Concours du village le plus propre de la wilaya de Tizi Ouzou : Développement durable et dynamique citoyenne

03/01/2024 mis à jour: 17:53
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Tizouine, lauréat de la 10e édition du concours Rabah Aïssat - Photo : D. R.

Le Dr Hamadou Nouhou, représentant de l’OMS, a estimé que ce concours est une expérience à partager dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable (ODD 3) au niveau local.

Le concours Rabah Aïssat du village le plus propre de la wilaya de Tizi Ouzou, initié par l’APW,  a été au centre des débats de l’ atelier dédié à la mise en œuvre des «objectifs de développement durable au niveau local (ODD3), axé sur la promotion de la santé et du bien-être pour tous, à tous les âges»  organisés, à Tizi Ouzou, par le ministre de la Santé en collaboration avec le bureau de l’OMS, Organisation mondiale de la santé.

Ainsi, durant cette rencontre, qui s’est déroulée, la semaine dernière, l’APW de Tizi Ouzou a été invitée «en sa qualité de l’un des acteurs majeurs dans la mise en application de ce programme  dans la wilaya».

Le président de l’Assemblée de wilaya, Mohammed Klalèche,  a, lors de son intervention, rappelé l’implication de l’APW de Tizi Ouzou dans  des actions visant le développement durable dans divers secteurs d’activités, comme la santé, l’environnement et l’éducation tout en mettant l’accent sur le succès retentissant enregistré par le concours Rabah Aïssat du village le plus propre.

«Le concours a créé une solidarité entre les citoyens, surtout avec l’implication effective de la population dans les travaux d’intérêt commun, visant notamment la protection de l’environnement et le développement local», a-t-il souligné.

Le wali de Tizi Ouzou, Djilali Doumi, a également estimé que le choix de Tizi Ouzou pour abriter cet atelier ODD3 est décidé parce qu’il y a, a-t-il dit, de la compétence et de la perspicacité dans toutes les actions entreprises dans la wilaya.

«Le secteur de la santé doit être la locomotive de tous les autres, de par son impact sur l’amélioration des conditions de vie du citoyen», a-t-il  ajouté. Il s’agit ainsi  de sensibiliser les différentes parties prenantes sur l’approche intégrée et multisectorielle nécessaire à la mise en œuvre de l’ODD 3.

Le  représentant de l’OMS, le Dr Hamadou Nouhou, a souligné, en outre, que le concours du village le plus propre est une expérience à partager  surtout avec l’implication des universitaires pour donner un éclairage scientifique à cette compétition.

«Nous avons constaté une détermination et un engagement réels au niveau local dans la mise en œuvre de ces objectifs de développement durable. J’ai vu le défi de l’adaptation des critères de sélection des lauréats du concours.

C’est une chose formidable. La partie qui m’a beaucoup impressionné est l’implication des universitaires pour mieux documenter cette action qui reste un patrimoine de Tizi Ouzou et de l’Algérie. Nous allons  aider pour partager cette expérience», a-t-il affirmé.

Durant les travaux de cette rencontre qui a eu lieu, durant deux jours,  au niveau de la salle de conférences de l’hôtel the best Titanic, à Azazga,  le président de la commission hygiène et santé de l’APW, Hachimi Radjef, a présenté une communication où il a mis en exergue la genèse, les objectifs et l’impact suscité par le concours en question.

Il a précisé  que le but de cette compétition environnementale est de mobiliser les comités des villages et le mouvement associatif autour des actions visant à ressusciter  les valeurs ancestrales d’entraide et de solidarité citoyenne autour des travaux d’intérêt commun dans les localités de la wilaya de Tizi Ouzou.

Économie solidaire

«Le concours Rabah Aïssat a permis aux différents comités de village de s’organiser de façon à nettoyer, embellir leurs localités, tout en valorisant leurs richesses historiques et archéologiques.

La gestion participative et la solidarité sociale  sont ainsi devenues le maître mot des villageois qui veulent s’engager dans des projets d’intérêt général en faveur de l’amélioration du cadre de vie de la population», a expliqué M. Radjef, qui ajoute que cette compétition a réussi à gagner du terrain dans une démarche plurielle puisque l’engouement suscité dans la région est remarquable.

Le barème de notation des candidats en lice a incité les citoyens à respecter certaines normes d’hygiène dans leurs bourgades, a-t-il fait remarquer :  «Nous insistons, dans l’évaluation,  sur le  tri sélectif et la valorisation des déchets qui détiennent un quart de la note du barème.

