Iran : Le Président élu se dit prêt à un «dialogue constructif» avec Bruxelles

14/07/2024 mis à jour: 02:35
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Elu la semaine dernière, Massoud Pezeshkian, le président iranien, se montre plus ouvert que son prédécesseur - Photo : D. R.

Le Président nouvellement élu a déclaré que les deux parties pourraient explorer «de nombreux domaines de coopération», si les Européens «mettaient de côté la suprématie morale qu’ils s’attribuent et les crises créées de toutes pièces qui ont miné nos relations pendant si longtemps».

Le président iranien nouvellement élu, Massoud Pezeshkian, s’est déclaré prêt à entamer «un dialogue constructif» avec les pays européens, tout en leur reprochant d’être revenus sur leurs engagements dans le dossier nucléaire, dans une tribune parue hier dans le quotidien anglophone Tehran Times, citée par l’AFP. Elu au second tour de la présidentielle le 5 juillet, ce réformateur de 69 ans doit prêter serment fin juillet pour débuter un mandat de quatre ans.

L’élection était suivie avec attention à l’étranger alors que l’Iran est au cœur de plusieurs crises géopolitiques, de la guerre à Ghaza au dossier nucléaire, dans lesquelles il s’oppose aux Occidentaux. Lors de la campagne électorale, M. Pezeshkian a promis de «sortir l’Iran de son isolement» en établissant des «relations constructives» avec le monde, notamment les pays européens.

Dans cet article publié hier, il a critiqué le retrait en 2018 des Etats-Unis de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu trois ans auparavant et qui visait à restreindre l’activité nucléaire de l’Iran en échange d’un allégement des sanctions. Washington a dans la foulée rétabli de lourdes sanctions sur la République islamique.

Le président réformateur a indiqué qu’après le retrait des Américains, les Européens se sont engagés à essayer de sauver l’accord et d’atténuer l’impact des sanctions. Mais «les pays européens ont renié tous ces engagements», a-t-il constaté. «Malgré ces faux pas, j’ai hâte d’engager un dialogue constructif avec les pays européens pour mettre nos relations sur la bonne voie», a-t-il dit.

Il a déclaré que les deux parties pourraient explorer «de nombreux domaines de coopération» si les Européens «mettaient de côté la suprématie morale qu’ils s’attribuent et les crises créées de toutes pièces qui ont miné nos relations pendant si longtemps». La porte-parole de la commission européenne, Nabila Massrali, a auparavant félicité M. Pezeshkian pour son élection, déclarant que les 27 membres de l’UE sont «prêts à s’engager avec le nouveau gouvernement conformément à la politique d’engagement critique de l’UE».

Massoud Pezeshkian s’en est pris, par ailleurs, aux Etats-Unis dont les sanctions affectent durement l’économie iranienne. «Les Etats-Unis doivent reconnaître la réalité et comprendre, une fois pour toutes, que l’Iran ne répond pas et ne répondra pas aux pressions», a-t-il affirmé.

«Allié stratégique»

Durant la campagne, M. Pezeshkian a promis de négocier avec le gouvernement américain pour relancer les pourparlers sur le nucléaire iranien et lever les sanctions. Lundi, les Etats-Unis ont affirmé ne s’attendre à aucun changement dans leurs relations avec l’Iran après l’élection de Massoud Pezeshkian, minimisant également les chances de reprise du dialogue.

«Nous ne nous attendons aucunement à ce que cette élection amène un changement fondamental dans les orientations de l’Iran», a déclaré le porte-parole du département d’Etat américain, Matthew Miller, à la presse. Selon lui, l’ayatollah Ali Khamenei, chef de l’Etat, reste l’ultime décideur en Iran.

«Evidemment, si le nouveau Président avait le pouvoir de prendre des mesures pour freiner le programme nucléaire iranien, pour cesser de financer le terrorisme, pour cesser les activités déstabilisatrices dans la région, ce seraient des mesures bienvenues», a déclaré le porte-parole. «Inutile de le dire, nous ne nous attendons aucunement à la probabilité que ce soit cela qui se produise», a-t-il ajouté. M. Pezeshkian a en outre qualifié la Russie d’«allié stratégique précieux» et s’est dit prêt à «collaborer davantage» avec la Chine.

Concernant les pays voisins, il a appelé la Turquie, l’Arabie Saoudite, Oman, l’Irak, Bahreïn, le Qatar, le Koweït et les Emirats arabes unis à «renforcer les relations commerciales» avec l’Iran et «relever les défis communs» dans la région.  «Le peuple iranien m’a confié un mandat fort pour poursuivre vigoureusement un engagement constructif sur la scène internationale (...) tout en insistant sur nos droits et notre rôle mérité dans la région et dans le monde», a-t-il dit dans la tribune.

M. Pezeshkian va succéder à Ebrahim Raïssi, mort dans un accident d’hélicoptère en mai dernier. Ses pouvoirs seront cependant limités : en Iran, le Président est chargé d’appliquer, à la tête du gouvernement, les grandes lignes politiques fixées par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui est chef de l’Etat et ultime décideur sur les dossiers stratégiques. Le Président doit aussi tenir compte de la forte influence des grandes institutions, comme les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique du pouvoir.

 

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