Égalité des genres dans le milieu professionnel : Les femmes exclues des hautes fonctions

18/05/2022 mis à jour: 05:58
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Même si elles se sont imposées sur le marché du travail, les femmes sont exclues des postes de responsabilité et de décision. C’est le constat établi par les participants à la conférence-débat sur l’égalité des genres en milieu professionnel, ce lundi à Alger.

Les participants à l’événement, organisé par l’Association des femmes cadres algériennes (Afcare) en partenariat avec Philip Morris International et Emploitic, ont débattu de la question de l’inclusion économique des femmes en milieu professionnel. Plusieurs aspects liés à cette problématique ont été traités, à savoir l’équité salariale, l’accès des femmes aux postes de responsabilité et les freins de la société à leur accès au travail. «Les femmes, certes, se sont imposées sur le marché du travail, cela n’est venu facilement, mais après un long combat.

Toutefois, elles subissent une véritable exclusion des postes de décision et de responsabilité. Cela n’est pas un jugement hâtif, puisque les chiffres en témoignent. Plus de 61% sont dans les administrations en qualité de cadres et cadres supérieurs, 22% dans les postes d’encadrement supérieur (chef de bureau) et seulement 18% dans les hautes fonctions de l’Etat. Pourtant, la législation plaide pour l’égalité des genres en matière d’emploi et de recrutement», a déclaré Aïcha Kouadri, présidente d’Afcare.

En matière d’égalité salariale, Christian Akiki, directeur général de Philip Morris Algérie, entreprise détentrice de la certification internationale Equal-Salary, a estimé que sur cette question, le rôle des entreprises est «indéniable, voire indispensable». «Nous nous sommes engagés à fournir un environnement de travail de qualité où priment l’équilibre entre les genres, la diversité ainsi que l’inclusion, qui représentent en même temps des leviers majeurs de notre transformation et qui nous ont valu de nombreuses distinctions en matière de pratiques managériales. Nous attachons beaucoup d’importance à l’égalité salariale. D’ailleurs, Philip Morris International a été la première entreprise internationale à obtenir la certification Equal-Salary, une preuve de la consécration de l’équité salariale dans notre groupe», soutient-il.

Malgré les indices positifs quant à l’accès des femmes aux différents postes de travail, l’emploi et le chômage féminins restent sous évalués. Le volume de l’emploi féminin s’élève à 2 620 000 en 2019, soit 20,4%. Il est majoritairement urbain et salarié, avec un pourcentage de 78,51%. Représentativité disparate

Ces chiffres fournis par l’Office national des statistiques (ONS) témoignent du manque de visibilité de la participation des femmes à l’activité économique étant donné que ce chiffre ne prend pas en considération le travail des femmes dans le secteur agricole, les aides familiales et les travailleuses à domicile, encore moins celles qui activent dans l’informel.

Ce qui n’est pas le cas dans d’autres secteurs, tels que la justice, l’administration et l’éducation. La femme y occupe un espace important. D’après les chiffres fournis par Mme Kouadri, de l’association Afcare, le taux de présence des femmes dans les hautes fonctions de l’Etat est passé de 21% en 2016 à 16,4% en 2018, un taux qui repart à la hausse en 2020 et qui atteint les 18,34% (source DGFP). Il reste cependant très faible par rapport aux potentialités réelles des femmes qui représentent plus de 60% de la catégorie cadres et cadres supérieurs avec un niveau d’enseignement supérieur.

Cette disparité trouve une explication dans les nombreux obstacles qui entravent l’accès des femmes aux postes de décision, notamment le manque de structures permettant de concilier vie professionnelle et vie familiale, telles que les crèches et garderies d’enfants. Ce n’est pas tout, puisque les femmes rencontrent plusieurs freins en matière de mobilité pour occuper des postes de responsabilité et de hautes fonctions de l’Etat.

Abordant le sujet, Louai Djaffer, directeur général d’Emploitic, évoque toutefois des indicateurs positifs sur le marché du travail. Il estime que l’égalité des chances homme/femme pour l’accès à l’emploi et aux postes de management devient un véritable avantage compétitif pour les entreprises conscientes de l’impact de l’inclusion et de la diversité sur l’attraction et la rétention des talents et donc sur leur performance. «L’une des dernières études que nous avons menées montre que près de 60% des candidats pourraient refuser une offre d’emploi, si l’entreprise en question ne partageait pas leurs valeurs en termes de diversité et d’inclusion.

Les motivations des demandeurs d’emploi ont complètement changé. Le salaire ne figure pas dans le top 5. La première motivation est l’apprentissage et la formation, puis avoir de bonnes relations au travail. Elle est suivie par les possibilités d’évolution de carrière, puis la sécurité du travail par la nature du contrat de travail (CDI). Une PME est mieux qu’une TPE, puis le choix entre le secteur public ou privé.

Depuis la crise sanitaire, le respect de la vie privée et familiale est en 5e place des motivations des demandeurs d’emploi», ajoute notre interlocuteur, qui souligne également que les femmes qui ont répondu à cette enquête ont dévoilé chercher l’épanouissement et l’indépendance par le travail et 74% d’entre elles pensent que les chances d’accès au travail sont assez équitables.

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