Gare de l’Est dans les cabines de la Night jet. Les instructions pour le port du masque ne semblent pas faire la priorité des passagers, l’urgence pour la plupart d’entre eux est de trouver un siège après tous les chamboulements dûs au annulations des programmes.
Le tableau annonce le départ vers Vienne à 18h 45 ; nous nous dirigeons vers le service information de la SNCF pour de plus amples informations ; le préposé au guichet nous rappelle que le voyage a été reporté à 19h 45 pour des raisons techniques. Nous prenons notre mal en patience tout en appréciant le passage d’une vieille dame drapée dans sa belle robe kabyle qui semble être très à l’aise et fière de sa toilette aux couleurs vives et chatoyantes. Notre train initial qui devait nous transporter doit reprendre le départ de Strasbourg. Après quelques heures d’attente debout, puisque tous les bancs étaient occupés, nous empruntons le quai numéro 15 pour finalement monter à bord du wagon siège.
Le coucher de soleil coïncide avec le sifflet du départ permettant au train d’entamer son voyage vers Strasbourg et Vienne. D’éloquents panoramas s’offrent à nous dans un mouvement de travelling des plus éblouissants. La ligne de chemin de fer dont la construction remonte à 1842 au temps de Napoléon 3 est fréquentée depuis à peine une année par des trains de nuit desservant Strasbourg via Nancy...On est face à un paysage pittoresque où les reflets ombragés du crépuscule veillent tendrement sur les champs de vigne qui se déclinent en tapis verdoyants à perte de vue.
Du bassin de la Seine, on redécouvre un autre haut lieu insulaire, le fleuve du Rhin, il est minuit quarante-cinq et nous voilà dans la ville européenne de Strasbourg qui a intégré depuis le 15 décembre 2022 la ligne Strasbourg-Vienne, une ligne au cœur de la dynamique écologique que prône la municipalité, cette dernière opte pour une nouvelle approche de la mobilité.
On descend du wagon pour prendre de l’air et dégourdir les jambes. On tente un changement du billet pour plus de confort dans une voiture lit ; les agents de la compagnie autrichienne OBB font tout pour nous trouver une solution, hélas, les voyageurs sont déjà dans les bras de Morphée. Point de couchette pour nous.
On prend notre mal en patience et on s’invente un petit chez soi dans la petite cabine à sièges, des draps personnalisés, des oreillers aux couleurs vives, le tout lové dans les captivantes notes de jazz.
Les premières lumières du matin dévoilent les plaines de Salzbourg et les autres villes Linz et Saint Polten, la belle aube crépusculaire nous invite à immortaliser l’instant magique qui bientôt se transformera en un grand jour.
Les 1400 km de trajet nous ont réconciliés avec le vrai sens des voyages, celui qui se conjugue à l’heure de l’écologie et de la convivialité. Il est 10h06, on est bien arrivé à la ville de Vienne, premier signe ostentatoire que nous découvrons à l’extérieur de la gare ferroviaire est bel et bien la buvette de kebab faisant face aux bus prêts à démarrer vers la Tchéquie, la Slovaquie ou encore la Hongrie.
Le départ vers Brno
On s’approvisionne en eau et en kebab, et on monte dans l’un des bus de Régiojet, la célèbre compagnie fondé à Brno en 2009, celle qui fait la fierté de la communauté estudiantine dans toute la Tchéquie et ailleurs.
Le véhicule passe un peu plus d’une heure de route pour finir à la station terminus de Brno, une gare qui requiert une véritable opération de toilettage, un cadre de vie ressemblant un petit peu à nos districts suburbains.
Néanmoins, le Eureka architectural et la beauté spectaculaire ont opéré leur charme juste à quelques encablures de la station. Nous empruntons un bus vers la station Ufoz où on a longé l’université des sciences à droite et le parc Spilberk à gauche. Saluons au passage les chauffeurs de ces bus et tramways qui illustrent à travers leur maîtrise la réussite de tout un réseau de transport urbain Modène et écolo. Nous nous installons dans un appartement très cosy et confortable, fleuron de l’architecture moderne avec des vitraux miroitant la beauté des extérieurs.
La forteresse spilberk
Dans cette belle capitale de la Moravie du sud, Brno qui veut dire Colline ou le lieu fortifié tout comme la forteresse de Spilberk. Un des bastions les plus imprenables qui veille sur la ville, l’accès nous est plus facile à travers des allées longeant un parc minutieusement conçu pour servir dame nature, la culture et la technologie. Un haut lieu de la culture où l’on peut apprécier la belle église orthodoxe, flirter la boule dans les terrains aménagés pour la pétanque et l’imposant belvédère qu’offre la forteresse, cadre idéal pour la tenue de concert de musique classique.
Le bâtiment qui a été construit au XIIIe siècle par le souverain Premyslotaker premier fut transféré en prison militaire, célèbre pour ces cachots lieu de détention des protagoniste italiens Pietro Maroncelli et Silvio Pellico. Nous quittons le parc à pieds, nous bifurquons vers le bunker, l’un des anciens abris de la Seconde Guerre mondiale. Une ancienne voiture est suspendue sur le haut de la plateforme du site.
