Guerre russo-occidentale : Kiev ne confirme pas l’usage de missiles nord-coréens par Moscou

06/01/2024 mis à jour: 16:10
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John Kirby a assuré que les forces russes ont lancé le 30 décembre au moins un missile livré par Pyongyang

L’Ukraine a indiqué hier ne pas pouvoir corroborer à ce stade l’usage par la Russie de missiles nord-coréens au lendemain d’accusations en ce sens des Etats-Unis. 

Parallèlement, les autorités russes de Belgorod, proche de la frontière, ont appelé les habitants à sécuriser leurs fenêtres pour se protéger d’éventuels éclats de verre, illustrant l’inquiétude grandissante dans cette ville où les frappes ukrainiennes se multiplient. Pressée de commenter les affirmations américaines de missiles nord-coréens lancés par Moscou, Kiev a temporisé hier. «A ce stade, nous n’avons pas d’informations sur l’usage de tels missiles», a dit le porte-parole de l’armée de l’air, Iouri Ignat. «Les Etats-Unis ont fait une déclaration en ce sens, dès lors des experts vont étudier l’épave (de missile) et nous pourrons dire ensuite si c’est le cas ou non. Je ne peux pas encore confirmer», a-t-il ajouté. 

La veille, le porte-parole du Conseil américain de sécurité nationale, John Kirby, a assuré, sans toutefois dévoiler de preuves, que les forces russes ont lancé le 30 décembre au moins un missile livré par Pyongyang, qui s’est écrasé dans un champ de la région de Zaporijjia (Sud), et plusieurs autres mardi lors d’une attaque massive qui a fait six morts. «Nos informations indiquent que la Corée du Nord a récemment fourni à la Russie des systèmes de lancement de missiles balistiques et plusieurs missiles balistiques», a-t-i affirmé. Une déclaration qui intervient alors que le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a appelé à augmenter la production de lanceurs de missiles lors d’une visite dans une usine d’armement, et ce, en préparation d’une «confrontation militaire» avec la Corée du Sud et les Etats-Unis, a rapporté hier l’agence  d’Etat KCNA.

La Russie a opéré un rapprochement accéléré avec la Corée du Nord depuis le début de l’intervention russe en Ukraine. En septembre 2023, Kim Jong-un s’est rendu dans l’Extrême-Orient russe où il a rencontré le président russe Vladimir Poutine. Une relation qui inquiète Washington, car Moscou pourrait aussi, en échange de munitions, muscler le régime nord-coréen pour faire face aux Occidentaux et leurs alliés d’Asie. 

Si aucun accord militaire entre les deux pays sous sanctions occidentales n’a été annoncé à l’époque ni depuis, la Corée du Nord est d’ores et déjà soupçonnée d’avoir fourni à l’armée russe plus d’un million d’obus d’artillerie destinés aux opérations en Ukraine. 

Moscou comme Kiev ont des besoins énormes de munitions pour poursuivre les combats à haute intensité. La Russie a démultiplié sa production d’armement, s’est approvisionnée auprès de l’Iran, en particulier en drones, et selon les Occidentaux auprès de la Corée du Nord.
 

Désaccords

L’Ukraine, elle, a pu compter sur l’aide militaire américaine et européenne, mais la poursuite de ce soutien est menacée par les divisions politiques aux Etats-Unis et des désaccords au sein de l’Union européenne. Or, le territoire ukrainien est de nouveau visé par des attaques massives de missiles ainsi que de drones russes et les stocks de munitions de la défense antiaérienne ne sont pas infinis. Sans compter que les Occidentaux se montrent toujours réticents à fournir à Kiev des armes de longue portée capables de frapper le territoire russe en profondeur. 

La Russie a mené deux attaques massives contre le territoire ukrainien le 29 décembre et le 2 janvier, faisant des dizaines de blessés et de morts malgré les systèmes de défense antiaérienne occidentaux déjà utilisés par Kiev. De leur côté, les forces ukrainiennes ont tiré en représailles nombre de missiles et de drones en direction de la Crimée annexée et de Belgorod, où les autorités ont appelé hier les habitants, pour la première fois, à sécuriser leurs fenêtres, une mesure de prévention pour éviter la projection d’éclats de verre en cas de déflagration. 

Plus tôt cette semaine, les autorités ont déjà annoncé que la rentrée scolaire est repoussée du 9 au 19 janvier dans cette ville de 335 000 habitants et dans des municipalités environnantes. Ces mesures s’inscrivent en porte-à-faux par rapport aux efforts du Kremlin qui a toujours assuré, depuis près de deux ans, que le conflit n’affectait pas le quotidien et la sécurité des Russes. 

Cette escalade intervient juste avant la présidentielle du mois de mars en Russie, qui doit voir la réélection triomphale de Vladimir Poutine. Dans la nuit de jeudi à vendredi, la Russie a attaqué son voisin avec 29 drones explosifs lancés en deux vagues, selon l’armée de l’air ukrainienne qui a assuré en avoir abattu 21, sans évoquer le sort de ceux qui sont passés entre les mailles du filet. Plus au Sud, le parquet général ukrainien a rapporté quatre blessés dans une frappe russe à Kherson, cible quasi-quotidienne de bombardements russes. 

Enfin, le ministère russe de la Défense, lui, a rapporté avoir «détecté et détruit» à la mi-journée un missile ukrainien Neptune au-dessus de la mer Noire.  
 

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