Crise politique en Irak : Les sadristes quittent la Zone verte sur ordre de leur chef

31/08/2022 mis à jour: 06:57
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Le leader chiite Moqtada Sadr a annoncé lundi son retrait définitif de la vie politique

Les partisans du leader chiite Moqtada Sadr ont commencé hier à quitter la Zone verte à Baghdad, après l’appel de leur chef, rapporte l’AFP. Ce dernier a aussi fustigé leur recours aux armes contre les forces de sécurité. L’armée a aussitôt annoncé la levée du couvre-feu décrété la veille dans l’ensemble du pays. 

Selon un nouveau bilan donné par une source médicale, après que les armes se soient tues, 30 partisans de Sadr ont été tués par balle et 570 personnes blessées lors des combats qui les ont opposés à des factions pro-Iran et l’armée depuis lundi en ce secteur abritant les institutions gouvernementales et des ambassades occidentales. «Si tous les membres du courant sadriste ne se retirent pas dans les 60 minutes de partout (à Baghdad), même du sit-in (devant le Parlement), je les désavouerai», a déclaré Moqtada Sadr lors d’une conférence de presse à Najaf (Centre). «Je présente mes excuses au peuple irakien, seul affecté par les événements», a-t-il ajouté. «Honte à cette révolution. Peu importe qui en est l’initiateur, cette révolution, tant qu’elle est entachée de violence, n’en est pas une», a-t-il dénoncé. Et d’observer : «Je critique le mouvement sadriste. Je remercie les forces de sécurité et les membres du Hachd Al Chaabi.»

 Il a de nouveau confirmé son retrait de la vie politique : «Mon retrait est définitif.» De son côté, le Cadre de coordination, alliance rivale de Moqtada Sadr qui regroupe des groupes pro-Iran, dont celui du Hachd Al Chaabi, a condamné l’«attaque contre les institutions de l’Etat» tout en appelant au «dialogue». 
 

Quelques instants après l’annonce lundi de Moqtada Sadr de son «retrait» de la vie politique dont il est pourtant un acteur majeur, des milliers de ses partisans ont envahi le siège du gouvernement dans la Zone verte. 
Des combats ont ensuite éclaté entre sadristes et partisans du Cadre de coordination. Les combats entre d’un côté les Brigades de la paix, une faction armée aux ordres de Moqtada Sadr, et de l’autre les forces de l’ordre et le Hachd Al Chaabi, d’ex-paramilitaires intégrés aux forces régulières de l’autre, ont repris hier au matin après une nuit relativement calme. 
 

L’Irak est plongé dans l’impasse politique depuis les élections législatives d’octobre 2021 remportées par Moqtada Sadr, les forces dominantes de la politique n’ont pas trouvé de consensus quant au nom d’un nouveau Premier ministre. Le pays se retrouve ainsi sans nouveau gouvernement ni nouveau Président depuis le scrutin. Pour sortir de la crise, Moqtada Sadr et le Cadre de coordination se sont mis d’accord pour organiser de nouvelles élections. Mais Moqtada Sadr réclame au préalable la dissolution du Parlement alors que ses rivaux veulent d’abord la formation d’un gouvernement. 
 

Ces dernières semaines, le leader chiite n’a cessé de faire monter les enchères, conscient qu’il peut compter sur l’appui d’une très large frange de la communauté chiite, majoritaire en Irak. Depuis un mois, ses partisans campent aux abords du Parlement dans la Zone verte et ont même brièvement bloqué l’accès à la plus haute instance judiciaire du pays à Baghdad. 
 

Arrivé premier aux législatives avec 73 sièges (sur 329) mais incapable de former une majorité, il a fait démissionner ses députés en juin, affirmant vouloir «réformer» le système et en finir avec la «corruption». Moqtada Sadr entretient des relations en dents de scie avec l’Iran, qui exerce une forte influence chez son voisin irakien. C’est là-bas qu’il vit la plupart du temps, mais balance souvent d’une ligne pro-iranienne à la défense d’une position nationaliste. 

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