La Commission européenne a expliqué lundi être «en contact» avec le gouvernement polonais, qui vient de demander une suspension partielle du droit d'asile en Pologne en accusant la Russie et le Bélarus «d'utiliser» les afflux de migrants pour déstabiliser la région.
Dans un exercice d'équilibriste devant la presse, une porte-parole de la Commission européenne a d'abord condamné «toutes les attaques hybrides» et «l'instrumentalisation des migrants» par la Russie et le Bélarus. «ll est important et impératif que l'Union protège ses frontières extérieures, en particulier de la Russie et de la Biélorussie, deux pays qui ont exercé, au cours des trois dernières années, une forte pression» aux frontières, a-t-elle souligné. Mais les pays membres de l'Union européenne (UE) comme la Pologne «doivent» aussi «respecter leurs obligations internationales», notamment celle de «garantir l'accès à la procédure d'asile» aux migrants, a insisté cette porte-parole.
La Commission est «en contact avec les autorités polonaises», pour voir la «forme exacte» de la demande du gouvernement, a-t-elle indiqué. Le chef du gouvernement polonais Donald Tusk a annoncé, samedi, qu'il voulait suspendre partiellement le droit d'asile pour les migrants qui entrent illégalement dans son pays et qu'il demanderait à l'UE d'avaliser cette mesure. «Nous savons très bien comment (le dirigeant bélarusse Alexandre) Loukachenko, (le président russe Vladimir) Poutine, les passeurs et trafiquants d'êtres humains, l'utilisent (le droit d'asile). La manière dont ce droit d'asile est utilisé va exactement à l'encontre de l'essence du droit d'asile», avait-il ajouté.
La Pologne, membre de l'Otan et de l'UE, accuse Moscou et Minsk d'organiser cet afflux de migrants dans le cadre d'une attaque «hybride» destinée à déstabiliser la région et toute l'UE, une accusation rejetée par le régime bélarusse. En mai, la Pologne a annoncé qu'elle dépenserait plus de 2,3 milliards d'euros pour renforcer la frontière polono-bélarusse qui marque la limite orientale de l'UE. Mercredi, Varsovie et Prague ont réclamé ensemble un durcissement de la politique migratoire européenne, prônant une «version plus stricte et différente du pacte sur la migration» de l'UE, adopté le 14 mai, et qui doit entrer en vigueur mi-2026. L'immigration est à l'ordre du jour d'un sommet européen entre chefs d'Etat et de gouvernement, jeudi et vendredi, à Bruxelles.