Enseignement supérieur : Colère des détenteurs de doctorat face au «chômage des élites universitaires»

31/05/2022 mis à jour: 23:26
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Face à la montée au créneau des détenteurs de doctorat et de magistère, qui se plaignent du chômage des élites universitaires, le ministre de l’Enseignement supérieur a annoncé, samedi à Batna, le lancement d’une plateforme pour recueillir les dossiers des candidats aux postes de maîtres-assistants de classe B, via le système Progres. Cela sera-t-il suffisant pour apaiser leur colère ?

Quatre titulaires de doctorat ont entamé le 25 mai une grève de la faim illimitée afin de faire valoir leur «droit au travail». Ils s’indignent notamment, dans un communiqué, du chômage des élites universitaires, demandant au président de la République d’intervenir d’urgence pour régler leur problème. Se plaignant des «pressions» dont ils font l’objet, ils tiennent le département de l’Enseignement supérieur pour responsable du «pourrissement» de leur situation.

Le recrutement direct des titulaires de doctorat est inscrit, selon eux, dans l’article 80 de l’ordonnance 06-04 de la Loi fondamentale des établissements universitaires et de formation. A en croire les contestataires, les universités algériennes connaissent une pénurie de personnels estimée à environ 40 000 enseignants-chercheurs, ce qui a des répercussions négatives qui menacent l’université, en privant les étudiants de leur droit à une formation et à un encadrement scientifique selon les normes internationalement reconnues.

Ils ont également exprimé leur opposition à l’instruction ministérielle conjointe relative à l’emploi des titulaires de doctorat et à la suite de la décision du 7 avril 2022, en la classant dans la Fonction publique. Il s’agirait, à leurs yeux, d’un «processus de dilution» du problème.

Il est à rappeler, à ce propos, que quelques dizaines de titulaires de doctorat organisent depuis le 19 mai des sit-in quotidiens devant le siège du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour faire valoir leur «droit au travail».

De son côté, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdelbaki Benziane, a expliqué que le secteur a ouvert 2186 postes budgétaires pour l’année 2022. «L’étude des dossiers et l’organisation des entretiens se dérouleront au niveau de chaque établissement universitaire concerné par le recrutement externe des maîtres-assistants de classe B», a souligné le ministre.

Il a, dans ce sens, précisé, lors d’une rencontre avec la famille universitaire à l’université Batna 1, que le secteur a alloué pour la première fois 250 postes budgétaires pour employer des titulaires de doctorat dans les grades affiliés aux corps communs et aux corps spéciaux, dans le but de renforcer l’encadrement administratif de qualité dans les établissements du secteur, en concrétisation de l’instruction interministérielle n° 01 du 15 septembre 2021, qui comporte des mesures pour l’emploi des titulaires d’un diplôme de doctorat ou d’un diplôme reconnu par son équivalence dans les établissements publics, les administrations publiques et les établissements économiques.

Ceci, ajoute Abdelbaki Benziane, entre dans le cadre de la concrétisation du programme de travail du secteur visant à améliorer la qualité de la formation et de la recherche qui nécessite une meilleure qualité de l’encadrement et son renforcement, appelant tous les acteurs et les compétences universitaires à s’engager dans la stratégie adoptée par le secteur pour mettre en œuvre son programme de travail, inscrit dans le plan de travail du gouvernement pour la période 2021-2024.

La plateforme numérique devra ainsi, selon lui, collecter les candidatures pour sélectionner les responsables des œuvres universitaires au niveau local et national, y compris les directeurs de résidence et les responsables des œuvres universitaires.

Le même ministre avait affirmé, le 18 avril 2022, «l’impossibilité» d’un emploi direct pour les titulaires d’un doctorat, en raison du nombre considérable d’étudiants (plus de 5000) obtenant ce diplôme chaque année. C’est ce qui a incité le département à «réfléchir» à trouver de nouveaux espaces permettant de les embaucher, notamment au niveau de l’emploi public ainsi que des institutions «économiques et sociales»

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