Les maisons traditionnelles qui subsistent encore dans plusieurs villages à travers l’Algérie sont un patrimoine matériel et immatériel légué par leurs constructeurs, mais aussi par ceux qui y ont vécu, et il faut les préserver, ont souligné les organisateurs et les participants au 3e Festival du patrimoine bâti, ouvert mercredi dans la commune d’Abi Youcef, à une cinquantaine de kilomètres à l'extrême sud de Tizi Ouzou.
La troisième édition de cet événement, abrité par le village Tazrouts et initié par l'association culturelle, Gamel At Umejqan, en collaboration avec d’autres partenaires, a été l’occasion de réitérer l’importance de pérenniser ce patrimoine bâti qui véhicule un savoir-faire et un savoir-vivre
«La maison traditionnelle est le témoin d’un savoir-faire architectural et de construction spécifique, et grâce à sa fonctionnalité, elle raconte aussi le mode de vie simple, en harmonie avec la nature, de ses habitants», a relevé Amokrane Ben Hadji, membre de l’association Gamel At Umejqan, cité par l'APS. Nostalgiques, des vieilles dames du village se rappellent lorsque toute la famille se réunissait sous un seul toit, celui de «Tazeqa» qui est la pièce principale de la maison traditionnelle kabyle composée d’autres pièces de moindre gabarit, d’une cour et d’un jardin potager dit «aqwir», et parfois d’un étage supérieur, voire deux. Construite en pierres sèches induites d’argile et dotée d’un toit en tuiles, jadis fabriquées localement, d’un plafond en roseaux et chaume, et d’une petite fenêtre, l’ancienne maison était fraîche en été et chaude en hiver, elle nous préservait des aléas climatiques, se souviennent nombre d’entre elles. L’association Gamel At Umejqan, consciente de l’importance de ce patrimoine, s’est lancée dans un chantier de restauration d’anciennes maisons de Tazrouts, comme elle a fait appel à des spécialistes et des universitaires pour animer, à l’occasion de cette nouvelle édition du festival, un colloque sur la thématique du patrimoine bâti et de sauvegarde et valorisation, par l’exploitation d’éléments architecturaux de l’habitat traditionnel dans les constructions modernes, a indiqué M. Ben Hadji.
Pour mettre en avant ce patrimoine bâti, une riche exposition est aussi organisée à travers les ruelles étroites du village Tazrouts, où 140 exposants issus de 28 wilayas du pays, selon les organisateurs, tiennent des stands pour exposer différents objets de l’artisanat local, mais aussi des objets et des pièces du mobilier qui ornaient les maisons, jadis. A propos de cette «forte» participation, le président de l’Assemblée populaire communale d'Abi Youcef, Abderrahmane N'ait Saâda, qui a donné le coup d’envoi de l’événement, a indiqué que sa commune et le village Tazrouts sont devenus le carrefour d’hôtes venus des quatre coins de l’Algérie.
«Ce festival est un espace fédérateur puisqu’aujourd’hui des représentants de 28 wilayas se rencontrent à Tazrouts dans un espace collégial et convivial», a-t-il dit. Le Festival du patrimoine bâti se poursuivra jusqu’à aujourd'hui. Des ateliers sur le patrimoine bâti et de la restauration des maisons anciennes, de l’animation culturelle et des visites guidées du village sont au menu de l'événement.