Chine : Pékin mène un exercice militaire près d’un récif disputé avec Manille

08/08/2024 mis à jour: 05:38
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La Chine revendique une grande partie des îles et récifs de la mer de Chine méridionale

La Chine a annoncé mener hier un exercice militaire en mer de Chine méridionale près du récif de Scarborough, un îlot contrôlé par Pékin mais revendiqué par Manille, rapporte l’AFP. Le même jour, les Philippines ont lancé dans la région deux jours d’exercices maritimes et aériens conjoints avec les Etats-Unis, le Canada et l’Australie. 

La Chine «mène une patrouille de combat conjointe dans l’espace maritime et aérien près de l’île de Huangyan», le nom en chinois du récif de Scarborough, a indiqué hier dans un communiqué le Théâtre d’opération sud de l’armée chinoise. 

L’opération vise à «tester les capacités de reconnaissance et d’alerte précoce, de manœuvre rapide et de frappe conjointe de ses troupes», a-t-il précisé. «Toutes les activités militaires, qui perturbent la situation en mer de Chine méridionale, créent des points de tension et compromettent la paix et la stabilité régionales, sont sous contrôle», a affirmé l’armée. Allusion  aux manœuvres menées actuellement par les Philippines avec leurs alliés occidentaux.

En face, les manœuvres impliquant Philippines, Etats-Unis, Australie et Canada se déroulent également en mer de Chine méridionale, à l’ouest de la grande île philippine de Palawan, a indiqué hier l’armée philippine. Les Etats-Unis ont déployé un navire de guerre et un hélicoptère, selon elle.

D’après un communiqué de la Marine américaine, cet exercice conjoint vise à «soutenir» l’émergence d’une «région indo-pacifique libre et ouverte». Une manière voilée de fustiger les revendications territoriales de la Chine. 

De son côté, le chef d’état-major philippin, Romeo Brawner, a indiqué que l’exercice «souligne l’engagement de nos nations à garantir la paix et la stabilité dans la région indo-pacifique».


Ces derniers mois, les tensions Chine-Philippines ont atteint des niveaux inégalés depuis plusieurs années.
Les confrontations verbales et physiques ont notamment été fréquentes autour de l’atoll Second Thomas. Des soldats philippins y sont stationnés sur un navire militaire qui a été volontairement échoué par Manille en 1999 pour affirmer ses prétentions de souveraineté. Malgré les tensions, Pékin et Manille ont conclu un «arrangement provisoire» pour le réapprovisionnement des troupes philippines sur cet atoll.


Zone de turbulences

La Chine revendique une grande partie des îles et récifs de la mer de Chine méridionale. D’autres pays riverains, comme le Vietnam, les Philippines, la Malaisie et Brunei, ont des prétentions en cette zone. En 2012, Pékin a repris à Manille ce récif de Scarborough. Depuis, elle y a déployé des navires qui, selon les Philippines, harcellent leurs pêcheurs qui tentent d’accéder à cette zone. Depuis l’arrivée au pouvoir en 2022 du président philippin Ferdinand Marcos, Manille affirme plus fermement ses prétentions de souveraineté, face à Pékin qui lui-même n’entend pas céder sur ses revendications.


Cette confrontation Chine-Philippines alimente les craintes d’un potentiel conflit qui pourrait entraîner l’intervention de Washington en raison de son traité de défense mutuelle avec Manille qui date de 1951.La Chine accuse régulièrement les Etats-Unis de soutenir à dessein les nations qui rivalisent avec elle sur des revendications territoriales afin de contrer sa montée en puissance. Début avril 2023, Manille a mis à disposition de Washington quatre nouvelles bases militaires, dont une base navale non loin de Taïwan. 
Le même mois, les deux partenaires en la région du Pacifique ont organisé des manœuvres militaires conjointes de deux semaines. 


En avril dernier, est tenu à Washington le premier sommet tripartite entre les dirigeants du Japon, des Philippines et des Etats-Unis afin, notamment, de faire face collectivement à la Chine dans la région de l’Asie-Pacifique. A cette occasion, le président américain, Joe Biden, a déclaré que «toute attaque contre un avion, un navire ou les forces armées philippines en mer de Chine méridionale déclencherait la mise en œuvre du traité de défense mutuelle» qui lie l’Oncle Sam et les Philippines. 

Les trois alliés ont exprimé, dans un communiqué commun, leur «vive inquiétude face au comportement dangereux et agressif de la République populaire de Chine en mer de Chine méridionale». Ils se sont dits «préoccupés par la militarisation des territoires gagnés et par les revendications maritimes illégales» dans cette région.

Lors de sa visite fin juillet aux Philippines, en compagnie du chef du Pentagone Lloyd Austin, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a annoncé une aide de 500 millions de dollars de Washington à Manille.  
 

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