat signé fin 2023, ainsi que de dix de leurs responsables et employés.
La compagnie aérienne iranienne Iran Air figure parmi les cibles de ces sanctions économiques, pour avoir effectué des livraisons, a précisé le département américain du Trésor. En outre, «les partenaires internationaux annoncent des mesures qui ne permettront pas à Iran Air d’opérer sur leur territoire à l’avenir», est-il ajouté.
Le Royaume-Uni a effectivement annoncé la fin de «toutes les liaisons aériennes directes» avec ce pays, dans le cadre de ces nouvelles sanctions. Iran Air assure des vols directs plusieurs fois par semaine entre l’aéroport londonien de Heathrow et Téhéran. «Nous continuerons à utiliser tous les leviers à notre disposition pour mettre la pression sur l’Iran afin qu’il cesse son soutien à l’invasion illégale menée par (le président russe Vladimir) Poutine», a indiqué la ministre chargée des Transports, Louise Haigh.