Île de Taïwan : 33 avions militaires chinois détectés en 24 heures

28/01/2024 mis à jour: 01:27
AFP
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Taïwan a dénombré 33 avions militaires et sept navires de guerre chinois autour de l’île en l’espace de 24 heures, le nombre le plus élevé depuis la présidentielle du 13 janvier. 

C’est ce qu’a déclaré hier le ministère taïwanais de la Défense, cité par l’AFP. Deux ballons chinois ont également été détectés dans le ciel du détroit de Taïwan, selon un décompte arrêté hier à 6h (22h GMT). Parmi les avions, 13 ont, selon le ministère, franchi la ligne médiane, une démarcation non officielle entre la Chine et Taïwan que la première ne reconnaît pas. 

Les électeurs de Taïwan ont élu à la présidence de l’archipel Lai Ching-te du Parti démocrate progressiste (DPP), qui a promis de protéger le territoire des «menaces et intimidations» de Pékin. La Chine, qui considère le territoire comme l’une de ses provinces, à réunifier par la force si nécessaire, a décrit ce dernier comme un dangereux séparatiste et menacé ses soutiens de conséquences néfastes. Les autorités taïwanaises font état d’incursions quasi quotidiennes d’appareils de l’armée chinoise, qui a mené l’an dernier d’importantes manœuvres militaires autour de l’île. En septembre, elle a envoyé 103 avions autour de Taïwan en l’espace de 24 heures, ce que Taipei avait qualifié de «record». 
Par ailleurs, la Chine et les Etats-Unis ont jugé hier «franches» et «substantielles» les discussions à Bangkok entre le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, et le conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, qui ont notamment évoqué Taïwan. Les relations sino-américaines se sont détériorées ces dernières années en raison de plusieurs dossiers : liens avec Taïwan, commerce, rivalité dans les nouvelles technologies, lutte d’influence en Asie-Pacifique, mer de Chine méridionale ou encore droits humains.

 Les deux pays semblent toutefois désireux de renouer le dialogue, avec l’envoi l’an dernier par Washington de plusieurs hauts responsables à Pékin et une rencontre en novembre entre le président américain, Joe Biden, et son homologue chinois, Xi Jinping, en Californie. Un appel entre les deux chefs d’Etat est d’ailleurs en préparation, a indiqué la Maison-Blanche à l’issue des entretiens entre Wang Yi et Jake Sullivan, tenus vendredi et hier dans la capitale thaïlandaise. «Les deux parties ont eu des discussions stratégiques franches, substantielles et fructueuses» notamment sur «comment gérer de manière appropriée les questions importantes et sensibles des relations sino-américaines», a indiqué le ministère chinois des Affaires étrangères.
 

«Plus grand défi »

Reprenant le vocabulaire de Pékin, la Maison-Blanche a ajouté que cette rencontre s’inscrivait «dans le cadre des efforts visant à maintenir des lignes de communication ouvertes et à gérer de manière responsable la concurrence dans les relations» entre les deux puissances. Ces relations demeurent crispées autour de la question de Taïwan (officiellement la République de Chine), que Pékin (la République populaire de Chine) considère comme une partie intégrante du territoire chinois. 

La Chine reproche aux Etats-Unis, qui ne reconnaissent pourtant pas officiellement Taïwan, d’être le premier fournisseur d’armes et le principal soutien des autorités taïwanaises. «Le plus grand défi pour les relations sino-américaines est le mouvement prônant l’indépendance de Taïwan», a souligné Wang Yi devant Jake Sullivan, a indiqué Pékin dans son communiqué. «Les Etats-Unis doivent (...) mettre en œuvre concrètement leur engagement à ne pas soutenir l’indépendance de Taïwan et à soutenir la réunification pacifique de la Chine» avec l’île, a-t-il indiqué. La Chine voit d’un mauvais œil la multiplication ces dernières années des contacts entre responsables politiques américains et taïwanais, qu’elle considère comme des entorses à la promesse des Etats-Unis de ne pas avoir de relations officielles avec Taipei. 

Deux députés américains se sont encore rendus mercredi sur l’île suite à l’élection présidentielle taïwanaise, tenue courant janvier, qui a encore tendu les liens Pékin-Washington. 

En 2016, Washington avait déjà envoyé une délégation informelle à Taïwan après un scrutin présidentiel. «La question de Taïwan est une affaire intérieure à la Chine. Les élections dans la région de Taïwan ne peuvent changer la réalité fondamentale selon laquelle Taïwan fait partie de la Chine», a déclaré Wang Yi à Jake Sullivan. 

La Chine estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Elle dit privilégier une réunification «pacifique» avec l’île, où vivent quelque 23 millions d’habitants gouvernés par un système démocratique. Mais elle n’a jamais renoncé à employer la force militaire. 

Un conflit dans le détroit les séparant serait désastreux pour l’économie mondiale : plus de 50% des conteneurs transportés dans le monde y transitent et l’île produit 70% des semi-conducteurs de la planète.

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