Il y a 71 ans : La CIA et le MI6 renversaient le Premier ministre iranien Mohamed Mossadegh

19/08/2024 mis à jour: 04:25
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Mohamed Mossadegh, Premier ministre iranien - Photo : D. R.

Le clergé chiite demeure l’unique rescapé de la répression sanglante menée par le chah et s’imposant comme le canal principal de la colère populaire, ses aspirations à la démocratie et la souveraineté nationale.

Le 19 août 1953, les services secrets américains et britanniques, à savoir la CIA et le MI6, mettent en place l’opération «Ajax», opération coup d’Etat visant à renverser le Premier ministre iranien Mohamed Mossadegh. Opération qui intervient suite à la décision de ce dernier de nationaliser le pétrole iranien.

En effet, Mossadegh a créé la National Iranian Oil Company afin de remplacer l’Anglo-Persian Oil Company, et fit adopter la loi sur la nationalisation du pétrole.

Le Royaume-Uni riposta avec un embargo sur le pétrole iranien dans le but d’isoler Mossadegh. Cette politique pousse l’Iran au bord de la faillite, mais le Premier ministre gagne en popularité. Ce dernier finit par être destitué et remplacé par le chah Mohamed Reza Pahlavi.

A travers sa police politique la Savak, le nouvel homme fort de Téhéran lamine toute velléité d’opposition.
Il se lance dans des réformes socioéconomiques, «la révolution blanche», provoquant des émeutes en 1963. Cependant, le clergé chiite demeure l’unique rescapé de la répression sanglante menée par le chah et s’imposant comme le canal principal de la colère populaire, ses aspirations à la démocratie et la souveraineté nationale.

Sachant que les Iraniens sont exaspérés par la présence étrangère, notamment américaine sur leur territoire. Suites à des manifestations populaires, le chah quitte le pays en janvier 1978. Le 1er février 1979, Khomeiny entre à Téhéran et prend le pouvoir.

Le 4 novembre de la même année, des étudiants occupent l’ambassade américaine dont le personnel ne sera libéré que le 20 janvier 1981. En septembre 1980 est déclenchée la guerre irano-irakienne suite à l’agression des troupes de Saddam Hussein.

Nommé commandant en chef des forces armées, Hachemi Rafsendjani convainc Komeiny à accepter la résolution 598 du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) qui met fin à la guerre avec l’Irak en 1988. Khomeiny meurt en juin 1989. Lui succède comme guide Ali Khamenei. Le nouveau guide tisse de forts liens avec Hachemi Rafsandjani qui finit par devenir président de la République.

Il appelle à la libéralisation économique, des réformes politiques et la reconstruction du pays. En juin 1992, pour trouver des capitaux, l’Iran adopte une loi sur l’investissement privé, les étrangers ouvrent ainsi droit à posséder la totalité d’une entreprise iranienne.

Son successeur Mohammad Khatami est considéré lui aussi comme réformateur. Néanmoins, le président George W. Bush évoque en janvier 2002 l’«axe du mal» pour désigner les pays qui soutiennent le terrorisme et souhaitent se doter de l’arme nucléaire, à savoir l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord.

Sanctions occidentales

En juillet 2015, est signé un accord sur le nucléaire entre la République islamique et le Groupe 5+1(Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Chine, France ainsi que l’Allemagne) qui met fin à 12 ans de contentieux sur l’industrie atomique iranien. Il garantit le caractère civil du programme iranien en échange d’une levée sur dix ans des sanctions internationales.

Cependant, en mai 2018, le président américain Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis de l’accord nucléaire, et le rétablissement des sanctions contre Téhéran et les entreprises ayant des liens avec la République islamique. Les sanctions, rétablies en août puis novembre, touchent particulièrement les secteurs pétrolier et financier iraniens.

Depuis avril 2021, Téhéran est engagé dans des pourparlers sous la médiation de l’Union européenne (UE) pour relancer l’accord avec la Grande-Bretagne, la Chine, la France, l’Allemagne et la Russie directement et les Etats-Unis indirectement. Mais jusque-là, les négociations n’ont pas abouti et le président américain Joe Biden a maintenu les sanctions de son prédécesseur imposées à la République islamique.

L’Iran tente d’atténuer les effets des sanctions imposées par l’Occident dont les premières ont été décrétées il y a près de 45 ans. Les Etats-Unis ont imposé un embargo sur les biens de consommation iraniens et gelé 12 milliards de dollars d’avoirs iraniens après la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran, qui s’est étalée du 4 novembre 1979 au 20 janvier 1981. D’autres ont par la suite été prises au fil des décennies, principalement par Washington et  l’Union européenne.

Fin avril. Les Etats-Unis ont encore renforcé leurs sanctions  contre l’Iran, ciblant de nouveau l’industrie des drones militaires, en parallèle à des sanctions similaires prises par le Canada et le Royaume-Uni. Ces mesures font suite à l’attaque de Téhéran contre Israël le 13 avril, avec 350 drones et missiles, en riposte à une attaque qui a détruit son consulat à Damas, en Syrie, que l’Iran attribue à Tel-Aviv.

En 2021, l’Iran est devenu membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), organisation politique et économique qui regroupe plusieurs pays asiatiques, dont la Chine et la Russie. Comme il a intégré  les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) en janvier.

En 2021, Pékin a signé un accord sur 25 ans avec Téhéran dans des domaines aussi variés que l’énergie, la sécurité, les infrastructures et les communications. En février de la même année, le président  Ebrahim Raïssi a effectué à Pékin une visite d’Etat de trois jours. Un mois après cette visite, en mars, depuis Pékin, l’Arabie Saoudite et l’Iran ont annoncé le rétablissement de leurs relations diplomatiques rompues en 2016.

De son côté, la Russie a promis des avions de chasse SU-35 et des systèmes de défense antimissile S-400. Sur le plan économique, les deux pays comptent réaliser plusieurs projets,   à l’exemple du  corridor Nord-Sud.

Il s’agit d’un vaste réseau  de routes maritimes, ferroviaires et terrestres de 7200 km en association auquel s’associe l’Inde, devant permettre aux marchandises russes d’atteindre l’océan Indien sans passer par les voies maritimes de l’Ouest et le canal de Suez. L’accord est signé en mai 2023.

 

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