La justice tunisienne a de nouveau placé en détention hier Ayachi Zammel, l’un des deux candidats à la présidentielle du 6 octobre en Tunisie face au président sortant Kais Saied, pour «falsification de parrainages», a indiqué son avocat, cité par l’AFP.
«Le tribunal de Jendouba (nord-ouest) a décidé d’émettre un mandat de dépôt et de le placer en détention provisoire, en attente d’une «audience fixée au 11 septembre», a ajouté son défenseur, Me Abdessatar Messaoudi.
Interpellé lundi, Ayachi Zammel a été remis en liberté provisoire jeudi soir en attente d’un procès dans une autre affaire de «falsification de parrainages» par le tribunal de Manouba, dans la banlieue ouest de Tunis. Mais à peine relâché, le candidat a été interpellé puis emmené par la garde nationale à Jendouba, à 150 km au nord-ouest de Tunis. Au total, «25 enquêtes» séparées sont menées actuellement par la justice à l’encontre de collecteurs de signatures d’électeurs en faveur de A. Zammel, selon Me Messaoudi.
Cependant, à moins d’une condamnation définitive, être en état d’arrestation n’empêche théoriquement pas M. Zammel, chef d’un petit parti libéral peu connu, de se présenter à l’élection. Lors du précédent scrutin de 2019, l’homme d’affaires Nabil Karoui était au second tour alors qu’il se trouvait en prison. Le président Saied, 66 ans, élu démocratiquement en 2019, est accusé de dérive autoritaire depuis un coup de force le 25 juillet 2021 par lequel il s’est octroyé les pleins pouvoirs.
Ayachi Zammel, un industriel de 43 ans, est l’un des trois candidats retenus dans une liste «définitive» dévoilée lundi par l’autorité électorale, Isie, aux côtés du président Kais Saïed et de Zouhair Maghzaoui, 59 ans, un ancien député de la gauche panarabiste.
L’autorité a écarté trois autres concurrents de K. Saied considérés comme particulièrement sérieux, rejetant des décisions du Tribunal administratif les réintégrant dans la course présidentielle.
Jeudi, l’Union européenne (UE) a dénoncé des atteintes à la démocratie en Tunisie après l’arrestation de A. Zammel et l’exclusion des trois autres candidats, regrettant des décisions ayant pour conséquence de «limiter l’éventail de choix pour les citoyens tunisiens ». «Les derniers développements témoignent d’une limitation continue de l’espace démocratique» en Tunisie», a déploré une porte-parole du service diplomatique de l’UE. Mercredi, l’ONG Human Rights Watch a accusé l’Isie d’«être intervenue pour fausser le scrutin en faveur de Saied».
Le processus de sélection des candidats a été jugé particulièrement difficile cette année, notamment la collecte des 10 mille parrainages nécessaires (d’au moins 500 électeurs dans dix circonscriptions différentes). HRW a déploré en outre qu’«au moins huit» postulants potentiels ont été «condamnés, emprisonnés ou poursuivis», les empêchant d’être candidat.