Le géant allemand de l’énergie Uniper, asphyxié par les coupures de gaz russe, a demandé cette semaine au gouvernement d’étendre de 4 milliards d’euros sa ligne de crédit actuelle auprès de la banque publique allemande de développement, après avoir consommé ses 9 milliards d’euros de facilités existantes.
«Uniper a demandé une extension de la facilité de crédit (...) de 4 milliards d’euros supplémentaires», a indiqué le groupe dans un communiqué, précisant avoir «utilisé pleinement (la) facilité de crédit» du plan de sauvetage du gouvernement allemand débloqué en juillet. Cette demande «vise à garantir les liquidités à court terme de l’entreprise», a-t-il ajouté.
Uniper, premier importateur et stockeur de gaz en Allemagne, est frappé de plein fouet par la réduction de 80% des livraisons russes ces derniers mois. L’entreprise était le principal client du groupe russe en Allemagne.
Elle doit désormais, pour honorer ses contrats, se procurer du gaz sur le marché au comptant, où les prix ont explosé. Les pertes engendrées «représentaient à la mi-août un total de plus de 5 milliards d’euros – et cela n’a cessé d’augmenter depuis», a indiqué Klaus-Dieter Maubach, le PDG du groupe, cité dans le communiqué.
Or, des centaines de services publics municipaux et fournisseurs d’énergie allemands dépendent des livraisons de ce groupe, qui les approvisionne en gaz. C’est pourquoi le gouvernement allemand a débloqué en juillet un plan de sauvetage massif pour aider le groupe, avec des facilités de crédit de 9 milliards d’euros auprès de la banque publique KfW.
L’Etat allemand est aussi entré dans le capital de l’entreprise, à hauteur de 30%, assorti d’obligations convertibles obligatoires «jusqu’à 7,7 milliards d’euros». Or, «tant que les prix de l’énergie continueront d’augmenter en Europe, le besoin de liquidité augmentera», a justifié Klaus Dieter.
«Nous travaillons avec le gouvernement allemand pour trouver une solution permanente à cette situation d’urgence, sans quoi Uniper ne sera plus en mesure de remplir sa fonction critique pour l’Allemagne et l’Europe», a-t-il ajouté.
Le gouvernement allemand n’a cessé d’alerter, ces derniers mois, sur «l’effet Lehman Brother» qu’aurait une faillite de Uniper sur les marchés de l’énergie.
Au regard de l’importance du groupe, sa chute ébranlerait le marché énergétique et d’entraîner des pénuries d’énergie pour des milliers de clients.