Près d’un mois après le décès du détenu d’opinion Hakim Debazi, le ministre de la Justice, Abderrachid Tabi, sort de son silence et livre la version officielle du gouvernement.
S’exprimant, hier, lors d’une séance plénière de l’APN, le ministre de la Justice a souligné que Hakim Debbazi était décédé d’une mort «naturelle» selon les résultats de l’autopsie, ont+ rapporté des médias.
Le défunt détenu était «tombé malade le 17 avril et a été transféré le même jour à l’hôpital de Beni Messous, avant de rendre l’âme au bout de trois jours d’hospitalisation», a précisé le ministre de la Justice, ajoutant que le détenu était décédé «à l’hôpital et non pas en prison». Il a affirmé que le rapport d’autopsie diligentée sur ses ordres, en application des dispositions en vigueur, «comporte cinq pages» et a conclu à une «mort naturelle». Selon lui, le rapport d’autopsie, qui a été établi par un professeur en médecine légale à l’hôpital Beni Messous, a été remis le 25 avril.
Le représentant du gouvernement a accusé certaines parties, sans les nommer, d’avoir exploité cette tragédie pour «porter atteinte à l’image du pays et déstabiliser ses institutions».
C’est la première fois qu’un officiel algérien livre sa version des faits. Hakim Debazi, originaire de la localité de Hadjout, dans la wilaya de Tipasa, arrêté en février pour des publications sur les réseaux sociaux en lien avec le hirak, est décédé le 24 avril dans la prison de Koléa, selon l’avocat Tarek Merah.
Les circonstances de sa mort tragique restaient alors inconnues. «Selon des avocats, une demande pour sa remise en liberté provisoire a été introduite à cause de son état de santé déjà inquiétant. La demande a été rejetée», avait souligné la LADDH dans un communiqué.
La famille du détenu d’opinion a engagé une action en justice, mercredi 4 mai, contre l’Etat pour «homicide involontaire» et «non-assistance à personne en danger», d’après ses avocats.
La plainte a été déposée au tribunal de Sidi M’hamed d’Alger par l’avocate Heloise Sadeg, tante maternelle du détenu décédé, réclamant «un milliard d’euros de réparation» pour la famille de son neveu, ont indiqué les avocats dans un communiqué. Le militant du hirak a été «retrouvé mort dans des circonstances troubles dans la prison de Koléa», avait précisé la défense.
Le décès de Hakim Debazi, père de trois enfants, avait provoqué une vague d’indignation à travers le pays. Des ONG algériennes et étrangères et des partis d’opposition avaient réclamé l’ouverture d’une enquête judiciaire pour faire la lumière sur les circonstances de son décès.