Le réalisateur, scénariste et producteur américain de film, William Friedkin, compte à son actif plusieurs films dont French Connection (1971) ou L’Exorciste (1973), considérés comme des classiques du cinéma américain.
Pour le premier film, il reçoit l’Oscar du meilleur réalisateur. Scolarisé à l’école Senn High School, il se fait apprécier bien plus pour ses qualités au basket-ball que pour son assiduité. Après avoir vu Citizen Kane, d’Orson Welles, Friedkin se découvre une vocation pour le cinéma et plus précisément pour la réalisation 2, mais ses parents ne peuvent lui payer des études et il devient coursier pour la chaîne WGN-TV.
William Friedkin parvient à devenir réalisateur d’émissions en direct, puis de documentaires. Il se fait souvent renvoyer des chaînes où il travaille, mais n’a pas de difficultés à trouver un autre emploi. En 1965, il produit et réalise le documentaire The People vs. Paul Crump, sur un condamné à mort en attente de son exécution.
Le film, qui tente de mettre en lumière les défaillances de l’enquête policière, entraîne une réévaluation du dossier et le héros, Paul Crump, voit sa sentence commuée en prison à vie (il sera finalement libéré en 1993). Le film gagne le Golden Gate award au Festival international du film de San Francisco en 1962. Friedkin décide en 1965 de quitter Chicago et devient réalisateur pour la série télévisée Alfred Hitchcock présente.
En 1967, Friedkin réalise son premier film pour le cinéma, Good Times, une comédie musicale mettant en vedette le tandem Sonny and Cher. Suivent, en 1968, L’Anniversaire, d’après la pièce de Harold Pinter et, en 1970, Les Garçons de la bande.
Succès cinématographiques et consécration
Friedkin réalise ensuite coup sur coup deux très gros succès commerciaux, maintenant considérés comme des classiques du cinéma américain : le drame policier French Connection en 1971. Le film a remporté cinq Oscar, dont celui du meilleur réalisateur, ainsi que trois Golden Globes. Ensuite, le drame fantastique L’Exorciste sorti en 1973 connaît un succès planétaire.
Au milieu des années 1990, Friedkin se met à la mise en scène d’opéra ; en 1998, à l’instigation du chef Zubin Mehta, il monte Wozzeck d’Alban Berg dans le cadre d’un festival d’art lyrique à Florence. Par la suite, il dirige notamment Ariane à Naxos de Richard Strauss à Los Angeles, Samson et Dalila, de Camille Saint-Saëns en Israël, et Aïda de Verdi en Italie. En 2012, Friedkin renoue avec le succès au cinéma avec son film Killer Joe, adaptation à l’écran de la pièce éponyme de Tracy Letts et avec Matthew McConaughey dans le rôle-titre. En 2016, Friedkin révèle qu’il travaille sur une adaptation de son film en série télévisée avec Nicolas Cage dans le rôle de Joe. Après plus de dix ans d’absence, il revient au cinéma avec le film The Caine Mutiny Court-Martial (2023), adaptation du roman de Herman Wouk et son adaptation en pièce de théâtre. Il sera présenté en avant-première à la Mostra de Venise 2023, quelque temps après son décès.
L’AFP souligne que le réalisateur américain William Friedkin est une figure de la nouvelle génération hollywoodienne, qui s’est affranchie des codes classiques, aux côtés de Francis Ford Coppola et Martin Scorsese. A la fois éminent cinéphile, grand amateur de peinture et de musique, il a expérimenté tous les genres du 7e art, sans toutefois toujours rencontrer le succès dans les salles.
Dès l’annonce de son décés, plusieurs personnalités du grand écran ont salué lundi l’influence de son travail. «Le cinéma a perdu un véritable expert et j’ai perdu un être cher, loyal, un vrai ami», a déclaré le réalisateur Guillermo del Toro, sur les réseaux sociaux, saluant le travail de «l’un des dieux du cinéma». William Friedkin est «l’un des cinéastes les plus percutants de tous les temps», a témoigné Eli Roth, acteur et réalisateur de films d’horreur, assurant sur Instagram que le cinéaste avait «changé le cours de (s)a vie.»
De son côté, le producteur américain Jason Blum, qui s’attelle à préparer la suite à L’Exorciste, s’est dit «personnellement redevable» envers M. Friedkin. «Plus que d’autres cinéastes, il a changé à la fois la manière des réalisateurs d’aborder les films d’horreur et la perception de ces films dans la culture générale. Je salue l’ensemble de l’œuvre qu’il laisse derrière lui». Pour sa part, le romancier à succès Stephen King, déclare : « Je suis très triste d’apprendre la mort de William Friedkin, un cinéaste profondément talentueux. L’Exorciste est super, mais pour moi le vrai classique est Sorcerer (Le Convoi de la peur, NDLR)».