Formation universitaire et environnement socioéconomique : L’employabilité, une préoccupation majeure

06/12/2023 mis à jour: 18:33
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Photo : D. R.

Le Dr Mohamed Hocine, architecte et enseignant chercheur à l’Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme (EPAU) d’Alger, relève que, depuis 2020, une nouvelle politique de l’enseignement supérieur vise à élever le niveau de qualification et préserver la qualité de la recherche, en favorisant sa traduction en emplois.

La question de l’employabilité et de l’adaptation de la formation universitaire aux exigences de l’environnement socioéconomique dans une Algérie en pleine mutation est au centre d’intenses débats en milieu universitaire ces dernières années. Elle représente, désormais, une préoccupation majeure pour les pouvoirs publics, qui commencent à y penser sérieusement, face au fléau du chômage menaçant sérieusement les futurs diplômés universitaires.

Avec les difficultés rencontrées par ces derniers pour trouver un emploi dans un marché du travail devenu de plus en plus exigeant, notamment avec l’émergence d’un dur climat de concurrence entre des entreprises économiques en quête de compétences pour imposer leurs produits et prestations de services, il est devenu impératif pour les institutions universitaires de trouver des solutions qui aideront ces jeunes inexpérimentés à devenir plus convaincants.

Cette problématique, qui concerne actuellement une bonne partie des spécialités enseignées dans les universités algériennes, a donné naissance à la nouvelle notion de professionnalisation de l’enseignement supérieur, pour tenter de trouver des issues qui permettront de créer des débouchés nouveaux en adaptant les formations à la demande du marché.

C’est dans ce contexte que le thème «La collaboration entre l’université et l’environnement socioéconomique» a été débattu, hier, lors d’une Conférence internationale organisée par le Laboratoire architecture, ville, métiers et formation (LAVMF) de la faculté d’architecture et d’urbanisme de l’université Salah Boubnider (Constantine 3), marquée par un intérêt particulier de la part des étudiants.

Choisissant comme exemple concret celui de la formation en architecture, le Dr Mohamed Hocine, architecte et enseignant chercheur à l’Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme (EPAU) d’Alger, a été bref mais percutant dans son intervention pour tenter de répondre à la question : comment développer l’adéquation formation-emplois-défis socioéconomiques ?

Un décalage entre la théorie et la pratique

«Dans les années 1970, caractérisées par une économie dirigiste, le plein emploi était dû aux nombreuses entreprises de construction et aux bureaux d’études (BET) détenus par l’Etat. Toutefois, pendant les années 1990, la libéralisation économique a vu la disparition de nombreux BET et entreprises publiques, et l’apparition d’acteurs économiques privés.

La situation n’a pas beaucoup évolué entre les années 1990 et 2000, mise à part l’expérience du LMD remise en cause actuellement», a-t-il rappelé en focalisant toujours sur la situation des débouchés dans la formation en architecture. De l’avis du Dr Hocine, cette formation a toujours fait l’objet de critiques de la part des acteurs socioéconomiques, notamment en matière de préparation de ses étudiants au monde de travail.

On a pointé du doigt des lacunes qui persistent encore, à l’instar de la formation universitaire jugée insuffisante et le décalage entre la théorie enseignée et la pratique attendue. C’est ce qui explique cette inadéquation entre le produit de la formation et les besoins des secteurs employeurs, où les nouveaux diplômés sont confrontés aux contraintes du manque d’expérience et de déficit de professionnalisme.

«La nécessité d’une réflexion approfondie sur la professionnalisation de la formation dans le domaine de l’architecture prend de l’importance. Il y a un appel à repenser les approches éducatives, avec pour objectif de réduire l’écart entre l’enseignement en classe et les attentes des organisations professionnelles, avec la reconnaissance du besoin de mieux aligner les compétences enseignées avec les exigences du monde professionnel», a argumenté le Dr Hocine dans son intervention.

Ce dernier a noté que depuis 2020, une nouvelle politique de l’enseignement supérieur vise à élever le niveau de qualification et préserver la qualité de la recherche, en favorisant sa traduction en emplois.

Pour relever le défi de l’adéquation, l’intervenant préconise d’activer plusieurs interfaces entre l’université et le milieu économique, tels les bureaux de liaison, les maisons de l’entrepreneuriat, les incubateurs et autres, tout en s’appuyant sur des associations d’anciens étudiants pour profiter de leur expérience. Ces derniers seront appelés à jouer le rôle de «mentors» pour assurer une formation et des stages au profit des futurs diplômés.


 


 

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