L’entraîneur-formateur de haut niveau, le professeur Ali Hakoumi, docteur d’Etat, chercheur expert en théorie méthodologie de l’entraînement sportif ayant une grande expérience sur le terrain, revient sur la pratique du sport durant le Jeûne du Ramadhan.
Ali Hakkoumi est l’un des précurseurs dans les domaines de la réflexion de la compatibilité de la pratique du sport de haut niveau. Il nous donne son analyse sur cette question qui reste toujours d’actualité.
«Au moment où les charges d’entraînement des athlètes sont en constante progression et que les athlètes réalisent en moyenne des entraînements biquotidien, voire tri-quotidien, et au moment où les orientations en matière de nutrition sportive proposent aux sportifs de grandes variétés de supplémentations en produits énergétiques pour compléter une nutrition généralement jugée insuffisante, ainsi qu’elles leurs recommandent de s’hydrater avant, pendant et après les séances d’entraînement et de compétitions, en leur offrant une panoplie de boissons pour activer la récupération ou pour leur insuffler la capacité de manifester des efforts optimales, le sportif musulman quant à lui observe durant 10,31 % de la durée d’une saison sportive (si on considère les strictes recommandations de la Sunna en Islam) : un jeûne diurne.
Des cas ont été rapportés mentionnant des athlètes qui ont participé à des compétitions alors qu’ils observaient le jeûne. Entre autres, je citerai le cas de cet athlète algérien qui avait suscité l’étonnement des officiels sportifs français dans la mesure où en participant à un marathon, il ne s’était pas hydraté durant tout le parcours de l’épreuve.
Après la course,, il avait été emmené à l’hôpital suite à des problèmes de santé. Cela ne s’est pas arrêté à ce niveau puisqu’il a connu des complications, dont il n’a jamais pu récupérer, et qui l’ont obligé par la suite à abandonner la pratique sportive définitivement.
A ma connaissance et en tant que spécialiste dans les domaines des sciences et de la technologie des activités physiques et sportives, je pense qu’il n’y a aucune uniformité d’approche concernant la préparation sportive des sportifs en état de jeûne. Il n’y a pas de consensus en ce sens. C’est un peu dans cette dichotomie que les avis divergent, dans un domaine qui, il faut le souligner, n’a pas été entouré jusqu’à présent d’une théorisation de référence.
Durant la guerre du Sinaï en octobre 73, appelée Guerre du Ramadan où étaient engagés plus de 3000 combattants algériens, le grand Mufti d’Egypte avait recommandé aux soldats de ne pas jeûner.
Par contre, le docteur Marouane Abou Rass, membre du conseil législatif palestinien, président de la ligue des ouléma palestiniens et professeur de la chariâ islamique à l’université de Ghaza, préconise de jeûner lors de la pratique le sport de compétition.
A un niveau d’analyse primaire les techniques de l’observation pédagogique, trouvent un encrage dans les outils d’appréciations des faits qui relèvent des domaines des activités physiques et sportives, les thèses spiritualisantes ne voient pas d’incompatibilité entre la pratique du sport et l’observation du Ramadan.
En fait, l’un des grands problèmes dans le sport c’est la difficulté d’expliquer un événement qu’on a vécu. Sans l’avoir vécu il est impossible de le comprendre dans sa globalité est aussi bien que ceux qui l’ont vécu peuvent le comprendre. En un mot la connaissance de la réalité du terrain véhicule une importance capitale dans la compréhension et l’interprétation des faits qu’on a à charge d’analyser.
Evitant d’une part de substituer la subjectivité liée au vécu d’un événement avec l’explication qui peut lui être objectivement donnée et d’autre part excluant de considérer un événement sur le seul fait d’une interprétation théorique, l’isolant d’un son vécu pour le comprendre, une investigation a été entreprise en ce sens et ce, dans le souci de répondre à la réalité d’un événement important dans le vie des sportifs du monde musulman.
Sur la base des conclusions qui ont résulté de l’étude, et s’il fallait faire une seule et unique recommandation, je serai tenté de formuler l’instruction rejetant l’entraînement sportif alors que le sportif observe le jeûne.
Compte tenu de notre contexte social et compte tenu des constats réalisés, je préconise une totale révision des habitudes avec lesquelles l’activité physique et sportive est gérée lors de la période du jeûne du Ramadan.