La Chine a indiqué hier avoir suspendu des discussions avec les Etats-Unis sur le contrôle des armes et la non-prolifération nucléaire, précisant que cette décision venait en représailles à des ventes d’armes par Washington à Taïwan, selon l’AFP.
Pékin considère Taïwan comme une province, bien qu’il ne contrôle pas ce territoire insulaire administré par un gouvernement élu de façon démocratique.
L’Empire du Milieu dénonce régulièrement les ventes d'armes américaines à l’île et toute action de Washington donnant à Taïwan un semblant de légitimité internationale. En juin, les Etats-Unis ont approuvé deux ventes de matériel militaire à Taïwan d’une valeur totale d’environ 300 millions de dollars (274 millions d’euros).
«Les Etats-Unis ont ignoré la ferme opposition de la Chine (...) et pris une série de mesures qui portent gravement atteinte aux intérêts fondamentaux» du pays asiatique, a souligné devant la presse un porte-parole de la diplomatie chinoise, Lin Jian.
«C’est pourquoi la Chine a décidé de suspendre les négociations avec les Etats-Unis en vue d’un nouveau cycle de consultations sur le contrôle des armes et la non-prolifération» nucléaire, a précisé le porte-parole, qui était interrogé sur des discussions à ce sujet entre Pékin et Washington.
Des pourparlers, qui n’ont alors pas été rendus publics, se sont tenus en novembre dernier entre les deux premières puissances mondiales.
Dans un rapport demandé par le Congrès américain, le Pentagone estimait en octobre dernier que la Chine développait son arsenal nucléaire plus rapidement que ne l’ont envisagé les Etats-Unis.
Selon les estimations de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les Etats-Unis disposent d’environ 3700 armes nucléaires et la Russie de 4500, contre 410 pour la Chine.
«La Chine est disposée à maintenir la communication avec les Etats-Unis sur les questions de contrôle international des armements sur la base du respect mutuel», a affirmé le porte-parole Lin Jian. «Mais les Etats-Unis doivent respecter les intérêts fondamentaux de la Chine et créer les conditions nécessaires au dialogue», a-t-il souligné.
Le statut de Taïwan constitue l’un des dossiers sensibles qui alimentent la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis. Pékin estime que Taïwan est l’une de ses provinces, qu’il n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.
Pierre d’achoppement
Elle dit privilégier une réunification «pacifique», mais elle n’a jamais renoncé à employer la force militaire. De son côté, Washington estime que c’est à Pékin et à Taipei de trouver une solution, mais s’oppose à tout usage de la force pour changer le statu quo. Officiellement, Washington ne reconnaît pas Taïwan. Néanmoins, Taïwan jouit de tous les avantages de ses relations avec les Etats-Unis.
Ces derniers n’ont pas d’ambassade à Taipei, mais un «Institut américain» en fait office. Aux Etats-Unis, le «Bureau de représentation économique et culturel de Taipei» est également une ambassade qui ne dit pas son nom. Et si les Etats-Unis reconnaissent la République populaire de Chine comme le seul gouvernement chinois légitime, ils sont également le principal fournisseur d’armes de l’île.
Un conflit dans le détroit de Taïwan provoquera une catastrophe pour l’économie mondiale : l’île fournit 70% des semi-conducteurs de la planète et plus de 50% des conteneurs transportés dans le monde transitent par le détroit. Large de 130 kilomètres à son point le plus étroit, le détroit, qui sépare l’île de la Chine continentale, est un point de tension géopolitique depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949, et a déjà connu plusieurs crises militaires.
Lors de discussions militaires organisées en janvier dernier au ministère américain de la Défense à Washington, de hauts responsables militaires chinois ont affirmé à leurs homologues américains que la Chine ne fera «jamais le moindre compromis» sur Taïwan et exhorté les Etats-Unis à «cesser d’armer» l’île.
«Sur la question de Taïwan, la Chine ne fera jamais le moindre compromis ou concession», a affirmé la délégation militaire chinoise lors de ces entretiens bilatéraux, selon un communiqué du ministère chinois de la Défense rendu public. Elle exige des Etats-Unis qu’«ils respectent le principe d’une seule Chine, qu’ils respectent leur promesse de façon concrète en cessant d’armer Taïwan et en s’opposant à toute indépendance de Taïwan», a-t-il indiqué.