Cela  a permis, d’ailleurs,  aux villageois de s’organiser et réfléchir à en tirer profit en se lançant dans l’économie solidaire et circulaire et le commerce équitable, ce qui a impacté directement et positivement les projets villageois réalisés sur leurs fonds propres (caisse villageoise).»

«Le concours a  déclenché le processus d’éradication des décharges sauvages, et ce, avec la réalisation d’une quarantaine de centres de tri, la création d’une cinquantaine de micro-entreprises dans le recyclage et les métiers dits verts», a fait savoir  le même responsable.

Ce dernier a également  évoqué l’impact du concours sur le plan architectural avec la réhabilitation des maisons traditionnelles anciennes, dont certaines sont même devenues des musées locaux.

L’intervenant  cite, entre autres, l’exemple de la commune d’Abi Youcef, daïra de Aïn El Hammam,  où la  maison de  Lalla Fatma N’Soumer, héroïne de la résistance au cours des premières années de la colonisation française, a été réhabilitée.

Il y a aussi les maisons d’Abane Ramdane et de Cherif Kheddam, dans les communes de Larbaâ Nath Irathen et d’Imsouhal. Rappelons que cette année, 75 candidats, issus de 35 communes, ont pris part à la 10e  édition du concours qui a vu aussi la participation de 49 pour le prix du village le plus propre et 26 autres pour le Super-concours (classement des lauréats).

Outre Tizouine, qui a décroché le premier prix, ce concours a aussi récompensé six autres villages : Agouni Bouragh (Aït Oumalou), Arvi (Iflissen), Ihasnaouene (Mechtras), Bouhamdoun (Maâtkas), Tirourda (Iferhounen) et Ighil Ivouslamene (Draâ El Mizan),  d’une dotation allant de 1 à 6  millions de dinars.

Pour le  super-concours qui consacre un des villages déjà primés lors des précédentes éditions, le  dernier mot est revenu au village de Sahel, dans la commune de Bouzeguène, qui s’était classé 1er  lors en  2019. 

L’APW de Tizi Ouzou octroie les récompenses aux lauréats du concours sous forme de subventions grevées d’affectation spéciale à l’indicatif des APC des villages concernés, et ce, pour la réalisation de projets d’intérêt général.

Toutefois, il est exigé des villages de consacrer plus de 40% du montant de la subvention à des projets ayant une relation directe avec la protection de l’environnement.

Structures sociales villageoises

Par ailleurs, durant la même rencontre, le docteur Mohammed Achir, maître de conférences à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou et spécialiste de l’économie sociale et solidaire, a abordé  l’organisation sociale villageoise qui représente, a-t-il soutenu,  un facteur de mobilisation et d’engagement des populations pour un développement solidaire afin de créer des  conditions de vie favorisant le bien-être. «Les valeurs sociales et solidaires ancestrales sont diffusées dans le village et au niveau de l’émigration.

Le  principe de la réciprocité continue de structurer la relation entre les associations des émigrés et les comités de village», a-t-il relevé,  tout en essayant de mettre en avant la perspective de coordination des comités des villages avec les institutions publiques.

Et pour étayer ses propos, le même universitaire a indiqué que «les structures sociales villageoises  traditionnelles représentent un facteur de mobilisation et d’engagement pour le développement solidaire et durable. «Tajmaât reste l’instance de légitimation des délibérations du village.

Les assemblées villageoises, les comités de village, l’association des émigrés, les caisses villageoises sont des instances qui sont auto-organisées et qui construisent  un écosystème socio-économique local», a-t-il récapitulé, tout en appuyant son exposé par  une étude de cas de la mobilisation de villageois pour la prise en charge des malades durant la crise sanitaire Covid-19.

Il a cité quelques exemples  comme l’acquisition d’un générateur d’oxygène pour l’EPH d’Azazga et la dotation en matériel et médicament de plusieurs infrastructures de santé dans la région.  
D’autres intervenants ont également présenté des communications ayant trait au thème de la rencontre.

Le Dr Sajia Chekroun de la direction de la santé de Tizi Ouzou  a parlé des progrès réalisés par la wilaya dans le cadre du programme ODD3, tout comme le Dr Boualem Hani et le  Dr Lynda Mekki  qui ont évoqué respectivement les expériences des wilayas de Bouira et de Tipasa.

Enfin, pour sa part,  le directeur local de la santé, Farid Salmi, a précisé que  cet atelier offre un espace pour  partager les bonnes pratiques, particulièrement les projets comme, a-t-il souligné,  celui du concours du village le plus propre  et l’organisation sociale villageoise face à la crise sanitaire de la Covid-19.  
 
 

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