Gaz russe : L’économie allemande plongerait dans la récession en cas d’arrêt immédiat

14/04/2022 mis à jour: 00:28
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L’Allemagne plongerait dans la récession en 2023 en cas d’arrêt immédiat des approvisionnements en gaz russe, dans le sillage de la crise ukrainienne, ont prévenu hier les principaux instituts allemands de prévisions économiques.

En 2023, le produit intérieur brut de la première économie européenne reculerait de 2,2% en cas d’arrêt des livraisons de gaz, dont l’Allemagne est particulièrement dépendante, affirment ces cinq organisations influentes (DIW, IFO, IfW, IWH et RWI). La perte de PIB cumulée sur 2022 et 2023 s’élèverait à environ 220 milliards d’euros, ou 6,5% de la richesse annuelle, précisent-ils.

«Si l’approvisionnement en gaz est arrêté, l’économie allemande est menacée d’une forte récession», commente Stefan Kooths, vice-président du IfW, dans un communiqué. La chute du PIB serait notamment de 5% au deuxième trimestre de 2023, avant que l’économie ne se reprenne en fin d’année. Un embargo éventuel sur le gaz russe fait l’objet d’âpres discussions entre les Etats membres de l’UE, Berlin étant l’un des principaux opposants à un arrêt immédiat des importations, estimant qu’il en va de la paix économique et sociale dans le pays.

Les conséquences d’un tel arrêt et la capacité de l’Allemagne à trouver des sources alternatives d’énergie à court terme font l’objet de débats parmi les économistes. Berlin, qui se fournissait avant la crise à plus de 55% auprès de la Russie, a déjà réduit cette part à 40% et multiplie les démarches pour trouver d’autres fournisseurs.

L’Allemagne n’envisage pas pouvoir se passer du gaz russe avant mi-2024 et a activé fin mars le premier niveau de son plan d’urgence pour garantir l’approvisionnement en gaz naturel face à la menace d’un arrêt des livraisons russes. Les instituts relèvent globalement que l’économie allemande «traverse des eaux difficiles», et ce, au moment où la levée des restrictions liées à la pandémie a pu donner un coup de fouet à l’activité.

Les chaînes d’approvisionnement «sont toujours sous tension» alors que des restrictions nouvelles frappent la Chine notamment, et les «ondes de choc» de la crise ukrainienne «ont un impact négatif sur l’économie, tant du côté de l’offre que de la demande», relèvent-ils.

Les conséquences du conflit amènent ces cinq instituts à tailler dans leur prévision de croissance pour 2022, désormais attendue à 2,7%, contre une estimation à 4,8% en octobre. Cela se traduit également dans un taux d’inflation attendu de 6,1% cette année, et même 7,3% en cas d’arrêt des livraisons de gaz, soit «la valeur la plus élevée depuis la fondation de la République fédérale». En 2023, le taux serait encore de 5,0%.

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