Quatre plaintes pour tortures ont été déposées contre le Maroc devant le Comité des Nations unies contre la torture à Genève, ont annoncé les plaignants et leurs avocats, appelant le régime du makhzen à libérer tous les prisonniers condamnés sur la base d’aveux obtenus sous la torture.
«Le Service international des droits de l’homme (ISHR), l’ACAT-France, Me Joseph Breham avec le soutien de Julie Baleynaud, Me Laurence Greig et la Ligue pour la protection des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines (LPPS) préparent depuis plus d’un an des plaintes devant le Comité contre la torture des Nations unies concernant quatre défenseurs sahraouis des droits humains, gravement torturés par les autorités marocaines», a indiqué un communiqué des plaignants. La LPPS, l’ISHR et l’ACAT-France ont appelé le Maroc à «respecter les décisions du Comité contre la torture, libérer tous les prisonniers condamnés sur la base d’aveux obtenus sous la torture et assurer leur droit aux réparations».
Grâce à la LPPS, les associations et avocats ont pu communiquer avec les familles, notamment à l’occasion du déplacement d’une délégation internationale à Rabat en mai dernier. Malgré la surveillance, la censure et les menaces marocaines révélées récemment par l’affaire Pegasus, les familles ont fait part de leurs espoirs : «On ne peut pas laisser nos enfants abandonnés dans les prisons marocaines.»
Les quatre requérants, «Mohamed Lamine Haddi, Hassan Dah, Abdelmoula El Hafdi et Mohamed Bani, sont détenus depuis six à 12 ans sur la base d’aveux obtenus sous la torture, en violation du droit international et en l’absence de procès équitable», a souligné le communiqué, ajoutant que «ces plaintes symbolisent l’espoir de reconnaître les tortures subies par ces derniers en violation des engagements internationaux du Maroc».
Le Maroc, «hérault autoproclamé des droits humains et soutien de la Convention contre la torture, a pourtant de manière systématique recours à la torture en général et à l’encontre des militants sahraouis en particulier», a-t-on souligné de même source.
Comme de nombreux prisonniers, la partie plaignante a affirmé que «les requérants ont été contraints de signer des aveux sous la torture, c’est-à-dire des violences physiques et psychologiques, voire sexuelles appliquées intentionnellement par les forces de l’ordre marocaines». «Aujourd’hui, alors que leur détention est déjà illégale car basée sur des aveux extorqués sous la torture, les requérants continuent de subir, au quotidien, des actes de torture et traitements inhumains et dégradants.
Certains d’entre eux sont maintenus à l’isolement depuis des années, comme Mohamed Lamine Haddi, placé à l’isolement total depuis maintenant cinq ans. Les familles, quant à elles, continuent d’être victimes d’espionnage et de menaces mais se mobilisent malgré tout.»
Pour rappel, en 2016, le Maroc a été condamné par ledit Comité pour les tortures subies par Naâma Asfari, défenseur sahraoui des droits humains et un des porte-parole du campement pacifique de Gdeim Izik de 2010. Et en novembre 2021, le royaume a été à nouveau condamné pour les tortures infligées à trois autres détenus sahraouis. La même source a indiqué que «jusqu’à aujourd’hui, le Maroc n’a pas appliqué les décisions du Comité et les conditions de détention des prisonniers restent inchangées».