Le torchon brûle entre le ministre du Commerce, Kamel Rezig, et les membres de la Chambre basse du Parlement. Les députés accusent le ministre du Commerce de s’immiscer dans les affaires du Parlement et demande au président du perchoir, Brahim Boughali, de prendre les mesures adéquates pour mettre fin à de «tels agissements» susceptibles, selon eux, de perturber le bon fonctionnement institutionnel.
Ils réclament, dans le même sillage, le rétablissement du principe de la séparation des pouvoirs. En plus de la saisine du président de l’Assemblée, les députés ont également mené une action de protestation. Ce lundi, les membres de la commission des affaires économiques, du développement, de l’industrie et du commerce de l’APN présidée par Ismail Kouadria et composée de plusieurs entités politiques ont opté pour le gel de leurs activités pendant 5 jours en guise de protestation contre le ministre du Commerce.
Cette commission, il faut le rappeler, a mené, en février dernier, une enquête sur la pénurie de l’huile de table et d’autres produits de large consommation. Dans ses conclusions, elle a accusé le département ministériel de Kamel Rezig d’avoir une grande part de responsabilité dans cette crise.
Et à ce propos, M. Kouadria a reproché au ministre du Commerce ses décisions improvisées dues à la faiblesse du système de contrôle périodique des services de son département ministériel et la publication de statistiques «irréalistes» accompagnées aussi de «déclarations non étudiées», ce qui a amplifié la crise de la pénurie de l’huile de table. Il a été également établi que les mesures de compensation promises aux producteurs n’ont pas été honorées, ce qui a eu pour conséquence la décision de certains producteurs de ne pas augmenter leur production.
Apparemment, d’après des députés, les services du commerce n’ont pas apprécié le rapport de la commission, d’où «ces agissements» qualifiés d’«inadmissibles» par les parlementaires. Les députés chargent lourdement Rezig, l’accusant d’avoir violé la séparation des pouvoirs régie par la Constitution.
En effet, il y a une semaine, la commission des affaires économiques a décidé d’auditionner les responsables de la Chambre algérienne du commerce et de l’industrie. Une invitation leur a été adressée et une date a été fixée avec l’accord des concernés. Seulement, le lendemain, l’Assemblée reçoit une correspondance émanant du ministre du Commerce, dans laquelle il évoque l’impossibilité d’auditionner les responsables de la Chambre algérienne de commerce et d’industrie en raison de leur emploi du temps chargé. «Le courrier de M. Rezig a été remis à Mme Asma Basma, ministre des Relations avec le Parlement, laquelle a été chargée de nous le transmettre. Pourtant, les responsables de la Chambre algérienne du commerce ont répondu favorablement à notre invitation et ont fait le déplacement à l’hémicycle. Surpris par le courrier du ministre, ils sont repartis.
Du jamais-vu dans les annales de l’APN», s’insurge M. Kouadria, ajoutant que «la logique aurait voulu que le ministre adresse sa correspondance aux responsables de la Chambre du commerce et non au Parlement».
Au sein de cette dernière, certains députés ont proposé comme action de protestation d’enquêter sur les raisons ayant poussé le ministre à se comporter de la sorte. «La Constitution prône la séparation des pouvoirs, et le ministre du Commerce a dépassé ses limites et ses prérogatives», déclare un membre de la commission qui dit attendre les décisions du président de la République par rapport aux conclusions du rapport de la commission et aussi pour freiner la hausse des prix qui ne connaît toujours pas de répit.