Diplomatie et coopération économique et sécuritaire : L'Algérie reprend la main en Afrique

13/03/2023 mis à jour: 20:19
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Photo : D. R.

Alger, sur le plan économique, se donne les moyens d'être un interlocuteur qui joint l'acte à l'engagement. En février dernier, lors du sommet de l'UA tenu à Addis-Abeba (Ethiopie), le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé la mobilisation d'un milliard de dollars pour financer «des projets de développement dans les pays africains».

Alger s'emploie à confirmer son entrain diplomatique, notamment en direction des pays africains. Cet axe de travail stratégique adopté par la nouvelle direction politique du pays se consolide de plus en plus à travers un redéploiement sur plusieurs fronts dans un continent devenu terrain de confrontations, sourdes ou déclarées, pour plusieurs puissances et échiquier régional où se développent des luttes de leadership dans lesquelles notre pays a plusieurs arguments à faire valoir.

La visite d’Etat qu’effectue le président ougandais depuis samedi à Alger est une autre séquence du retour au bilatéralisme diplomatique, après plus de deux décennies dominées plutôt par l'entretien de relations multilatérales dans le cadre notamment d'organisations continentales, comme  l'Union africaine (UA).

Les discussions amorcées hier entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et son homologue ougandais Yoweri Museveni ont concerné les secteurs des Affaires   étrangères, de l’Agriculture, de l’Energie, du Commerce, de l’Industrie et de l’Enseignement supérieur.
Alger, sur le plan économique, se donne les moyens d'être un interlocuteur qui joint l'acte à l'engagement.

En février dernier, lors du sommet de l'UA tenu à Addis-Abeba (Ethiopie), le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé la mobilisation d'un milliard de dollars pour financer «des projets de développement dans les pays africains».

C'est le plus grand fonds alloué à l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement depuis sa création en 2020. L'organisme gouvernemental, à forte prédilection africaine, est chargé de mettre en œuvre «les procédures d’exécution de cette initiative stratégique en coordination avec les pays africains souhaitant en bénéficier», avait cité l'APS.

Un statut à regagner

Alger vise ainsi à bien camper son statut de plus grand pays africain, ayant l’ambition de reprendre de la voix en Afrique grâce à sa position géostratégique, ses arguments politiques et sécuritaires, et  disposant aujourd’hui du nerf de la guerre, les finances, pour bien la mener dans un continent en jachère, voire en détresse économique.

Le mois de juillet dernier, Les ministres de l’Energie, algérien, nigérian et nigérien, ont signé un mémorandum d’entente pour la réalisation du projet du Gazoduc Transsaharien (TSGP). Un méga-projet de transport de gaz vers l'Europe et reliant les trois pays sur un tracé dépassant les 4000 km.

A l'ombre des accords portant sur des engagements stratégiques, l'Algérie multiplie, par ailleurs, les initiatives dans son voisinage continental immédiat, en direction notamment des pays du Sahel.  L'été dernier, la réalisation d'une route reliant Tindouf à Zoueirat, en Mauritanie (tracé de 773 km, dont 77 km seulement sur territoire algérien), a été ainsi annoncée par les autorités.

Des groupements d’entreprises algériennes, composés des groupes Cosider, Gitrama et le Groupe des travaux routiers et d’ouvrages arts (GITRA), sont chargés de la réalisation, avec promesse de livraison dans un délai de 36 mois.

«Le projet vise à contribuer au renforcement de l’intégration maghrébine et africaine et à favoriser et faciliter les échanges commerciaux entre les pays concernés avec le reste de l’Afrique», avait expliqué des responsables du ministère des Travaux publics, reprenant la substance de l'ambition diplomatique décidée en haut lieu.

Ce projet viendra en appui à une vocation franchement affichée depuis quelques années pour le placement de produits algériens sur le marché africain, d'autant que celui-ci est fortement demandeur dans le contexte de la crise mondiale en cours.

Acteur de développement

Longtemps peu investi par la diplomatie nationale, le thème économique est désormais un levier central sur lequel compte le pays pour regagner le terrain perdu et en conquérir.

Cet effort intervient aussi en réponse à une boulimie marocaine tournée vers la conquête, sans grands frais, de places financières sans effets structurants en matière de développement dans les pays africains, et escomptant plutôt de la réclame et de l'influence politique conjoncturellement intéressée. Sur ce plan, l'Algérie concède à renoncer à un dogme : en décembre dernier, le directeur général de la Banque extérieure d'Algérie (BEA) a annoncé l'ouverture de deux banques algériennes au Sénégal et en Mauritanie.

Ces deux établissements financiers seront créés par quatre banques publiques, à savoir la BEA, la Banque nationale d’Algérie (BNA), le Crédit Populaire d’Algérie (CPA) et la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR).

La proximité renouvelée avec la Tunisie, avec des apports ponctuels pour le secours des finances en crise du pays de Kaïs Saïed, est un autre gage de l'engagement algérien à peser favorablement dans les enjeux de développement et de stabilité. Un engagement qui se couple désormais à l'implication diplomatique dans la résolution des tensions qui perdurent en Libye et au Mali, entre autres.

Face aux répliques du contexte mondial sur le continent, avec cette course plus ou moins discrète à plus d'influence, entre Américains et Russes comme grands gabarits, et le déclin de plus en plus patent de l'ascendant français dans ses nombreuses anciennes colonies, Alger semble bien déterminée à se placer en acteur dans les révisions en cours, en tout cas à compter en interlocuteur de premier plan. 

 

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