Plusieurs syndicats remettent en cause l’absence d’encadrement compétent, de moyens…
Concernant le BEM, dont les résultats ont été annoncés cette semaine, des wilayas, pratiquement les mêmes, restent toujours à la traîne. Même si le ministère préfère ne pas le communiquer officiellement, le Grand Sud et certaines wilayas des Hauts-Plateaux détiennent toujours le triste record. Quelles explications ? Nos interlocuteurs s’accordent sur les mêmes causes.
D’abord le déficit en encadrement. Boulem Amoura, SG du Satef, affirme que 90% des enseignants à Timimoun sont des contractuels, les titulaires, sont, eux, affectés à la Direction de l’éducation (DE) pour des tâches administratives. Ahmed Fettoum, coordinateur national autonome des directeurs des lycées (CNADL), insiste sur ce point en affirmant qu’il y a un manque de stabilité des enseignants.
Une fois le Capes (Certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré) obtenu, les enseignants préfèrent, affirme-t-il, rejoindre les wilayas du Nord, dites favorisées. Pour lui, le chef d’établissement est contraint de faire appel, dans l’urgence, à des enseignants hors spécialité, surtout qu’il n’existe pas de mesures incitatives pour favoriser l’installation des enseignants dans les régions reculées. «Recruter un licencié en sciences économiques pour enseigner le français, c’est préparer les élèves à l’échec», tranche M. Fettoum.
La question des langues étrangères est posée d’une manière sérieuse dans ces régions mal classées. «Il existe une faiblesse flagrante en langues étrangères dans ces wilayas», estime Sadek Dziri, président de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef), qui appelle à la nécessité de procéder à une étude sociologique et pédagogique pour expliquer le «recul» des résultats dans certaines wilayas, en prenant en considération l’enseignement depuis le primaire et surtout d’autres facteurs sociologiques et culturels, explique le syndicaliste.
Absence d’équipements
Selon Ahmed Fettoum, il est primordial de procéder à la classification des établissements selon des indicateurs précis, de façon à mettre en place une grille des salaires plus attractive et incitative pour l’encadrement en prenant en compte la particularité de chaque région. Même avis de Sadek Dziri. Plusieurs wilayas, selon lui, ne bénéficient pas des mêmes avantages pour attirer des compétences.
Le Coordinateur national autonome des directeurs des lycées (CNADL) réitère sa proposition de fiche de synthèse (comptabiliser tout le travail de l’année) qui aidera l’élève en cas de rachat.
Une manière de garder les élèves le plus tard possible dans l’établissement. D’ailleurs, une coutume s’est installée dans ces régions : la reprise des classes ne se fait pas en septembre à l’instar des autres wilayas, «ce qui fait que l’année scolaire n’est pas pleine», regrette M. Fettoum.
Outre l’encadrement, l’accompagnement des élèves est mis en avant pour expliquer les faibles résultats dans ces régions. Autrement dit, selon Kamel Nouari, directeur du CEM à Médéa, les enfants sont appelés à d’autres tâches. «Dans une commune à Laghouat, deux jours par semaine, l’établissement est déserté par ses élèves. Ces derniers sont appelées à accompagner leurs parents au marché hebdomadaire.
C’est le justificatif que nous recevons chaque fois», témoigne M. Fettoum. L’autre cause avancée : les conditions climatiques constituent un «frein», d’autant qu’en hiver par exemple et avec le manque de chauffage, les élèves ne sont pas accueillis dans des conditions de travail adéquates, selon M. Nouari qui dénonce par ailleurs le manque de rigueur et de contrôle des inspecteurs.