La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a lancé hier une nouvelle campagne pour l’indépendance de l’Ecosse, en dévoilant le premier d’une série de livres blancs plaidant pour une rupture avec le Royaume-Uni.
«Après tout ce qui est arrivé, le Brexit, la Covid, (le Premier ministre britannique) Boris Johnson, il est temps de présenter une vision différente et meilleure», a déclaré Mme Sturgeon lors d’une conférence de presse, selon des propos recueillis par l’AFP.
«Il est temps de parler d’indépendance», a ajouté la cheffe du parti indépendantiste SNP, estimant avoir «un mandat démocratique incontestable» en ce sens après la victoire de sa formation aux élections locales en 2021. Nicola Sturgeon souhaite organiser d’ici 2023 un nouveau référendum d’autodétermination en Ecosse, malgré une première consultation, où 55% des électeurs avaient rejeté l’indépendance en 2014 et malgré le refus du gouvernement de Londres.
Elle estime que le Brexit, auquel les Ecossais se sont opposés, a changé la donne et que la nation doit désormais pouvoir rejoindre l’Union européenne en tant qu’Etat indépendant.
«Le Brexit nous a arrachés de l’UE et du marché unique contre notre volonté, avec des dommages énormes pour le commerce, les conditions de vie et les services publics», a-t-elle plaidé.
«En cette période cruciale, (...) restons-nous liés à un modèle économique et social britannique qui nous contraint à des résultats économiques et sociaux décevants, lesquels empireront probablement plutôt que de s’améliorer en dehors de l’Union européenne ?» s’est interrogée Nicola Sturgeon.
«Ou levons-nous au contraire nos yeux avec espoir et optimisme et inspirons-nous de pays comparables à travers l’Europe ?» Le premier document publié hier, qui analyse les performances de dix pays européens comme l’Irlande, la Suisse ou la Belgique, montre que ceux-ci sont «plus prospères, plus justes et plus productifs que le Royaume-Uni», a souligné la dirigeante.
«Pourquoi pas l’Ecosse ?» dotée d’abondantes ressources énergétiques, d’une importante industrie agroalimentaire et d’un riche patrimoine naturel, a-t-elle soutenu. D’autres documents suivront dans les prochains mois, sur la monnaie, les finances publiques, la sécurité sociale, le commerce, la défense et la sécurité, ou encore l’appartenance à l’Union européenne.
Boris Johnson, qui a le dernier mot pour autoriser ou non ce référendum, s’y oppose fermement, estimant qu’une telle consultation ne peut se produire «qu’une fois par génération». «Ce gouvernement n’a pas de respect pour la démocratie», a déploré Nicola Sturgeon. «Nous avons un Premier ministre sans autorité démocratique en Ecosse et sans autorité morale partout au Royaume-Uni.»