La Confédération des syndicats autonomes (CSA) alerte le gouvernement sur «les conséquences de la dégradation de la situation socioéconomique des travailleurs, aggravée par la propagation de la pandémie de Covid-19».
«Après avoir attendu l’application de la décision du Conseil des ministres d’améliorer le pouvoir d’achat, qui a baissé de 60% durant la dernière décennie, et devant la hausse vertigineuse des prix et la dévaluation de la monnaie nationale, les hausses de salaire dues à la réduction de l’IRG et la décision de reporter l’augmentation du point indiciaire ont choqué les fonctionnaires», signale un communiqué rendu public hier, à l’issue de la réunion du bureau de la CSA.
La quinzaine de syndicats autonomes de la Fonction publique (Satef, Cnapeste, Cela, Snapeste, Unpef, SNPSP, Safi,…), signataires de la déclaration, constatent que les décisions du gouvernement ont «enfoncé» davantage les travailleurs «dans la pauvreté et le besoin malgré l’amélioration des finances publiques due à la hausse des prix des hydrocarbures sur le marché mondial».
Début octobre 2021, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné au gouvernement de «prendre des dispositions immédiates pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens». A ce titre, il a exigé la réduction de l’Impôt sur le revenu global (IRG), l’augmentation du point indiciaire dans la Fonction publique. Ces décisions devaient permettre, dès le mois de janvier, une augmentation des salaires, laquelle évolue selon le niveau du revenu, suivant un barème progressif composé de six paliers de calcul (Direction générale des impôts, DGI).
Visiblement déçus par les dernières augmentations, les syndicats réitèrent les mêmes revendications longtemps soumises aux autorités : hausse du pouvoir d’achat, révision de la grille des salaires, droit à la retraite anticipée et sans condition d’âge, actualisation des primes de zone, généralisation de la prime de performance, levée des blocages sur l’action syndicale.
Les syndicats refusent tout «report» de la hausse du point indiciaire et exigent l’«application» de la décision du Président prise en Conseil des ministres. Refusant toute augmentation que le gouvernement décidera «comme calmant pour les fonctionnaires et les travailleurs», les syndicats exigent la révision de la politique salariale pour «permettre la justice dans la distribution de la richesse nationale en adéquation avec la nouvelle réalité».
S’agissant de l’action syndicale, les syndicats, dont leur confédération n’a pas pu avoir son agrément, souhaitent que les nouveaux amendements de la loi 90-14 d’exercice du droit syndical, annoncés par les pouvoirs publics, «soient conformes aux conventions internationales (n°87, 97…) ratifiées par l’Algérie, particulièrement en matière de création des confédérations, de représentativité syndicale et de négociations collectives, en plus de la promotion et l’assouplissement des libertés syndicales, particulièrement concernant l’exercice du droit de grève et des libertés de rassemblement et de manifestation, tout en garantissant la protection des syndicalistes, conformément à la nouvelle Constitution».
La Confédération demande aussi les pouvoirs publics à permettre aux retraités de créer leurs propres syndicats pour défendre leurs droits matériels et moraux (cas de l’Organisation nationale des retraités algériens - OSRA). La CSA appelle les travailleurs de tous les secteurs à «renforcer leurs rangs pour défendre leur dignité et leurs droits légitimes».