Nous continuons notre circuit pour visiter le centre-ville et l’énigmatique horloge astronomique située en plein centre de Brno où l’on s’est émerveillé devant les grandes églises saint Paul et Saint Pierre sans oublier l’Old Hall Town avec son crocodile géant collé au plafond, Le crocodile qui est aussi le symbole de la ville. Pas loin de la vielle ville et ses petites ruelles escarpées, nous voilà installés sur des chaises longues dégustant des glaces servies par des sympathiques crémiers bien installés dans leur petite camionnette Tutti Frutti.
La ville nous surprend aussi pas de gigantesques sculptures comme celle du chevalier conçu par l’artiste Jaroslaw Rona mitoyenne avec la galerie d’art Moravia. Après avoir sillonner la ville toute la matinée, on a consacré plus d’une heure pour voir de plus près la villa Thugendhat, un autre chef d’œuvre classé patrimoine mondiale de l’humanité. Un édifice de style moderne épousant les codes de la fonctionnalité, la villa a été conçue par l’architecte allemand Ludwig miese van der Rohe.
Un restaurant Musée skanzeen
Il est midi, c’est l’heure du déjeuner, nous sommes en quête d’un restaurant typique de la Moravie du Sud, notre tentative de consulter les passants s’est avérée vaine. On a esquivé des refus vu le handicap de la langue sauf que le brave Pavel était là, défendant l’hospitalité légendaire des Moraviens.
Il nous propose «le skanzeen restaurant», l’un des hauts lieux de la cuisine traditionnelle, un chalet en bois niché au pied d’un quartier commerçant et industriel, pas loin de la grande intersection des stations de tramway.
Au menu, la garlic soupe suivie de «dozlatovapecenikachnistenho» ou le canard doré au four. Après une sympathique discussion où l’intuition et la gentillesse évacuent toute fioriture et prétention, le premier quiproquo se manifeste à propos du paiement exclusif en couronne exigé par la maison.
La gêne et la «hchouma» nous gagnent faute de devise tchèque, nos euros n’ont aucun poids face au nationalisme sauf que la fierté toute bernoise sera bientôt satisfaite par le magnifique Pavel qui au moment où on s’est apprêté à faire le change dans les bureaux avoisinant, s’est acquitté de la facture en nous laissant payer juste le prix des boissons, refusant ainsi tout remboursement, générosité tout bernoise quand tu nous tient !
Sur la chemin de la rue Hilinky, nous découvrons une des petites curiosités de la boulangerie locale, leur besbousa en forme de la mascotte de la ville, le crocodile, un gâteau avec une texture compacte et relevée, avec un goût moins sucré. Un véritable régale. Berno est certes une ville moins touristique mais très melting-pots notamment avec sa dimension de ville universitaire.
L’accueil des étudiants des universités des quatre coins du globe est très attractif, beaucoup de jeunes Algériens ont tenté la destination tchèque, des groupes sur les réseaux sociaux plaident pour les études à Brno où l’université développe une gestion très efficace notamment à travers l’exploitation des sites d’hébergement pour l’offre touristique, idem pour le train dont toute une compagnie excelle dans les prestations.
Sur les traces de Milan Kundera
Enfin, l’hommage rendu à Milan Kundera à Alger en mois de juin dernier a suscité notre curiosité pour aller sur les traces de l’auteur de «la plaisanterie» et ce n’est pas une blague puisqu’on a pu acheter «joke» dans une grande librairie rustique au centre de Brno.
Cependant, et à notre grande surprise, l’agent de l’Office du tourisme situé à Main Street station n’a pas réussi à nous dire grand-chose sur la maison de ce grand romancier tchèque qu’après plus d’une demi-heure de recherche. On s’est mis à la prospection des lieux en quête de cette adresse pour immortaliser le gîte de ce monument de la littérature universelle.
On prend le bus numéro 25 de la station Hilinky puis le très clean tramway le 12 vers Purkynova lieu de résidence de celui qui a recouvert sa nationalité thèque en 2019 après avoir été déchu dans les années 70 au temps de la République socialiste de la Tchécoslovaquie. La maison, un pavillon situé dans la localité de purkynova dans la périphérie de Brno.
A rappeler que la ville compte baptisé la maison numéro 1693 du nom du prestigieux écrivain, qui, rappelons-le, a fait don de tout son fonds de livre et de documentation à la bibliothèque de la ville de Brno, une ville que nous quittons le temps d’une brève visite de la capitale Prague et son célèbre pont Saint Charles, le château de Prague, l’Hôtel de ville un monument au style gothique et la belle place de Wenceslas.
Un virée ô combien dépaysanet rendue possible grâce à Abdelhak Mourad Djabali, un Algérien résident en Tchéquie, véritable globe-trotter prônant l’amitié algero-tchèque et la promotion de la culture algérienne. Y A M