Choisir l’entrepreneuriat pour contrer la discrimination à l’emploi

07/03/2022 mis à jour: 00:00
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Le nombre de femmes diplômées est supérieur à celui des hommes, mais dans la sphère du travail, le nombre de femmes à accéder à des postes d’emploi est bien plus inférieur. Un tel paradoxe ne peut être expliqué que par des freins socioculturels donnant aux femmes, même diplômées, un rôle social bien déterminé et l’empêchant, parfois avec leur consentement, de faire émerger leurs compétences dans le monde du travail.

A la veille de la célébration de la Journée mondiale de la femme, une ébauche d’un débat tellement nécessaire sur l’inclusion des femmes dans le monde économique a été ouvert hier par le think tank CARE, avec la collaboration de l’ambassade d’Espagne en Algérie. «Les lois en Algérie sont parfaites mais ce qui fait défaut c’est l’environnement», affirme Chahrazad Saadi, vice-présidente de l’association des femmes entrepreneurs Savoir et vouloir entreprendre (SEVE).

«Ce que nous disons aux femmes qui ont du mal à trouver du travail ou à accéder à des postes de responsabilité dans les entreprises, c’est qu’il existe une alternative et c’est l’entrepreneuriat. Il s’agit d’une voie efficace pour faire valoir ses compétences», souligne Mme Saadi, qui incite les femmes désireuses de devenir elles-mêmes chefs d’entreprise de se rapprocher de l’association qui offre des formations en management et autres filières. «Il est difficile d’accéder au marché de l’emploi. Les femmes doivent apprendre à défendre leurs idées et leurs projets… L’entrepreneuriat est une clé de réussite», défend-elle.

Un exemple de femme qui a décidé de quitter le poste de direction qu’elle occupait pour réaliser son propre business a été décliné par Lamia Rouaz, fondatrice de la plateforme éducative Tafawak, destinée aux enfants autistes. Après un parcours managérial couronné de succès au sein de différentes firmes étrangères, Lamia Rouaz s’est un jour décidée à «cesser de réaliser le rêve des autres pour réaliser son propre rêve».

Maman d’une petite fille autiste, cette dame au parcours passionnant, aspire aujourd’hui à lancer sa plateforme qui a donné des résultats satisfaisants dans la région MENA et même ailleurs. «Ma fille maîtrise aujourd’hui quatre langues étrangères, l’anglais, le français, l’espagnol et le coréen…», dit-elle toute émue. Et de conseiller à ses semblables de la gent féminine de «ne jamais avoir peur de sortir de sa zone de confort».

Pour Wafa Khemmar, directrice de division chez GE Power, il ne peut pas y avoir de métier destiné aux seuls hommes. «Il faut ouvrir les perspectives d’emplois aux femmes dans différents secteurs… Il n’y a pas que la filière médicale, ou l’enseignement ou être avocat… Notre système éducatif doit permettre aux filles de choisir d’autres métiers. Moi-même j’ai travaillé sur des plateformes pétrolières sans problème, et je peux vous assurer, d’après mon expérience, en faisant le tour des universités pour dénicher des compétences, que les meilleurs ingénieurs trouvés sont des femmes…» assure-t-elle.

Le directeur de Macir Vie, Hakim Soufi affirme, pour sa part, que le contexte dans lequel nous vivons nous impose de changer de paradigmes. «Un nouveau monde est en train de se construire… Le système patriarcal inhibant n’est plus de mise, la femme n’a plus à batailler pour arracher ses droits, elles les a de fait car elle est l’égale de l’homme», soutient le patron de la compagnie d’assurance, qui note qu’au sein de son entreprise comptant 20 directions, deux directions sont sous la coupe de femmes.

«Les femmes dirigent les deux directions importantes de la compagnie et qui sont le cœur même du métier, c’est-à-dire la réassurance et le sinistre», dit-il pour soutenir l’idée que la compétence doit être le seul critère de recrutement afin de bannir toute discrimination. 

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