Encore une fois, le président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, a sorti de sa manche une nouvelle carte. Celle de la modification du calendrier final de la CAN 2023 qu’il a décalée d’une année (2024) sans crier gare.
C’est une habitude chez lui. Il jongle avec les décisions et le calendrier des compétitions sans trop s’encombrer de considérations vis-à-vis des associations membres de la CAF. C’est sa nature. Le 3 juillet 2022, il a annoncé, en marge de sa présence au Maroc, le décalage de la CAN 2023 prévue en Côte d’Ivoire en juin et juillet de l’année indiquée à janvier 2024. Il a motivé cette décision par le fait qu’en juin et juillet, c’est la période des pluies et de la mousson en Côte d’Ivoire.
Ce paramètre a-t-il échappé aux responsables de la CAF lorsqu’ils ont annoncé que la CAN 2023 se déroulerait à cette période ? Sur le plan de la météo et des conditions climatiques, les conditions sont toujours les mêmes. Ces changements et modifications perpétuels du calendrier des compétitions se sont accentués depuis l’arrivée aux affaires du dirigeant sud-africain.
Celui-ci ne bouge pas et ne prend aucune décision importante sans l’aval de son mentor, le président de la FIFA, et la bénédiction de ses sergents qui l’accompagnent à la tête de la CAF. Les fondateurs de la CAF en 1957 ont planifié la périodicité du tournoi de la CAN depuis la première année de la création de la CAF.
En raison des conditions climatiques et météorologiques qui diffèrent d’une zone à une autre en Afrique, les fondateurs de la CAF ont décidé que le tournoi de la CAN se déroulera entre janvier et février de l’année du déroulement du tournoi. Il en a été ainsi jusqu’à ces dernières années qui coïncident avec l’arrivée au pouvoir d’une nouvelle race de dirigeants. A titre d’exemple, lorsque la Côte d’Ivoire a organisé la CAN pour la première fois en 1984, le tournoi final s’est déroulé entre le 4 et le 18 mars 1984.
Quelques mois après la période des pluies et des moussons. Lorsqu’il y a quelques années la CAF a confié l’organisation de la CAN 2023 à la Côte d’Ivoire, elle lui a indiqué les mois de juin et juillet pour accueillir le tournoi. Elle avait oublié qu’à cette période, il était vivement déconseillé d’organiser le tournoi continental. Elle est passée outre pour faire plaisir aux grandes Ligues et clubs européens qui ne veulent plus libérer leurs joueurs africains en milieu de saison.
Les dirigeants de la CAF, de plus en plus dociles vis-à-vis des Européens, ont accepté d’endosser le rôle de serpillière. Il ne faut pas oublier qu’en 2020, à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la création du Tout Puissant Mazembe, Gianni Infantino, le président de la FIFA, av ait demandé aux dirigeants de la CAF d’organiser la CAN une fois tous les 4 ans et non plus les 2 ans.
Dans la foulée de l’annonce du déroulement de la CAN en 2024, Patrice Motsepe a fait savoir que la Super Ligue africaine qui compterait 20 clubs ou un peu plus démarrera en 2024. Cette compétition, farouchement combattue par l’UEFA et la FIFA en Europe, est admise sur le continent africain.
Elle va tuer les compétitions nationales. Elle ne sera pas ouverte à tous les clubs sur la base de la performance technique, mais sur le principe du poids du passé, du palmarès et de la puissance financière.
Les Etats accepteront-ils ce projet élitiste, eux qui mettent les moyens pour faire vivre le sport le plus populaire. La suppression des compétitions inter-clubs, Coupe de la Confédération et Ligue des champions, portera un coup fatal au développement du football en Afrique. Il y a danger.