Patrice Motsepe, le président de la Confédération africaine de football (CAF) sera dans nos murs aujourd’hui. C’est la première visite qu’il effectue en Algérie depuis son élection à la tête de la CAF (12 mars 2021). Sur sa visite en Algérie, beaucoup d’observateurs ont laissé entendre qu’elle s’inscrit dans le cadre de l’inspection de l’avancement des préparatifs du CHAN que notre pays organisera en janvier prochain
Ce n’est pas la réelle motivation de son voyage chez nous. Sa démarche est autrement plus vaste. Elle s’inscrit dans le cadre d’une longue tournée sur le continent (déjà entamée) pour discuter avec les dirigeants locaux qu’il n’a pas eu le temps de le faire depuis son arrivée aux commandes du football africain en mars 2021 pour les faire adhérer à ses «projets», comme par exemple le lancement de la Superligue africaine prévue en août 2023. Il peut être rassuré. Les dirigeants des Fédérations africaines valident tous ses projets. En premier lieu, la nouvelle compétition qu’il a concoctée avec son mentor, Gianni Infantino, le président de la FIFA. Sa tournée en Afrique et en Algérie a un seul objectif :
obtenir le soutien massif des Fédérations africaines avant le prochain congrès, prévu dans quelques mois, pour éviter toute mauvaise surprise. La CHAN, il l’a fourgué à ses sergents qui, il n’y a pas longtemps étaient en Algérie. Le milliardaire sud-africain (60 ans) est un businessman versé dans les affaires. L’enfant de Soweto a créé la Superligue africaine, a priori sans se préoccuper des répercussions (négatives) qu’elle aura sur le football africain.
L’Europe, continent très riche avec des clubs très puissants financièrement, a rejeté le même projet soutenu par les plus grands clubs du Vieux Continent. Patrice Motsepe a-t-il bien étudié la faisabilité d’un projet utopique qu’il veut lancer sur un continent où survivre (pour les clubs) est un exploit ? C’est quoi son projet ? C’est réunir une vingtaine de clubs, triés sur le volet sur la base de leur passé, leur palmarès et leur prétendue puissance financière. C’est une compétition fermée où les participants sont invités juste sur leur aura. Il a ignoré un principe cardinal. Celui du mérite sportif. La Superligue est taxée de concept de milliardaires.
La concurrence, le mérite, le résultat sur le terrain tout au long de l’année n’ont aucune valeur aux yeux du président de la CAF. Il ignore le mérite sportif, l’accession, la qualification, la relégation, la solidarité. Prenons le cas algérien par exemple, si d’aventure le MC Oran est champion d’Algérie, il n’ouvre pas droit à une participation à la Superligue africaine. Si un de nos trois représentants est relégué en fin de saison, il n’aura aucune crainte pour figurer sur le tableau de la prochaine édition. C’est équitable ? Pour faire passer son projet, Patrice Motsepe a déclaré : «La compétition est dotée de 100 millions de dollars (96 millions d’euros). Une partie importante de cette somme sera réinvestie dans le football africain. La CAF donne 1 million de dollars à chaque Fédération (54)». Que restera-t-il ? Des miettes. Il a promis une récompense de 10 millions de dollars au vainqueur. Il est généreux.
En Europe, des supporters, surtout anglais, se sont opposés à la création de la Superligue que le président de la FIFA a soutenue en coulisses avant de se rétracter devant le tollé général que ce projet a suscité. Il a encouragé Patrice Motsepe à le tenter en Afrique, qui est le cobaye des expériences en laboratoire de la FIFA. Ce projet représente un danger pour l’avenir du football africain. Les Etats financent le développement du football local et la CAF arrive avec ses grands sabots et ses projets fumeux pour détourner la vocation des clubs et des Fédérations.
La Superligue africaine est une compétition fermée (hermétiquement) et où le mérite sportif est exclu. C’est la marchandise que vient vendre le président de la CAF dans sa tournée africaine.