Google a décidé de retirer une publicité diffusée au début des Jeux olympiques de Paris, qui montrait comment son modèle d’intelligence artificielle (IA) peut aider les enfants à écrire une lettre à leurs idoles, et avait indigné de nombreux téléspectateurs.
«La publicité avait eu de bons retours lors des tests en amont, mais nous avons décidé, au vu des réactions, de la retirer de nos annonces liées aux JO», a confirmé une porte-parole du groupe américain à l’AFP vendredi. Le clip montrait un père racontant la passion de sa fille pour la course à pied et son adoration pour l’athlète américaine Sydney McLaughlin-Levrone, reine du 400 m haies. Il faisait ensuite appel à Gemini, le modèle d’IA générative de Google, pour rédiger une lettre : «Gemini aide ma fille à écrire une lettre pour dire à Sydney à quel point elle est une source d’inspiration.
Et n’oublie pas de mentionner que ma fille a l’intention de battre un jour son record du monde.» Les commentaires avaient fusé sur les réseaux sociaux, reprochant à Google de ne pas encourager les enfants à faire preuve de créativité. «C’est exactement ce que nous ne voulons pas que les gens fassent avec l’IA. Jamais», avait réagi Shelly Palmer, professeur des médias à l’université de Syracuse (nord-est des Etats-Unis).
«Le père dans la vidéo n’encourage pas sa fille à apprendre à s’exprimer. Au lieu de la guider pour qu’elle utilise ses propres mots (...), il lui apprend à s’en remettre à l’IA pour cette compétence humaine essentielle», continuait-il dans un billet de blog. Contacté par l’AFP, Google avait répondu mardi : «Nous pensons que l’IA peut être un outil formidable pour améliorer la créativité humaine, mais qu’elle ne pourra jamais la remplacer.» La porte-parole avait précisé que l’objectif était de montrer comment Gemini pouvait servir de «point de départ». Sur YouTube, les commentaires sous le clip publicitaire avaient été désactivés. Depuis la percée de ChatGPT (OpenAI), les géants de la tech déploient à grande vitesse des applications qui permettent de générer du texte, des images et d’autres contenus de bonne facture, sur simple requête en langage courant.
Le boom de cette technologie enthousiasme de nombreux utilisateurs. Mais il énerve aussi beaucoup de professionnels, notamment des enseignants, inquiets pour l’apprentissage de certaines compétences essentielles, et des artistes, qui accusent les entreprises d’avoir pillé leurs œuvres pour entraîner les modèles. En mai, Apple avait présenté des excuses après qu’une publicité pour son nouvel iPad Pro, montrant toutes sortes d’objets représentant la créativité humaine écrasés et remplacés par la tablette, avait suscité la colère de nombreux artistes.