Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a adressé, lundi, deux messages écrits, le premier au roi Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud, serviteur des deux Lieux Saints de l’islam, et le second, à l’émir de l’Etat du Koweït, Cheikh Nawaf Nawaf Al Ahmad Al Jaber Al Sabah. Les messages ont été remis par les ambassadeurs Nourredine Khendoudi et Abdelhamid Abdaoui, en qualité d’envoyés spéciaux du chef de l’Etat, respectivement au vice-ministre des Affaires étrangères de l’Arabie Saoudite, Walid Ben Abdelkrim Elkharidji, et au ministre des Affaires étrangères du Koweït, Cheikh Salem Abdallah Al Djaber Al Sabah. Les messages du chef de l’Etat au roi d’Arabie Saoudite et à l’émir du Koweït s’inscrivent dans le cadre «des contacts permanents, l’examen des aspects de coopération bilatérale et la poursuite des efforts pour défendre les causes et les intérêts de la nation arabe», souligne le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.
Il n’a échappé à personne que ces deux messages du président de la République, Abdelmadjid Tebboune ont un rapport direct avec l’actualité régionale, dans les territoires palestiniens, marquée depuis ces dernières heures par une inquiétante escalade de la violence à laquelle font face les populations civiles palestiniennes soumises à un déchaînement de haine et de répression de la part des forces d’occupation israélienne. Les éléments de langage utilisés dans les messages présidentiels sont en effet clairs, le curseur est bien mis sur «la poursuite des efforts pour défendre les causes et les intérêts de la nation arabe». L’usage du pluriel-singulier, pour des convenances diplomatiques évidentes, renvoie, on l’aura compris, à la situation difficile que traverse, en ce moment, la cause palestinienne, projetée au-devant de l’actualité internationale, suite à l’offensive lancée par l’armée d’occupation israélienne contre les populations palestiniennes. C’est à double titre que le président Tebboune a adressé des messages au roi d’Arabie Saoudite et a l’émir du Koweït, lesquels seront suivis, vraisemblablement, par d’autres de la même veine, à l’adresse d’autres dirigeants arabes. D’abord, pour exprimer la préoccupation, la solidarité et l’engagement, sans faille, de toujours, de l’Algérie aux côtés des frères palestiniens dans cette nouvelle dure épreuve qu’ils traversent. Ensuite, en sa qualité de Président en exercice de la Ligue des Etats arabes pour l’année 2023, l’Algérie, assurant la présidence de l’Organisation panarabe, depuis le dernier Sommet arabe tenu à Alger, début novembre 2022. Le contenu des missives de Abdemadjid Tebboune, qui reste au niveau du langage diplomatique, ne laisse rien transparaître sur l’initiative du président de la République, son objet et sa finalité. Ces concertations au Sommet entre le chef et président en exercice de la Ligue des Etats arabes et les dirigeants arabes préfigurent-elles la tenue d’une réunion urgente de l’Organisation panarabe pour examiner la situation qui prévaut sur la scène palestinienne dans la perspective d’une action diplomatique arabe commune en vue d’imposer à l’occupant israélien la force du droit international sur le droit de l’usage, en toute impunité, de la force, principe fondateur de sa doctrine coloniale ? L’option n’est pas à écarter, il reste à savoir quelle forme lui donner. Un sommet arabe qui implique une lourde logistique apparait d’autant improbable que la normalisation des relations diplomatiques entre certains Etats arabes, en plus de ceux ayant déjà conclu des «accords de paix» avec l’entité israélienne, a conduit à briser le consensus arabe historique qui avait prévalu, par le passé, sur la sacralité de la cause palestinienne. En revanche, une réunion au niveau des ministres des Affaires étrangères pourrait être convoquée au siège de la Ligue arabe. Pour quel impact ? Sauver les apparences ? Pour avoir dénoncé avec fermeté la répression qui s’abat actuellement sur les Palestiniens, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, ne peut qu’être sur la même longueur d›onde que le président Tebboune.
Mais que peut-on attendre de pays qui reçoivent les bourreaux du peuple palestinien, avec à leur tête le ministre de la Défense israélien, avec du lait et des dattes et qui complotent dans le dos des Palestiniens et des peuples arabes ? On les imagine déjà à la manœuvre pour saborder toute initiative arabe visant à peser sur le cours des événements. A-t-on entendu le «commandeur des croyants», le roi du Maroc, Mohammed VI, président du comité Al Qods, condamner les récentes attaques de la mosquée Al Aqsa et la boucherie de Jénine ? A la limite, le moins que l’opinion arabe aurait pu espérer des dirigeants arabes qui se sont jetés dans les bras d’Israël, c’est d’observer un silence pudique et de ne pas confondre, de manière scandaleuse, l’agresseur et la victime. Non seulement, on commet l’outrance de passer sous silence la chasse aux Palestiniens du camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie occupée, mais on s’empresse, pour plaire et être dans le tempo politique des grandes puissances, alliées d’Israël, de dénoncer les attaques des combattants palestiniens contre des civils israéliens ! La vie d’un Israélien et celle d’un Palestinien n’ont manifestement pas la même cote dans la bourse des dénonciations de certains pays arabes. L’histoire jugera ! Le président en exercice de la Ligue arabe, Abdelmadjid Tebboune, qui a réussi, lors du Sommet arabe d’Alger, le pari difficile de consolider l’unité arabe autour de la centralité de la question palestinienne aura fort à faire pour préserver la dynamique consensuelle scellée à Alger sur ce dossier. Les divisions arabes enregistrées face aux événements qui agitent la Palestine appellent une remise en ordre urgente de la maison arabe pour ne pas dilapider le capital révolutionnaire engrangé à Alger en faveur de la cause palestinienne.