Il a assisté hier à un défilé militaire géant à Pyongyang : Kim dit vouloir «renforcer» l’armement nucléaire de la Corée du Nord

27/04/2022 mis à jour: 19:57
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Photo : D. R.

Les propos du dirigeant nord-coréen sur les armes nucléaires pourraient s’adresser au nouveau président élu de Corée du Sud, le conservateur Yoon Suk-yeol, qui prendra ses fonctions le 10 mai, selon les analystes.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a annoncé son intention de «renforcer et développer» l’armement nucléaire de son pays lors d’un défilé militaire géant à Pyongyang, ont rapporté hier les médias officiels.

En dépit de sévères sanctions internationales, la Corée du Nord redouble d’efforts pour moderniser son armée.  Depuis le début de l’année, elle a testé des armes interdites et des analystes redoutent une possible reprise de ses essais nucléaires. Vêtu d’un uniforme militaire blanc, le leader nord-coréen a assisté à un défilé de chars, de lance-roquettes et de gros missiles balistiques  intercontinentaux (ICBM) lundi en fin de journée à Pyongyang.

Cette parade a été organisée dans le cadre du 90e anniversaire de l’Armée populaire révolutionnaire de Corée. «Nous continuerons à prendre des mesures pour renforcer et développer les capacités nucléaires de notre nation à un rythme accéléré», a lancé Kim Jong Un, dont les propos ont été rapportés par l’agence de presse nord-coréenne KCNA.

Les nombreux pourparlers diplomatiques visant à convaincre le dirigeant d’y renoncer sont au point mort depuis l’échec, en 2019, d’une rencontre entre Kim Jong Un et le président américain de l’époque, Donald Trump.

Le leader nord-coréen a averti lundi qu’il pourrait utiliser son arsenal nucléaire, si les «intérêts fondamentaux» de la Corée du Nord se trouvaient menacés. Dans son discours, il a affirmé que si ce type d’armes a, avant tout, un rôle dissuasif, elles «ne peuvent être liées à une seule mission». Des responsables et analystes américains et sud-coréens estiment que Pyongyang pourrait bientôt reprendre ses essais d’armes nucléaires, interrompus depuis 2017.

«Énormes missiles»

Des images satellite ont montré des signes d’activité dans un tunnel du site de Punggye-ri, lequel, selon la Corée du Nord, a été démoli en 2018 avant le premier sommet entre Donald Trump et Kim Jong Un. Les propos du dirigeant nord-coréen sur les armes nucléaires pourraient s’adresser au nouveau président élu de Corée du Sud, le conservateur Yoon Suk-yeol, qui prendra ses fonctions le 10 mai, selon les analystes.

Il a promis d’adopter une ligne plus dure face aux provocations du Nord. «Il est intéressant de noter que M. Kim parle maintenant plus spécifiquement de l’objectif de ses armes nucléaires», selon Yang Moo-jin, professeur à l’université des études nord-coréennes. «M. Yoon a menacé de lancer une frappe préventive sur Pyongyang si nécessaire, et M. Kim semble dire indirectement qu’il pourrait avoir à répondre par des moyens nucléaires, si M. Yoon irait effectivement de l’avant».

Cheong Seong-chang, chercheur principal à l’institut privé Sejong, a déclaré à l’AFP que M. Kim pourrait avoir envoyé un message codé en portant son uniforme blanc avec l’étoile de maréchal – le plus haut grade militaire de la Corée du Nord.

«Cela symbolise sa position ultra-forte à l’égard de la future administration Yoon Suk-yeol, qui a identifié le Nord comme son ennemi et a déclaré qu’elle envisageait de développer la capacité de lancer des frappes préventives.»

Des photos du défilé montrent d’énormes missiles noirs et blancs posés sur des lanceurs mobiles, tandis que des Nord-Coréens en tenue traditionnelle agitent des drapeaux et des fleurs.

Selon KCNA, lors de ce défilé, les armes les plus sophistiquées, notamment le Hwasong-17, ont été exhibées. La Corée du Nord avait annoncé le 25 mars avoir lancé la veille, pour la première fois, ce «missile monstre», publiant des photos et des vidéos dans laquelle apparaît Kim Jong Un en train de superviser cet essai, dans une mise en scène très étudiée.

Des analystes ont cependant relevé des incohérences dans le récit fait par Pyongyang. Les services de renseignement américains et sud-coréens ont conclu qu’il s’agissait en réalité du Hwasong-15, un ICBM moins avancé et déjà testé en 2017.

«Malgré tout le battage médiatique et des mois d’entraînement, le défilé militaire nord-coréen de lundi n’a pas vraiment montré beaucoup de nouvelles capacités», a commenté Chad O’Carroll du site spécialisé NK News, basé à Séoul.

«Les photos suggèrent qu’il s’agissait en grande partie d’une répétition du défilé spectaculaire d’octobre 2020» au cours duquel le Hwasong-17 avait été exposé pour la première fois, a-t-il ajouté dans un tweet.

La Corée du Nord organise des défilés militaires pour marquer les fêtes et les événements importants, qui mettent souvent en scène des milliers de soldats au pas de l’oie, suivis d’une cavalcade de véhicules blindés et de chars, et qui se terminent par les principaux missiles que Pyongyang souhaite exposer. Les observateurs suivent de près ces événements à la recherche d’indices sur le dernier développement d’armes de la Corée du Nord.

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