Conflit russo-occidental sur l’Ukraine : Kiev assure que la moitié des armes promises sont livrées en retard

26/02/2024 mis à jour: 16:03
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De nombreux soldats ukrainiens sont démoralisés

La moitié des armes occidentales promises à Kiev sont livrées avec du retard, a regretté hier le ministre ukrainien de la Défense, dont le pays exhorte ses alliés à envoyer armes et munitions pour éviter des pertes humaines et des défaites face aux Russes. 

«A l’heure actuelle, un engagement n’est pas synonyme de livraison, 50% de (ces) engagements ne sont pas livrés dans les temps», a déclaré Roustem Oumerov  lors d’un forum à Kiev consacré au deuxième anniversaire de l’intervention russe en Ukraine, selon des propos recueillis par l’AFP. 

A cause de ces retards, «nous perdons des gens, nous perdons des  territoires», a ajouté le ministre. L’armée ukrainienne, confrontée à une situation extrêmement difficile sur le front, vient de se retirer de sa ville forteresse d’Avdiïvka (Est), après  quatre mois de rudes combats, évoquant le manque d’hommes et de munitions. 

Et la Russie, en confiance malgré le lourd coût humain de la guerre, pousse toujours plus fort sur les fronts Sud et Est, sans toutefois obtenir de percée majeure. Les alliés occidentaux, dont le soutien est essentiel pour Kiev, rechignent ces derniers mois à valider de nouvelles enveloppes budgétaires. Une aide de 60 milliards de dollars est bloquée au Congrès américain, empêtrée dans des divisions politiques entre républicains et démocrates, et celle de l’Union européenne (UE) a pris du retard, même si elle a finalement été validée en février. 

Malgré ces signaux inquiétants, le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, s’est dit persuadé que les Etats-Unis «n’abandonneront pas» Kiev face à la  Russie et finiront par approuver l’aide. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a pressé à plusieurs reprises ces derniers jours ses alliés occidentaux de livrer l’assistance militaire plus rapidement, réclamant notamment des munitions, davantage de systèmes de défense aérienne et des avions de combat. 

«Vous savez très bien ce dont nous avons besoin pour protéger notre ciel, pour renforcer notre armée terrestre, ce dont nous avons besoin pour soutenir et continuer nos réussites en mer, et vous savez parfaitement bien que nous  avons besoin de cela à temps, et nous comptons sur vous», a-t-il déclaré samedi lors d’une réunion virtuelle du G7, le jour du deuxième anniversaire de  l’offensive russe. Le président ukrainien a également estimé que les retards de livraisons d’armes ont contribué à l’échec de la contre-offensive de Kiev de l’été 2023. «L’année dernière, lors de la contre-offensive, nous avons eu beaucoup de choses très utiles, beaucoup de choses très importantes, mais toutes ne sont arrivées à temps», a-t-il expliqué vendredi. 
 

Saisie des avoirs

La cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, en visite dans le sud de l’Ukraine, a estimé qu’il ne faut pas «minimiser cette aide (des  alliés de l’Ukraine) comme étant vaine». «Cela sauve des vies tous les jours», a-t-elle affirmé depuis la ville de Mykolaïv, y voyant la preuve qu’il faut «continuer à la fournir». La veille, elle a cependant reconnu que l’Ukraine manque d’armes pour se défendre, notamment celles de longue portée. Kiev réclame de longue date à Berlin de l’équiper avec des Taurus, des missiles les plus modernes et les plus efficaces de l’armée de l©air allemande. 

De son côté, le Premier ministre britannique, Rishi  Sunak, a appelé, hier, les Occidentaux être «plus audacieux» en saisissant les avoirs russes gelés pour les redistribuer à l’Ukraine, et plaidé pour l’envoi, dans un premier temps, à Kiev des intérêts issus de ces actifs. «Nous devons être plus audacieux en saisissant les centaines de milliards d’actifs russes gelés», a écrit le chef du gouvernement britannique dans une tribune publiée par le Sunday Times. «Cela commence par prendre les milliards d’intérêts que génèrent ces actifs et les envoyer en Ukraine», a observé  Rishi Sunak. «Et ensuite, avec le G7,  nous devons trouver des moyens légaux de saisir les actifs eux-mêmes et envoyer également ces fonds à l’Ukraine», a-t-il ajouté. «Quel hommage ce serait au combat d’Alexeï Navalny de demander des comptes à l’Etat russe pour ses actes», a-t-il ajouté en référence à l’opposant récemment décédé dans une prison de l’Arctique russe. 

Dans leur communiqué samedi à l’issue d’un sommet virtuel sous présidence italienne, les dirigeants du G7 ont demandé à leurs gouvernements de continuer à travailler «sur toutes les voies possibles par lesquelles les actifs souverains russes pourraient être utilisés pour soutenir l’Ukraine, en conformité avec nos systèmes juridiques respectifs et le droit international». Ils ont réaffirmé que «les actifs souverains russes dans (leurs) juridictions resteront immobilisés jusqu’à ce que la Russie paie pour les dégâts causés à l’Ukraine». 

Le 30 janvier, l’UE, qui a gelé 200 milliards d’euros des avoirs de la Banque centrale de Russie, a trouvé un accord sur la première étape d’un plan visant à affecter les revenus générés par les avoirs russes  gelés à la reconstruction de l’Ukraine. 

L’option de confisquer cet argent et de le consacrer aux efforts de reconstruction de l’Ukraine est exclue, au motif qu’elle risquerait d’ébranler les marchés internationaux et d’affaiblir l’euro. Après l’offensive russe le 24 février 2022, les sanctions économiques sans précédent contre Moscou ont entraîné le gel par des banques occidentales notamment d’environ 350 milliards de dollars en biens publics russes, en devises et en biens appartenant à des oligarques russes. Selon une estimation publiée, il y a deux semaines par la Banque mondiale, l’ONU, l’UE et Kiev, l’Ukraine aura besoin de 486 milliards de dollars pour son redressement et sa reconstruction.
 

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