Conflit de la République Démocratique du Congo : «Cessez-le-feu» humanitaire du M23 avant un sommet avec Tshisekedi

05/02/2025 mis à jour: 18:30
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Des membres du groupe armée M23 dans une rue de Goma, le 1er février courant en RDC - Photo : D. R.

Dans ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, une demi-douzaine de cessez-le-feu et de trêves 
ont été déclarés entre les deux parties, avant d'être systématiquement rompus. L'ONU a appelé hier 
à rouvrir l'aéroport de Goma, théâtre d'affrontements intenses la semaine dernière.

Le M23 a annoncé unilatéralement un «cessez-le-feu» humanitaire en vigueur depuis hier dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), à quelques jours d'une rencontre entre les présidents congolais, Félix Tshisekedi, et rwandais Paul Kagame, ce week-end en Tanzanie, rapporte l’AFP.

Le groupe armé anti-gouvernemental et les troupes rwandaises se sont emparés la semaine dernière de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu. Les combats ont cessé dans la ville de plus d'un million d'habitants, mais des affrontements ont eu lieu ces derniers jours dans la province voisine du Sud-Kivu, faisant craindre une avancée jusqu'à son chef-lieu Bukavu.

Le M23 (Mouvement du 23 mars) a annoncé, lundi soir, décréter «un cessez-le-feu» prenant effet à partir du lendemain «pour des raisons humanitaires». Le groupe armé a ajouté n'avoir «aucune intention de prendre le contrôle de Bukavu ou d'autres localités». La semaine dernière, le M23 a toutefois déclaré vouloir «continuer la marche» jusqu'à la capitale congolaise Kinshasa. Dans ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, une demi-douzaine de cessez-le-feu et de trêves ont été déclarés entre les deux parties, avant d'être systématiquement rompus.

L'ONU a appelé hier à rouvrir l'aéroport de Goma, théâtre d'affrontements intenses la semaine dernière. Les organisations régionales, des pays médiateurs comme l'Angola et le Kenya, l'ONU, l'UE et la communauté internationale tentent de trouver une issue diplomatique à la crise, craignant un embrasement régional.

«Renforts et  acheminements d’armes»

Selon la présidence kényane, Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais Paul Kagame participeront samedi à Dar As Salam à un sommet extraordinaire conjoint de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU doit auparavant se réunir en urgence vendredi, à la demande de Kinshasa, pour examiner la crise.

Depuis la prise de Goma, le M23 et ses alliés rwandais ont progressé dans le Sud-Kivu. Selon une source locale à Bukavu, la ville «reste pour l'instant calme» mais des informations laissent penser que le M23 se «réorganise avec des renforts et des acheminements d'armes pour sans doute aller au front maintenant que les combats ont pris fin à Goma».

Le président sud-africain a réitéré lundi son soutien «au peuple de RDC », en réponse à des critiques dans son pays sur la participation de l'Afrique du Sud à la mission de la SADC, déployée depuis 2023 dans le Nord-Kivu. Quatorze soldats sud-africains y ont été tués ces dernières semaines.

Le retrait de la mission de la SADC (baptisée SAMIDRC) est exigé par Paul Kagame, pour qui elle n'est «pas une force de maintien de la paix » et n'a «pas sa place dans cette situation».Kinshasa accuse Kigali de vouloir piller les ressources naturelles dans l'est de la RDC. Le Rwanda nie et affirme vouloir éradiquer de la région des groupes armés, notamment créés par d'ex-responsables hutus du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, qui menacent selon lui sa sécurité.

A Kinshasa, les appels aux rassemblements pour dénoncer le conflit dans l'est et interpeller la communauté internationale se sont multipliés ces derniers jours mais les manifestations ont été interdites jusqu'à nouvel ordre dans la capitale pour éviter les débordements. Depuis dimanche, l'accès aux réseaux sociaux à Kinshasa est restreint.

Plusieurs pays dont les Etats-Unis et la Belgique ont appelé à quitter ou éviter de se rendre en RDC après des attaques sur plusieurs ambassades de pays occidentaux accusés d'inaction. A Pretoria, plusieurs centaines de Congolais ont manifesté hier devant la délégation de l'UE pour réclamer des sanctions contre le Rwanda. Des manifestants ont dénoncé aussi le protocole d'accord sur les matières premières signé entre l'UE et le Rwanda en février 2024.

Le réseau Europe-Afrique centrale (Eurac), qui regroupe une trentaine d'ONG européennes spécialisées dans les Grands Lacs, dont le Secours catholique et Terre solidaire, a dénoncé lui aussi ce protocole d'accord estimant que l'UE «a alimenté l'escalade des tensions régionales».
 

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