Crise politique au Sénégal : L’incertitude maintenue sur la présidentielle

24/02/2024 mis à jour: 21:38
AFP
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Le report de la présidentielle au Sénégal est dénoncé comme un «coup d’Etat constitutionnel» par l’opposition - Photo : D. R.

Un collectif de 16 candidats à la présidentielle au Sénégal a déclaré, hier à Dakar, refuser le dialogue proposé la veille par le chef de l’Etat, Macky Sall, pour fixer la date de l’élection reportée à une date indéterminée. «Nous nous opposons à tout dialogue sur cette question et nous exigeons qu’une date soit prise avant le 2 avril», a dit devant la presse l’un de ces candidats, Boubacar Camara. Aar Sunu Election, qui a mobilisé plusieurs milliers de personnes le week-end dernier à Dakar, maintient ses actions, dont un nouveau rassemblement, aujourd’hui, à Dakar, et une journée ville morte mardi.

Le collectif citoyen sénégalais Aar Sunu Election maintient que la présidentielle doit avoir lieu avant le 2 avril, refusant l’incertitude prolongée par le chef de l’Etat, malgré la crise provoquée par le report du scrutin, ont dit des responsables. Après la prise de parole du président Macky Sall jeudi soir, la balle est dans le camp des acteurs politiques et sociaux, dont les candidats et la société civile.

A eux de dire s’ils acceptent de suspendre la date à un dialogue que M. Sall a dit vouloir mener lundi et mardi, avec l’espoir de s’entendre mardi soir. «On l’attendait (le président)» sur cette date, «tout le reste, c’est du dilatoire», a déclaré à la presse Aar Sunu Election («Préservons notre élection»). Le dialogue prévu par le président Sall «n’a pas de sens», a-t-il ajouté.

Nombre de ces acteurs ont pris le temps de digérer les propos du chef de l’Etat, soumis à de multiples pressions nationales et internationales pour organiser le plus vite possible cette élection dont il a décrété le report le 3 février, au prix de l’une des plus graves crises traversées par son pays depuis des décennies.

Les Sénégalais étaient censés se rendre aux urnes demain. Le report, dénoncé comme un «coup d’Etat constitutionnel» par l’opposition, a provoqué une commotion dans l’opinion et des manifestations qui ont fait quatre morts. Le Conseil constitutionnel a finalement déjugé M. Sall et l’Assemblée nationale.

Après ce veto constitutionnel, et malgré une aspiration partagée à la clarification dans un électorat largement attaché à l’exercice démocratique et au respect du calendrier, le président Sall a non seulement laissé la date en suspens, mais jugé plus probable que les Sénégalais ne voteraient pas avant l’expiration officielle de son mandat le 2 avril.

M. Sall, au pouvoir depuis 2012, a répondu à une préoccupation répandue et dissipé le doute sur le fait qu’il quitterait bien son poste le 2 avril, à la fin de son deuxième mandat.

Lui qui avait justifié le report par la crainte de contestation pré et post-électorales et de violences comme le pays en a connu en mars 2021 et juin 2023, a insisté sur sa volonté d’apaisement et de réconciliation. «Le 2 avril, ma mission se termine à la tête du Sénégal», a-t-il dit, piqué au vif par le fait que son attachement aux principes démocratiques ait fait l’objet de «procès d’intention», dans son pays comme à l’étranger.

Patate et pilule

Mais pour la date, il aura des discussions lundi et mardi, d’abord avec les candidats, puis avec les autres acteurs politiques et sociaux. Il écoutera «ce que le dialogue dira» et «si un consensus peut être obtenu sur la suite». A défaut d’accord, il appartiendra au Conseil constitutionnel de trancher, a-t-il dit. «Le président rassure le pays», a titré le quotidien gouvernemental le Soleil.

Au contraire, il «refile les patates chaudes au dialogue», affichait le journal Vox Populi. «Notre position, c’est (avant) le 2 avril, sinon c’est la crise», a dit Malick Diop pour Aar Sunu Election.

Le collectif redoute la situation exceptionnelle de vacance dans laquelle s’organiserait l’élection. Aar Sunu Election, qui a mobilisé plusieurs milliers de personnes le week-end dernier à Dakar, maintient ses actions, dont un nouveau rassemblement, aujourd’hui, à Dakar et une journée ville morte mardi.

L’un des rares à s’exprimer, Thierno Alassane Sall, a accusé le président de nouvelle manœuvre. M. Sall va sélectionner pour son dialogue des participants divisés, a-t-il dit sur les réseaux sociaux. Puis il prétextera de l’absence de consensus «pour réintroduire et exclure qui bon lui semble» de la liste des candidats «et rester jusqu’à la passation de pouvoir» au-delà du 2 avril, a-t-il poursuivi.

«Pour faire passer la pilule, Macky Sall nous offre une amnistie», ajoute-t-il. Le président a envisagé la possibilité de libérations provisoires, de grâces ou d’une loi d’amnistie, dont pourraient bénéficier, entre autres, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye.

Ousmane Sonko, personnage principal d’un bras de fer avec l’Etat qui a donné lieu à plusieurs épisodes de contestation meurtrière depuis 2021, est emprisonné depuis juillet 2023 et a été disqualifié de la présidentielle.

Mais la candidature de son second, Bassirou Diomaye Faye, détenu lui aussi, a été validée par le Conseil constitutionnel. A signaler qu’un collectif de 16 candidats à la présidentielle au Sénégal a dit vendredi à Dakar refuser le dialogue proposé la veille par le chef de l’Etat Macky Sall pour fixer la date de l’élection, reportée à une date indéterminée. «Nous nous opposons à tout dialogue sur cette question et nous exigeons qu’une date soit prise avant le 2 avril», a dit devant la presse l’un de ces candidats, Boubacar Camara.

 

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