Dette extérieure, déficit commercial, dépenses publiques, inflation… : L’Egypte cherche à panser ses plaies économiques

06/08/2024 mis à jour: 18:57
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L’Egypte prévoit de transférer des millions d’habitants vers des villes nouvelles bâties dans le désert

Avec une dette publique soutenue qui atteint plus de 168 milliards de dollars à fin décembre 2023, l’Egypte devrait rembourser près de 32,8 milliards de dollars (Mds USD) de dette à moyen et long termes durant l’année 2024, selon la Banque centrale. 

Cette dernière est passée de 46 Mds USD à plus de 165 Mds USD, selon les données de la Banque mondiale (BM). Autre indicateur, des exportations faiblement développées et un déficit commercial structurel (31,2 Mds USD en 2022/23 soit 7,8% du PIB). D’où le déploiement de plusieurs programmes d’ajustement macroéconomique ces dernières années sous la pression du Fonds monétaire international (FMI). Et ce, à travers une facilité de crédit de 12 Mds USD sur trois ans (2016-19). 

En décembre 2022, une nouvelle facilité de 3 Mds USD a été accordée par le FMI pour 46 mois, avant d’être portée à 8 Mds USD en mars 2024. Les deux premières tranches ont été versées en mars dernier pour un montant de 820 millions de dollars et l’Egypte s’attend à recevoir, selon le ministre des Finances, Ahmed Kouchouk, la troisième tranche du programme de réformes économiques d’un montant de 820 millions de dollars dans les jours à venir. Le ministre égyptien a confirmé, le 30 juillet dernier dans un communiqué rendu public, qu’après l’approbation de la troisième revue par le conseil d’administration du FMI, «les finances publiques ont montré une cohérence et une résilience face aux défis économiques mondiaux et régionaux liés aux tensions géopolitiques et aux répercussions négatives associées». L’approbation constitue, selon le ministre, un «certificat de confiance» dans le programme du gouvernement égyptien.


Objectif : dynamiser le flux d’investissements privés

«C’est également un message rassurant qui reflète la capacité de l’économie égyptienne à renforcer la stabilité économique, atteindre les objectifs financiers et de développement, et améliorer les programmes de protection sociale», a souligné le ministre des Finances, repris par les agences. Et de s’engager à réduire le ratio de la dette au PIB à moyen terme. 


Il reste donc à l’Egypte, comme c’est le cas d’autres pays de la région, à poursuivre les efforts pour rendre effectives les réformes économiques structurelles et assurer une forte contribution du privé dans le développement et à la croissance économiques. De ce côté aussi, l’engagement est pris pour améliorer le climat des affaires dans l’objectif de dynamiser les flux d’investissements privés. 


C’est tout le travail à faire et le chemin s’annonce des plus longs face à une pression démographique de plus en plus importante et un chômage élevé chez les jeunes. En effet, avec plus de 105 millions d’habitants au 1er janvier 2024, l’Egypte fait face à de nombreux défis socioéconomiques alors que les vulnérabilités ne font que s’accentuer ces dernières années. Des vulnérabilités auxquelles viennent s’ajouter les conséquences du conflit russo-ukrainien et la situation au Proche-Orient. Deux chocs externes pour un pays comme l’Egypte déjà affecté par une économie fragile sur le plan structurel et une crise conjoncturelle qui n’en finit pas. 

Ce premier pays importateur de blé au monde, avec un volume de 11 millions de tonnes en 2023 (14,5% de plus qu'en 2022), consacre annuellement une moyenne de 3 milliards de dollars pour le programme de subventions du pain (dont le prix a augmenté de 300% depuis le 1er juin dernier). Une manière de freiner l’inflation galopante. Même si le taux est en baisse ces trois derniers mois, passant de 31,8% en avril 2024 à 27,4% en mai, puis à 27,1% en juin, selon les chiffres de l’Agence centrale de la mobilisation et des statistiques publiques (Capmas), l’Egypte a atteint un niveau record d’inflation depuis plus de quatre ans avec une moyenne de 23,5% sur l’exercice 2022/23 en glissement annuel. En septembre 2023, l’inflation s’établissait, pour rappel, à 38%. 

C’est dire l’ampleur du défi à relever dans ce cadre dans un pays où les risques et les inquiétudes sur l’équilibre économique ne font que s’intensifier et où le programme de rééquilibrage ne fait que commencer à la faveur du programme de réforme lancé. 
 

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