On voit, ces dernières années, les murs de certaines rues de la capitale bariolés de graffitis et de tags. Ce mode d’expression artistique désigné sous d’autres cieux de street art gagne l’espace urbain chez nous, non en termes de rébellion ou de recherche d’esthétique, sinon une pratique qui obéit à un référent qui colle au sport-roi qu’est le foot.
On croise parfois dans certains quartiers populaires et populeux des graffeurs juchés sur un échafaudage brinquebalant, pinceaux et boîtes de peinture à la main, en train de peinturlurer les murs. Mettre la couleur de leur club fétiche qu’ils accompagnent de slogans sur les supports est devenu une passion pour eux.
Une polémique voit le jour entre ceux qui désapprouvent cet art qu’ils qualifient d’envahissant, voire de vandalisme, alors que d’autres ne voient aucun inconvénient dans ces dessins qui, bien qu’ils salissent les murs, ajoutent une note de gaieté à leur ‘‘houma’’...
Les municipalités, elles, ne savent plus s’il faut autoriser ou non cette pratique dans la géographie qu’ils gèrent. Plus, le quidam peut être aussi ‘‘apostrophé’’ par un autre objet décoratif qui habille, par endroits, notre espace urbain. A la faveur des bonnes performances du Doyen des clubs, certaines rues de la Casbah et de Bab El Oued sont pavoisées aux couleurs de l’emblème – je dis bien emblème – du pays de la Botte.
A croire qu’on se trouve à Milan, Rome ou quelque part à Naples. Remplacer le drapeau bicolore de référence de l’historique Mouloudia d’Alger que sont le vert et le rouge – seulement –, par l’emblème italien au trois bandes vert, blanc et rouge est somme toute scandaleux ! Une image qui ne ferait pas moins se retourner dans leurs tombes Baba Hammoud et les chahids Abderrahmane Arbadji et Ali Amar…
D’aucuns diront que le blanc est adjoint aux couleurs vert et rouge, pour compléter les couleurs du drapeau national. Soit ! Mais pourquoi donc avoir choisi une étoffe avec trois bandes verticales qui représentent – avec les mêmes proportions – l’étendard du pays de Léonard de Vinci, Luciano Pavarotti et autres Dino Zoff et Roberto Baggio ?
A croire aussi qu’il est des fans qui perdent leurs repères, voire leur identité et ce, juste pour rentrer dans les bonnes grâces d’autres outre-Méditerranée qui sont branchés à des teams de foot autres que le Mouloudia, l’USMA ou le CRB. Libres aux ultras de ces derniers de choisir de s’exprimer en italien, en anglais ou en... finnois.