Enquête sur l’assaut du Capitole aux États-Unis : Steve Bannon, ex-conseiller de Trump, reconnu coupable d’entrave

24/07/2022 mis à jour: 07:15
AFP
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Steve Bannon, ex-proche conseiller de Donald Trump, a été reconnu vendredi coupable d’entrave aux prérogatives d’enquête du Congrès par un tribunal fédéral, après avoir refusé de coopérer avec la commission sur l’assaut du Capitole.

L’homme de 68 ans, figure du populisme de droite aux Etats-Unis et directeur de la campagne à succès de Donald Trump en 2016, connaîtra sa peine en octobre. Le jury d’un tribunal fédéral de Washington a délibéré pendant moins de trois heures vendredi pour conclure à sa culpabilité pour les deux chefs d’inculpation qui pesaient contre lui. Il encourt entre un mois et un an de prison pour chacun de ces chefs.

Même après avoir été écarté de la Maison-Blanche en août 2017, Steve Bannon était resté proche de Donald Trump et avait échangé avec lui le jour précédant l’attaque du 6 janvier 2021 contre le siège du Congrès.

Pour connaître la nature de leurs discussions, la commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur le rôle de l’ancien Président dans ce coup de force avait assigné Steve Bannon à témoigner et à produire des documents.

Il avait refusé, invoquant le droit des Présidents à garder certaines conversations secrètes, ce qui lui avait valu d’être inculpé d’«entrave» au travail du Congrès. «Nous avons peut-être perdu une bataille aujourd’hui mais nous ne perdrons pas la guerre», a lancé M. Bannon à des journalistes après l’énoncé du verdict. «Je soutiens Trump et la Constitution.»

Appel aux urnes

«Je vais me battre jusqu’au bout», a déclaré dans la soirée de vendredi Steve Bannon, invité sur Fox News, ajoutant que «nous avons un long processus d’appel» à venir. «Je pense que la loi est avec nous sur nombre de points.»

L’ex-conseiller politique a aussi appelé les téléspectateurs à battre les démocrates aux élections législatives de mi-mandat en novembre, afin qu’un Congrès dominé par les républicains ouvre, propose-t-il, sa propre commission d’enquête sur l’assaut du Capitole. «Nous avons besoin d’une vraie commission du 6 janvier», a-t-il dit face au présentateur vedette Tucker Carlson.

De leur côté, le président démocrate de la commission d’enquête parlementaire sur l’assaut du Capitole, Bennie Thompson, et la présidente adjointe, la républicaine Liz Cheney, ont salué la décision du tribunal comme «une victoire pour l’Etat de droit». «Quiconque fait obstruction à notre enquête sur les faits doit faire face aux conséquences», ont-ils déclaré dans un communiqué.

A l’ouverture des débats mardi, la procureure Amanda Vaughn avait accusé Steve Bannon de se croire «au-dessus de la loi». M. Bannon a «ignoré les ordres d’obtempérer, même après que le Congrès ait rejeté ses prétextes, et a balayé de nombreux avertissements selon lesquels il ferait face à des poursuites s’il ne se pliait pas à l’assignation à comparaître comme il était tenu de le faire», avait ajouté Mme Vaughn.

Défense silencieuse

Selon elle, la commission avait des raisons légitimes de penser qu’il pourrait avoir, comme d’autres proches du Président, des informations sur les liens entre Donald Trump et ses partisans qui ont pris d’assaut le Capitole alors que les parlementaires certifiaient la victoire du démocrate Joe Biden à la présidentielle. La défense n’a pas produit de témoins au procès, débuté lundi par la sélection des jurés, et Steve Bannon n’a pas pris la parole pour se défendre.

Son avocat Evan Corcoran a cependant dénoncé des poursuites politiques, assurant que «personne n’a(vait) ignoré l’assignation à comparaître» et que des négociations avaient même eu lieu avec la commission concernant sa date de déposition. A l’approche de son procès, Steve Bannon avait accepté de coopérer avec les parlementaires. Les procureurs avaient dénoncé «un revirement de dernière minute afin d’éviter» une condamnation et le juge en charge du dossier avait souhaité maintenir le procès.

Contempteur virulent de l’establishment politique, Steve Bannon est étroitement associé aux idées de la droite extrême, dont il a assuré la promotion directement auprès de Donald Trump, quand le magnat des affaires est entré à la Maison-Blanche en 2017. Il dirigeait auparavant le site d’information controversé Breitbart, plaque tournante de la «droite alternative», mouvement associé à certaines thèses conspirationnistes et comptant nombre de militants convaincus de la supériorité de la race blanche. 

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