Après Pegasus, les Marocains viennent d'acquérir, auprès des Emirats arabes unis, un équipement d’espionnage très sophistiqué appelé «Stratigne». Ce matériel installé à la frontière Est est destiné à espionner, entre autres, l’Algérie, avons-nous appris de sources dignes de foi. A travers l’acquisition et le déploiement à la frontière avec l’Algérie de ce nouveau matériel d’espionnage, le royaume du Maroc ne fait que confirmer sa politique belliqueuse à l’encontre de ses voisins. Ce n’est pas seulement l’Algérie et le Front Polisario qui sont visés par la tentation du makhzen de mettre sur écoute les personnalités, les institutions et leurs forces vives. Mais c’est également à toute la région du Maghreb –la Tunisie, la Mauritanie, voire la Libye – jugée hostile à ses visées expansionnistes, que les services de renseignements marocains veulent étendre le champ d’action de leur réseau d’espionnage. Après avoir échoué diplomatiquement à susciter le soutien et l’adhésion de la communauté internationale à son projet funeste de colonisation du Sahara occidental, il ne reste au makhzen que les pratiques mafieuses érigées en doctrine de l’Etat pour tenter de rebondir. Peine perdue. Le makhzen est sommé aujourd’hui de rendre des comptes après avoir bénéficié de l’impunité depuis l’éclatement du scandale d’espionnage, via le logiciel espion israélien Pegasus, de hautes personnalités de pays occidentaux dont, entre autres, le président français Emmanuel Macron et le président du Conseil des ministres espagnol Pedro Sanchez. Des enquêtes purement formelles ont été certes ouvertes, pour la consommation interne, dans certaines capitales occidentales, mais vite étouffées pour raison d’Etat. Le scandale de corruption des eurodéputés «le Marocogate», qui a ébranlé le Parlement et les institutions européens et dénudé le royaume marocain, a remis au goût du jour le dossier de l’espionnage Pegasus. Le Parlement européen, attaqué de toutes parts, sa crédibilité entachée, tente de reprendre la main en décidant d’ouvrir, enfin, ce dossier explosif. Les eurodéputés qui se sont tus sur l’espionnage de leurs hauts responsables politiques, des hommes des médias, seront surpris de découvrir que les membres de la délégation marocaine qui avaient leurs quartiers à Bruxelles et dans les autres institutions, sont les yeux et les oreilles des services de renseignement marocains déjà épinglés par les révélations du Marocogate.