Dérivés de palmiers et de dattes : Une activité ancestrale en passe de devenir une filière économique

04/06/2023 mis à jour: 11:28
AFP
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D’une simple pratique artisanale traditionnelle transmise à travers les générations, la production nationale des dérivés de palmiers et de dattes est en passe de devenir une filière économique à part entière. 

D’après Youssef Silabdi, directeur de la Chambre de l’artisanat et des métiers (CAM) de Biskra, la filière nationale des dérivés de dattes, en tant qu’industrie artisanale, a émergé tout d’abord dans cette wilaya, eu égard à la vocation agricole de la région portée principalement sur la culture du palmier-dattier. 

Par la suite, cette activité s’est étendue progressivement à toutes les régions du Sud et quelques villes du pays comme Blida, Sétif et Boumerdès. «Les artisans versés dans la transformation des dattes ont pu développer ce savoir-faire hérité de leurs ancêtres en l’adaptant aux besoins du marché par l’introduction de nouvelles gammes de produits dérivés de dattes», a-t-il fait valoir en précisant que la transformation ne se limitait pas seulement aux produits alimentaires dérivés de dattes tels le sucre, la farine de datte ou la mélasse, mais concerne également d’autres produits issus du palmier-dattier. 

«Les déchets de cet arbre sont à 100% recyclables», a-t-il souligné en citant, entre autres, son tronc utilisé pour la production du bois et du contreplaqué, ses jeunes feuilles pour la confection d’articles de vanneries et ses fibres qui servent à la fabrication d’articles de corderie. «La filière s’est également distinguée par la transformation des noyaux de dattes pour la production d’une variétés de produits de soins et d’hygiène corporelle, de fertilisants naturels et d’aliments de bétail», a-t-il énuméré. Dans l’objectif de booster cette activité émergente dans la wilaya, la Chambre a adopté, depuis 2009, le système productif local (SPL) des dérivés de palmiers et de dattes. 

«Ce système, initié par le ministère du Tourisme et de l’Artisanat, a encouragé l’intégration des artisans de la filière dans le circuit formel à travers leur inscription dans le registre de l’artisanat et des métiers», a-t-il fait valoir, précisant que le nombre d’artisans activant dans la production des dérivés de dattes et le recyclage des déchets du palmier-dattier ayant intégré la CAM-Biskra dépasserait largement les 300. Dans le cadre du SPL, les artisans adhérents à ce système bénéficient de plusieurs programmes de formation leur permettant d’améliorer leurs compétences entrepreneuriales. «Les programmes de formation s’articulent notamment sur la gestion, le marketing, la conception, l’emballage, l’étiquetage et le conditionnement des produits», a-t-il expliqué. En outre, la CAM-Biskra incite les artisans à déposer leurs marques auprès de l’Institut national algérien de la propriété industrielle (ENAPI). 
 

« Protéger le produit contre le piratage »

«Cette démarche si importante leur permet de protéger leurs produits contre le piratage et la contrefaçon», a-t-il dit.  Consacrer la culture du recyclage et promouvoir les exportations Pour sa part, Abdelmadjid Khobzi, industriel spécialisé dans la production des dérivés de dattes et membre de l’Association nationale des exportateurs algériens, a mis en avant le rôle de cette filière émergente dans le développement de l’économie circulaire, le développement local et la promotion des exportations hors hydrocarbures. Sur ce point, il a affiché l’ambition de son entreprise de pénétrer le marché international des produits bio, notamment à travers la commercialisation du sucre de dattes.

 «Nos capacités de production en sucre de dattes dépassent largement les 300 tonnes par an, dont une grande partie pourrait être exportable vers les pays intéressés par notre produit», a-t-il déclaré, en citant le Canada, pays vers lequel des quantités appréciables ont été acheminées en 2017, et éventuellement les pays du Golfe et les pays asiatiques qui ont exprimé leur demande en ce produit bio.  Comme l’explique M. Khobzi, le sucre de datte est produit à partir de variétés de faible valeur marchande, à savoir des dattes de quatrième et cinquième choix. 

Lancée à Biskra en 2017, l’usine vient de reprendre sa production de sucre après l’avoir suspendu provisoirement durant la pandémie de Covid-19 pour se consacrer à la production de l’éthanol et du gel hydro-alcoolique afin de répondre au besoin pressant du marché national durant cette période. Il a précisé que l’éthanol (alcool éthylique), produit par l’usine, est extrait de dattes pourries ou avariées qui constituent une matière première bio pour la production de gel désinfectant et d’alcool chirurgical. La capacité actuelle de la production de l’éthanol avoisine les 3.000 litres par jour, a-t-il indiqué.  

M. Khobzi a relevé le problème de commercialisation de l’éthanol sur le marché local : «Nous sommes autorisés à le produire en tant que matière première pour la production de gel hydro-alcoolique ou d’alcool chirurgicale, mais sa vente en tant que matière brute est soumise à des conditions draconiennes». 

Il plaide pour des mesures «plus  souples» qui devraient permettre à l’Algérie de réduire sa facture des importations de ce produit indispensable à la production de l’alcool chirurgical et du gel hydro-alcoolique. 

Outre le sucre de dattes, l’éthanol et l’alcool chirurgical, l’usine produit également l’alimentation de bétail, les engrais bio, le charbon actif à partir des déchets de dattes et une série de produits de soins et d’hygiène corporel à base d’huile extraite du noyau de dattes. 
 

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